Lettre ouverte: Paul Eric Kinguè charge Marafa

YAOUNDE - 04 JUIN 2012
© Paul Eric Kinguè (Corresp.) | L'Actu

Le condamné à vie détenu à la prison centrale de New-Bell se déchaine contre l'ancien Minatd qu'il présente comme son bourreau.

Cher Monsieur,


Depuis le 02 mai dernier, j'ai découvert et lu avec grand intérêt, chacune de vos lettres destinées tantôt à monsieur le président de la République du Cameroun, tantôt au peuple camerounais.

Du fond de votre cellule, vous avez décidé d'inonder par vos écrits, l'opinion camerounaise de qui vous attendez sans doute, une bonne et meilleure compréhension à la fois de vos «rêves» et de votre «innocence» dans ce qu'il est désormais constant d'appeler «Affaire Albatros».

Si vos différentes sorties par médias interposés ne posent, à mon avis, aucun souci moral, votre démarche, par contre, me surprend en même temps qu'elle me révèle non sans désolation, la vacuité et la légèreté des hommes comme vous, obnubilés par leurs seules ambitions, sans foi ni commencement de crainte de Dieu,

Cher Monsieur, au moment où je vous écris, je suis envahi de pitié pour vous. Il en est de même pour tous ceux qui comme vous, aveuglés par des ambitions peut-être légitimes mais trop souvent incontrôlables voire démesurées, détruisent tous les jours, des Camerounaises et Camerounais dont la seule aspiration est de vivre et faire vivre leurs progénitures, dans ce pays dont ils sont pourtant co-héritiers.

En parcourant chacune de vos lettres, il apparaît clairement que votre stratégie consiste à gagner la bataille de l'opinion, en vous faisant passer pour victime de Calomnies, de manipulations, de rumeurs et que sais-je encore…

Venant de vous Marafa Hamidou Yaya, je ne peux m'empêcher de vous poser la question suivante : Etes-vous devenu amnésique en prison? Si tel est le cas, permettez moi de raviver votre mémoire en vous rappelant quelques faits récents, conçus, montés, développés et mis en pratique par vous, au moment où vous viviez dans l'illusion des pouvoirs éternels, parce que projeté sur la scène, par la magie des décrets du Président de la République que vous êtes aujourd'hui déterminé à exposer sur des étales des marchés.

Courant 2008, alors que j'étais maire de la Commune de Penja, vous preniez langue avec les investisseurs-propriétaires des Bananeraies de Njombé-Penja et de Mbanga qui, épinglés pour défaut de paiement des taxes communales s'élevant à 2 700 000 000 F CFA par an (non payés depuis 30 ans) à la Commune dont j'avais la charge, sollicitaient votre intervention, en votre qualité de Ministre d'Etat, tutelle des collectivités territoriales.

Sur le Coup des calomnies, rumeurs et manipulations que vous semblez dénoncer aujourd’hui et dont vous étiez maître hier et en violation totale des dispositions légales (Art 94 al 1 de la loi N° 2004 du 22 Juillet 2004 portant règles applicable aux collectivités Territoriales qui vous obligeaient pourtant, à m'inviter à fournir des explications écrites sur les faits qui m'étaient reprochés, vous avez unilatéralement et ce, malgré ma légitimité, pris sur vous, de me suspendre de mes fonctions de Maire alors que j'étais encore présumé innocent pour une période de trois mois, dès le 28 Février 2008.

Vous veniez alors de briser le rêve des populations d'une localité, qui avaient longtemps espéré à travers leurs votés massifs pour moi voir changer leurs conditions de vie. Il est important de redire, avec insistance, que vous agissiez alors au moment des faits sous la pression des calomnies, de la manipulation et des rumeurs dont vous étiez maître.

C'est seulement plusieurs semaines après mon kidnapping (parce que n'ayant jamais vu le mandat en vertu duquel j'ai été interpellé) ordonné par vous, que j'ai été informé de ce qui m'était reproché. Dans un premier temps et sur vos fermes instructions, il m'a été reproché d'avoir, courant 25 —28 Février 2008 préparé, planifié et déclenché à Njombé-Penja, alors que je n'y avais aucun intérêt, les émeutes de Février 2008, pourtant commencées à Douala et quelques villes du Cameroun.

Pour ces faits non confirmés par des témoignages (39 témoins et accusés au total) au cours de différentes audiences à Nkongsamba, j'ai été condamné, sur vos instructions, à six ans d'emprisonnement ferme. Peine ramenée en appel à 3 ans et frappée aujourd'hui, de pourvoi.

Dans un second temps et une fois de plus d'une part, sur vos instructions, il m'a été reproché d'avoir courant 2007, détourné au préjudice de la Commune de Penja, la ridicule somme de 1 400 000 F CFA (Un million quatre cent mille) et d'autre part, d'avoir scanné la signature pourtant inutile-de votre bras séculier d'alors, Sieur Gambo Raman (Préfet du Moungo à l'époque des faits), «récompensé» plus tard, par une promotion aux fonctions de gouverneur du Nord et PCA de la SODECOTON.

En instance, c'est-à-dire au TGI du Moungo, j'ai été, malgré l'absence des pièces accablantes, condamné à 10 ans d'emprisonnement ferme, au terme d'un procès que vous encadriez et orientiez personnellement, influençant de manière permanente et répétitive les Magistrats que vous aviez réussi à caporaliser pour les besoins de la cause, du haut de vos fonctions de Ministre d'Etat.

Grâce au principe du double degré de juridiction, j'ai été acquitté pour faits non établis, le 26 mars 2012, c'est-à-dire plus de quatre ans après, par la Cour d'Appel du Littoral. Pourtant, c'est en vous appuyant sur ce présumé détournement et faux en écriture publique que vous m'avez suspendu, le 28 Février 2008 de mes fonctions de maire, induisant le président de la République en erreur, en lui faisant prendre le 05 juin de la même année, un décret de révocation de mes fonctions.

La décision rendue par la cour d'appel du Littoral et devenue définitive parce que non frappée de pourvoi, vient prouver à suffire, le niveau de compromission dans le quelle vous vous êtes investi pour me détruire.

Plusieurs années après, les langues se sont déliées. Il ressort des plantations PHP, SPM et Caplain, que vous auriez perçu 500 000 000 F CFA (Cinq cent millions), des Bananeraies délinquantes fiscales de Njombé-Penja, pour m'éloigner des fonctions pour lesquelles j'étais devenu encombrant pour vous et vos complices et me jeter en prison.

Depuis le 28 février 2008, date de mon kidnapping, vous avez fait perdre à cette Commune où vivent environ 100 000 âmes, 10 800 000 000 F CFA (Dix milliards huit cent millions) et avez, par conséquent, maintenu dans la misère quotidienne ces populations meurtries.

Voici bientôt 5 ans, que je vis innocemment en prison par votre seule volonté, parce que condamné à vie, dans une procédure où vous avez instruit qu'il ne me soit pas permis de présenter ma défense à l'information judiciaire.

Vous sollicitez pourtant aujourd'hui, un procès équitable... Votre salle de réunion du Minatd était à l'occasion, transformée en salon de thé et de café pour les Magistrats du Moungo, que vous receviez à tour de rôle pour instructions diverses. Pour un prétendu détournement jusqu'ici non prouvé, de la somme de 10 292 000 F CFA, vous m'avez fait condamner à vie, sans qu'un seul instant, j'eusse été cité à comparaître aussi bien au Cabinet d'instruction qu'au Tribunal de Grande Instance du Moungo. Vous avez encadré, jusqu'à votre départ du gouvernement le 09 décembre 2011, toutes les procédures ayant conduit à ma démolition.

Bientôt cinq ans disais-je, au cours desquelles ma famille a été disloquée et déchirée, avec à la clé, le décès le 08 Mars 2011, de ce qui me restait de plus cher, mon fils Paul Eric Kinguè Junior, rendu à sa dernière demeure le 07 mai 2011;


Cher Monsieur,

Vous m'avez tout arraché : la liberté, la fonction, mon fils, ma famille, ma dignité, mon honneur jamais écorné auparavant ... Vous avez arraché aux femmes et hommes de Njombé-Penja l'espoir ; A leurs enfants, le rêve. Pour y arriver, Vous aviez construit mensonges, calomnies, manipulations et sabotages contre ma modeste personne, pourtant jusque là sans histoire, déterminant comme je l'ai dit plus haut, le Président de la République à me révoquer de mes fonctions.

Cher Monsieur, que n'avez-vous pas dit et fait à la suite du «deal» financier entre les Bananeraies du Moungo et vous pour m'anéantir tel que c'est le cas aujourd'hui? Le président de la République et son gouvernement vous ont pourtant cru, conséquence, je suis en prison, condamné à vie par des Magistrats à qui vous n'avez pas laissé la moindre liberté de mener sereinement les procès, dans ces affaires raccommodées de toutes pièces par vous.

Courant mars 2008, au cours d'une conférence de presse tenue à Yaoundé, vous m'accusiez et je vous cite : «d'avoir été à la tête d'une horde de voyous qui ont incendié la brigade de Gendarmerie de Penja»

Pourtant jamais, cette brigade n'a été ni attaquée, ni incendiée. C'est au cours de cette même conférence de presse, que vous accusiez le président national du SDF, Sieur NI John Fru Ndi, dont vous sollicitez aujourd'hui le soutien, d'avoir été aperçu à bord d'une pick-up, accompagné d'un détenu de la prison de New-Bell, condamné pour l'assassinat du Français Nourry, entrain de coordonner les émeutes de Février 2008. Heureusement pour moi, mon avocat Me René Manfo n'est pas militant du SDF pour être détaché pour votre défense.

Du fond de votre cellule, pouvez-vous imaginer les conséquences graves sur ce qu'auraient occasionné sur ce parti respectable, vos mensonges et manipulations si le Président Paul Biya avait décidé de vous suivre dans vos rapports toujours erronés?

Calomniateur vous l'êtes, menteur vous l'êtes, affabulateur vous l'êtes, corrompu vous l'êtes, ingrat vous l'êtes, manipulateur vous l'êtes au centuple. Vous aviez bâti votre ascension sur ces contre-valeurs que vous dénoncez aujourd’hui.

Avant ma destitution, Dame Salla née Ndedi Ruth Chantal, Secrétaire Générale de la Commune de Penja a été, sans aucune forme de procédure relevée de ses fonctions par vous, et jetée en prison pendant 30 mois, à la suite d'un rapport tout aussi mensonger d'une commission conduite à l'époque des faits par Sieur Joseph Kuete, dépêchée à Penja par vous personnellement.

Vous aviez séparé cette épouse et mère, de sa famille pendant 30 mois, la couvrant de déshonneur sans remords. Elle vient elle aussi, d'être acquittée pour faits non établis par de brillants magistrats de la Cour d'Appel du Littoral révoltés devant vos agissements et votre arrogance.


Cher Monsieur,

Comme mentionné plus haut, je suis envahi de pitié pour vous. Pitié de vous voir réduit à faire des lettres ouvertes que vous demandiez à vos poltrons au moment des faits, c'est-à-dire, Sieurs Bifouna Ndongo (Procureur du TGI du Moungo) et Ntyame Ntyame Michel (Président TGI du Moungo) de m'interdire hier.

Vous dites être porteur de projets pour le Cameroun. De quels projets s'agit-il? S'agit-il des projets d'un Etat où Mensonges, calomnies, manipulations, homosexualité et perversions de tout genre seront encadrés par un chef lui-même sans épaisseur morale? S'agit-il des projets d'un Etat où les Français ne payeront jamais des impôts dus aux collectivités territoriales qui hébergent leurs.ac-tivités économiques?

Oui, vous êtes sans épaisseur morale Sieur Marafa Hamidou Yaya. Croyez-vous, au plus profond de votre âme que plus d'un demi-siècle de souffrances et de misère après, le peuple Camerounais dont vous sollicitez l'attention, la compassion et la compréhension mérite d'être embarqué dans vos rêves, qui ne visent que votre seule satisfaction et celle d’une minorité de fonctionnaires (Sous-préfets, Préfets etc) que vous aviez disséminés sur l'ensemble du territoire national ? Vous avez brisé des vies et des espoirs et cela, nul ne doit l'ignorer...

Cher Monsieur, dois-je penser que vous n'étiez finalement qu'un «homme d'état» en carton c'est-à-dire sans consistance? Si non, où est passé le sacro-saint principe d'obligation de réserve dont est astreint tout véritable homme d'Etat?

Comme Mebara, Abah Abah, Olanguena, Etonde Ekotto, Forndjindam, Nguini Effa, Siyam Siewe et Ngamo Hamani, concentrez-vous à votre défense comme ils le font si dignement. Si vous êtes innocent vous serez acquitté ainsi que Mebara, Otele Essomba et moi-même l'avons déjà partiellement été.

En ce qui me concerne, vous faites partie au même titre que vos affidés Owono Owono, Joseph Kuete, Bifouna Ndongo, Michel Ntyame Ntyame, Gambo Haman, Owona Nkono, André Ndono Mbanga, Blaise Ngoussomo, Edouard Kitio etc... de ceux pour qui j'implore au quotidien, le pardon du Dieu Créateur, dans mes prières.


En attendant, take heart!

Votre humble victime, le condamné à vie

Paul Eric Kinguè

Maire légitime de Njombé-Penja



05/06/2012
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