Lions Indomptables :Milla ne reviendra pas...

Vendredi, 18 Juin 2010 09:11 Le Jour

Pourtant, on délaisse le foot, préférant s’endormir sur les lauriers du passé ! Un passé qui confirme le mauvais flair des responsables du football au Cameroun. Milla Roger a 39 ans quand il est mis en touche en 1990. Les autorités sportives le trouvent trop vieux pour le Mundial. Dans le contexte d’un pays où beaucoup passent leur temps à jongler avec les actes de naissance et tricher sur leur âge pour se rajeunir, cela prêtait à sourire. Pourtant, l’opinion va acquiescer : oui, Roger’s est rouillé ! Mais d’autres Camerounais croient en Milla. Ils savent qu’il y a encore beaucoup à en tirer. Milla lui-même le clame : il a encore quelque chose à prouver, malgré son âge. Un vieux lion a toujours quelque chose à donner, ne fut-ce qu’un bon coup de griffes. Mais il revenait à Paul Biya et à lui seul, de trancher.

Dans mon village, on dit que la grenouille ne perd pas un procès présidé par le le crapaud… Entre vieux lions, c’est forcément léonin, et ce qui devait arriver arriva. Milla Roger alla rejoindre le reste de l’équipe nationale en Italie. Paul Biya avait tranché ! La suite, vous la connaissez : Milla sortit ses griffes, apposa sa griffe. Il marqua Le But, il se démarqua, il marqua les esprits. Tel David et Goliath, l’orgueilleux Maradona et l’invincible Argentine furent terrassés par de petits Lions indomptables. Le football inscrivit cela dans ses chroniques. Comme un seul homme, le Cameroun fit bloc derrière ses Lions. Pour la toute 1ère fois de l’Histoire football, un pays noir africain parvenait à ce stade en coupe du monde, et Milla y était pour beaucoup. Sacré Roger’s ! La pierre que tout le monde avait rejetée était devenue la pierre angulaire ! Grace aux Lions, le Cameroun devint une nation de football planétairement reconnue, et Roger Milla, une figure emblématique. Les équipes africaines passèrent de 02 à 04, puis 06. L’Histoire était en train de se réécrire.

Quelle gifle pour les détracteurs ! Quel retour de manivelle ! On dut se rendre à l’évidence : le joker de la jeunesse n’est pas un critère d’excellence. Paul Biya fera d’ailleurs de cet exploit des Lions, son cheval de bataille  pour conforter son pouvoir et couronner sa gloire lors de la présidentielle de 1992. La politique s’est emparée du foot : l’homme-lion est né. Plus tard, Chantal Biya, adoptera elle aussi le style « La Lionne », coiffure lancée par la torride Tina Turner. Fauve et flamboyante, la crinière rappelle vraiment une lionne, prête à bondir, à griffer, à protéger, à se battre pour gagner des paris, remporter des victoires. Mais le label-muse, lui,  se meurt. En effet, depuis 1990, rien ne va plus. Rien de sensible n’a plus jamais été fait au bout de 05 coupes du monde. Rien n’a été fait au pays, pour assurer la relève des Milla, Massing, Joseph Antoine Bell, Omam Biyick etc. Pas de stades. Pas de championnat digne de ce nom. Les Lions de 1990 évoluaient surtout au Cameroun, quand Canon, Tonnerre, Union etc., voulaient encore dire quelque chose, et il ne subissait aucune pression de professionnels évoluant à l’étranger. Les mots : valeurs, patrie, nation, rimaient avec passion, culot, volonté, conquête, défi, foi, fantaisie. L’argent ne faisait pas la loi. Il y avait l’innocence. Là, les Lions ne se connaissent plus, ne surprennent plus. On applique le système « D », sans plan « B ». Donnons au foot la politique de ses moyens, à ceux qui le font,  les moyens  de leur politique, et, surtout, séparons la politique du foot, par tous les moyens ! Car Milla Roger ne reviendra pas...



29/06/2010
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