Libertés publiques, droits de l'homme, partis politiques : Ce que Paul Biya n’a pas dit


Cameroun - Libertés publiques, droits de l'homme, partis politiques : Ce que PaulB iya n’a pas ditLe président de la République, Paul Biya, n'a pas fait de fausse modestie face à la presse mercredi à Paris à l'issue de sa rencontre avec François Hollande. « C'est le  peuple camerounais qui m'a élu au milieu de 20 ou 30 autres candidats », a-t-il dit. 78% de suffrage exprimés en sa faveur. Lorsqu'un journaliste estime qu'à 80 ans, dont 30 passés au pouvoir il commence à manifester des signes de fatigue, Paul Biya redresse son buste et rigole : « Ai-je l'air si fatigué ? »

Joseph Som I, militant du Cpp, a une toute autre lecture de la forme qu'affiche le président Biya. « Je me réjouis, dit-il, que pour un pays dont l'espérance de vie se situe à 54 ans, son président, qui en a sensiblement 80, soit en aussi bonne forme après 30 ans ininterrompus d'exercice du pouvoir.

Soit, c'est une légende selon laquelle le pouvoir use, soit Biya a une forme particulière de gestion du pouvoir qui frise la sinécure et explique sa forme physique rayonnante. A moins qu'il la doive à ses réguliers séjours privés en Europe, où il passe au moins le tiers de son temps. D'autres attribueront cette bonne santé aux vertus de la forêt de Mvomeka'a, où il a ses habitudes, une fois obligé de séjourner au Cameroun... »

Le chef de l'Etat affirme qu'il n'y a pas de problèmes de droits de l'homme au Cameroun. Qu'il n'y a pas de torture, qu'il n'y a pas de prisonniers politiques, qu'une trentaine de médias fonctionnent en toute liberté, tout comme près de 200 partis politiques. Ironie du sort, le président Biya s'exprimait au moment même où, Kah Walla, la présidente du Cpp, se faisait chasser (Par le sous-préfet de Yaoundé IV accompagné de forces de l'ordre) du quartier Mimboman où elle avait décidé d'aller s'enquérir de la situation des habitants de ce quartier, mis sous les feux de la rampe après de nombreux crimes rituels qui y ont été commis.

La veille, un débat sur le thème « Un printemps de liberté est-il possible dans les Tropiques d'Afrique centrale ? Une lecture politique, géopolitique et stratégique », a été interdit. Les autorités administratives arguaient que le thème était de nature à troubler l'ordre public. On ne reviendra pas sur l'interdiction quasi systématique des manifestations publiques que tentent d'organiser les partis politiques de l'opposition.

Sur la question des droits humains, le rapport 2012 d'Amnesty international rendu public le 24 janvier dernier cible notamment les conditions de détention des prisonniers dans les prisons de Kondengui à Yaoundé et de New-Belle à Douala. « Des délégués d'Amnesty International se sont rendus dans la prison de Nkondengui à Yaoundé et dans celle de New Bell à Douala. (...)

Au moment de leur dernière visite, en décembre 2012, ces deux prisons comptaient 7 000 détenus au total, pour une capacité de 1 500. (…) De nombreux prisonniers sont entravés et beaucoup sont détenus depuis plus de vingt mois sans avoir été jugés », constate Amnesty international. Comment ne pas évoquer les cas de brutalité infligés aux individus par des policiers, gendarmes et autres militaires de la Garde présidentielle et relayés dans les médias ?

Absentéisme

Au sujet de l'intégration sous régionale, le président de la République affirme : « L'intégration ne peut être que collective. Nous nous réunissons. » Il liste un certain nombre de projets sous-régionaux portant notamment sur la libre circulation des personnes et des biens. Or, il est de notoriété publique que le président Biya est généralement absent lors des grands messes sous régionales. Alors que les chefs d'Etat de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale (Ceeac) se réunissaient à Libreville, le 10 janvier dernier pour tenter de trouver un accord de sortie de crise en Rca, le président Biya, lui, se rendait à Genève pour un « bref séjour privé ». On compte sur les doigts d'une main, les sommets de l'Union africaine auxquels il a personnellement pris part.

© Le Jour : Jean-Bruno Tagne


01/02/2013
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