Liberté d'opinion: Voici comment le régime fabrique ses héros

YAOUNDE - 30 AOUT 2012
© Edmond Elanga | Libération Plus

Une conférence de presse assortie de toutes les prérogatives administratives et juridiques vient de se voir frappée d'interdiction par le régime du président Biya, sous lè fallacieux prétexte de trouble à l'ordre public, orchestrant une vaste publicité sur ce qui ne devait point l'être.

L’histoire remonte au lendemain de la libéralisation des opinions, suite à l'instauration du simulacre, de démocratie au Cameroun. Nombre de leaders d'opinion qui s'étaient déclarés en faveur du multipartisme et avaient, de ce fait, cru devoir créer des chapelles politiques s'étaient vus soit interdits d'activités, soit incarcérés dans nos prisons. Ce qui du reste revenait au même résultat, à savoir des Manœuvres liberticides couvrant tout un sortilège de subterfuges destinés à voiler les yeux de l'opinion. L'union Nationale pour la Démocratie et le Progrès (Undp), le Social Démocratique Front (Sdf) et l'Union des Populations du Cameroun (Upc) étaient passés par ces travers, avant de se voir soutenus par le régime par le biais des tractations de coulisses.

L'actuel Mincom en sait long, lui qui entretenait des rencontres comme à l'époque du maquis, non sans stigmatiser le même régime qu'il idolâtre à la présente heure. Si le Sdf à su se tenir jusqu'à ce jour en marge du pouvoir en place, il n'en demeure pas moins qu'à travers de subtiles manœuvres de dessous de table mal voilées, ce parti a toujours offert aux yeux de l'opinion l'aberrante attitude d'un sous-marin très peu soucieux de porter un coup fatal à son adversaire politique, le Rdpc. Quant aux dividendes, seuls les acteurs de cette hypocrisie pourraient les mettre en surface.

Toujours est-il que l'immense majorité des partis politiques camerounais de l'opposition sont nés tambour battant, avec en prime de pseudos-interdictions dont le but voilé était de doter ces dernier d'une auréole de partis soit fortement populaires, soit dangereux pour la stabilité du régime de Yaoundé. Sans être un précédent dans ce sillage, le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun, dérivé du parti de la Renaissance du Cameroun vient de bénéficier de cette onction à travers la brutalité folklorique orchestrée par le sous-préfet de Yaoundé Sème et le Minadt, René Sadi. La rengaine identique aux précédentes a ainsi du mal à persuader l'opinion de l'opportunité d'une telle manouvre, du reste dénuée de tout fondement juridico-administratif. L'évocation de trouble à l'ordre public d'une conférence de presse qui n'aurait même pas commencé s'avère ainsi aussi superficielle que peut l'être tout prétexte cousu de fil blanc. Pourtant, le tapage médiatique qui a succédé à cette prestidigitation est allé au-delà de nos frontières, démontrant à souhait comment la liberté d'opinion subit de terribles entraves au Cameroun.


Les cooptations

Ce qui cependant demeure difficilement perceptible dans le procédé est la compréhension des mécanismes de coopération par le truchement desquels le Mrc pourrait s'accoquiner avec le Rdpc. Pourtant, un regard rétrospectif révélerait des trajectoires illustrant lesdites manœuvres telles que ci-dessus évoquées. Car en réalité, très peu sont ceux des camerounais qui s'attachent effectivement aux discours des hommes politiques, plutôt qu'aux privilèges matériels qu'offrent l'ascension fulgurante d'un membre du clan, du fait des suffrages politiques. Dans ce cadre, si le professeur Alain Fogué Tedon peut-séduire à travers ses opinions, il n'en demeure pas moins qu'en marge des ressortissants de sa tribu, seuls des intellectuels à la portion congrue adhéreraient à ses idéaux. Quant au professeur Maurice Kamto dont peu de camerounais peuvent se souvenir du faciès, il est tout à fait illusoire de l'imaginer dans la posture d'un John Fru Ndi du Sdf ou d'un Lapiro de Mbanga, soulevant les foules.

Alors, quel intérêt aurait porté le sous-préfet de Yaoundé 3e à offrir cette large campagne médiatique à une rencontre qui se serait déroulée sans heurts, ni tapage, au point de séquestrer à ce jour l'immense majorité de la presse locale? Seul son vrai héros, pourrait le dire.



02/09/2012
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