Linus Toussaint Mendjana : Le Dg et la patate chaude

 

 

 

En excluant cinq élèves de cette école pour tricherie, le patron de l’Enam gère sa première crise depuis son arrivée en 2012.

 si l’école nationale d’administration et de magistrature (Enam) a le mérite d’être restée le principal moule de fabrication de l’élite dirigeante au Cameroun, les valeurs d’éthique, de rigueur, de gestion saine de la fortune publique, de probité et d’intégrité morale, qui en constituaient la fondation, elles, ne cessent d’être mises à rude épreuve, et, malheureusement, par ceux-là même qui en ont été les premiers produits. Le clientélisme et le népotisme ont faussé les règles d’accès à cette école de souveraineté qui a pour mission d’assurer la formation des personnels des services civils et financiers de l’État, ainsi que celle des magistrats de l’ordre judiciaire. Le scandale de tricherie qui secoue l’Enam depuis quelques jours illustre à suffisance cet état des choses, autant qu’il oblige les autorités de la République à réinstaurer ce qui a depuis longtemps disparu du logiciel.

 

En effet, cinq élèves de première année des sections «administration parlementaire » et «Impôts» de cette prestigieuse école, dont le fils du milliardaire peulh Mohamadou Abbo Ousmanou, ont été surpris en possession de «cartouches» et d’un téléphone portable androïde, les 12 et 14 juillet dernier, lors de l’examen de passage en deuxième année. Une situation (de plus) qui a particulièrement incommodé le directeur général de cette institution, Linus Toussaint Mendjana. Dont un collaborateur explique sous cape qu’ayant soupçonnée depuis quelque temps qu’il y avait du flou dans le déroulement des examens, « l’administration de l’Enam a décidé de mettre discrètement sur pied un système de surveillance des surveillants, qui a fonctionné. C’est à l’issue des résultats enregistrés que nous avons pu nous rendre compte que nos soupçons étaient fondés ».

 

En plus de l’exclusion de ces fraudeurs, l’administration de l’école a limogé plusieurs responsables du bureau de la discipline, y compris son chef. Ces derniers auraient mis sur pied un système qui consiste pour les élèves à collecter des sommes d’argent importantes qu’ils remettent aux surveillants à l’approche des examens. Dès lors, ils peuvent tricher en toute impunité.

 

La description des mauvaises pratiques à l’Enam ne date pas d’aujourd’hui en tout cas. Et aucun de ses dirigeants n’a jamais cru bon d’anticiper sur ces fraudes, en faisant prévaloir la transparence. Cette école devrait pourtant être un parangon d’équité aussi bien à l’entrée qu’à la sortie. Au lieu de quoi, elle se plaît à alimenter la chronique. On en vient même à des moments à se demander pourquoi l’Enam n’introduit-elle pas l’opacité dans ses modules d’enseignement, afin que tout le monde comprenne.

 

Qu’on se le dise, quand on ne communique pas, on laisse courir la rumeur. Avec sa cohorte de fantasmes, et son lot de conséquences sur l’image de l’institution. Si certains sous-préfets, préfets, gouverneurs, inspecteurs des régies financières, officiers des douanes, etc., sont aujourd’hui des modèles de la mal gouvernance, c’est bien sur l’institution Enam que l’opprobre est jeté. Cela porte un grand coup à son prestige.

 

Moto-taximan Natif de Mbandjock  dans le département de la Haute-sanaga, Linus Toussaint Mendjana, homme de poigne, a exercé successivement par le passé comme sous-préfet de soa, de Yaoundé IIIe et de Koutaba. Quelques mois après sa nomination au poste de Dg de l’Enam, en avril 2012, il avait juré de mettre fin au phénomène de fraude dans cette école. «Il n’y a aucune baguette magique pour garantir la transparence et le mérite aux concours d’entrée à l’Enam. Je vous rassure que la seule garantie est mon engagement personnel et celui de toute la direction de l’Enam qui ne ménage aucun effort pour respecter les principes de la haute hiérarchie», promettait-il dans une interview accordée à mutations, en juin 2012. «En ce qui concerne les prévaricateurs, les vendeurs d’illusions et les groupes de pression, avait-il poursuivi, je voudrais vous rassurer que le directeur de l’Enam ne connait pas le mot pression dans son vocabulaire. Et je suis heureux de vous dire que je n’en ai pas encore subi ». 

 

 

Camer.be



01/08/2016
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