Listes électorales: le casse-tête des inscriptions

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Listes électorales: le casse-tête des inscriptions
(La Nouvelle Expression 05/01/2011)


Les Camerounais, depuis des décennies, traînent les pas à s’inscrire sur les listes électorales. En dépit de nombreuses campagnes y relatives. La qualité de la relation entre gouvernants et gouvernés est mise en cause.

Alors que l’élection présidentielle prévue en 2011 n’est plus qu’une question de mois. Le parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique d peuple camerounais, (Rdpc) comme par le passé mène une opération de charme auprès de ses militants afin qu’ils s’inscrivent sur les listes électorales. Des pontes du régime ont, très souvent, à ces occasions financé l’établissement des cartes nationales d’identité à coup de millions afin que les bénéficiaires puissent par reconnaissance pour l’obtention de ladite carte s’inscrire aux listes électorales, voire voter Rdpc.

Toutefois, l’on note que l’inscription sur les listes électorale comme l’ensemble des scrutins ne mobilise pas un pourcentage élevé des Camerounais comme ce fut le aux Etats-Unis d’Amérique lors de la dernière présidentielle remportée par Barack Obama, la dernière présidentielle en France gagné par Nicolas Sarkozy ou plus proche de nous la forte participation des Ivoiriens lors de la dernière présidentielle, objet d’un blocage politique.

Au Cameroun Paul Biya semble croire qu’une mobilisation des Camerounais en vue de la prochaine présidentielle est possible. Du moins il la souhaite dans son discours de fin d’année à la nation. « La nouvelle année sera aussi celle des élections et particulièrement de l’élection présidentielle, moment crucial de notre vie démocratique. Pour donner à celle-ci toute sa signification, il est important que la participation électorale soit aussi élevée que possible. » C’est la raison pour laquelle, le Chef de l’Etat a cru bon de prescrire l’inscription aux listes électorales : « C’est pourquoi je vous invite instamment à vous inscrire sur les listes électorales. Le droit de vote, ne l’oubliez pas, est l’un des droits fondamentaux du citoyen que celui-ci, a le devoir d’exercer. »

Une forte participation à la prochaine présidentielle au Cameroun est-elle possible ? Maints observateurs répondent par la négative. La plupart évoque une mauvaise relation entre gouvernants et gouvernés. Ces derniers seraient lassés, ne se reconnaissant plus et ne se retrouvant plus dans la mise en pratique des mots d’ordre annoncés par le président Paul Biya dès son accession en 1984 à la magistrature suprême : rigueur et moralisation. Selon les mêmes sources le commun des Camerounais est préoccupé en 2011 par des problèmes primaires existentiels : Comment se loger, se nourrir, se soigner ? Last but not the least, des observateurs notent que les gages d’une transparence électorale seraient de nature à inciter une catégorie de personnes à s’inscrire sur les listes électorales. Mais la désinformation, la croyance à la toute puissance de la machine administrative en termes de fraude électorale, le zèle des administrateurs à garantir un score élevé au président Biya découragent au quotidien. L’universitaire et militant du parti au pouvoir n’a pas manqué d’analyser cette situation dans son ouvrage, Le Pari de la démocratie publié chez l’Harmattan : « A l’évidence, la politique au Cameroun est en crise. Crise de confiance rampante qui ne cesse de gagner du terrain. Sentiment de déconvenue et de désillusion. Scepticisme envers les élections, qui de plus en plus dans les grandes villes sont marquées par une forte abstention, symptômes d’une nouvelle crise de participation politique »

Lors de la dernière élection présidentielle du 11 octobre 2004, la comptabilité du ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation avaient surpris négativement ceux qui avaient battu campagne pour des inscriptions massives aux listes électorales. En fait les données en présence ont fait état de 4 657 748, comme nombre de Camerounais régulièrement inscrits. Les abstentions ont suivi ce 11 octobre, jour de la dernière présidentielle au Cameroun. Les autres des voix était revenue aux différents candidats en lice avec une majorité pour le président-candidat Paul Biya. Du point de vue de la constitution, Paul Biya a été le vainqueur.

A l’évidence la mauvaise relation entre gouvernants et gouvernés provoque ce que le philosophe de renom Fabien Eboussi Boulaga appelle « malthusianisme électoral ».

Selon ce chercheur dans La Démocratie en transit, P 275 « il n y a pas eu l’avènement toujours attendu de la nouvelle race d’électeurs, jeunes, instruits et politiquement informés, dans la tranche d’âge située entre 20 et 30 ans. Ce trou est vertigineux, le prix d’une « paupérisation anthropologique » partout visible et aux indicateurs sociaux bien connus. » Des observateurs redoutent à la longue un problème de légitimité.

François Xavier EYA



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06/01/2011
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