Lettre ouverte: Jean Richard Onana Essomba écrit à Paul Biya

Yaoundé, 01 Juillet 2013
© La Nouvelle

Il prend position, prétend-il par rapport aux attaques dont serait le Chef de l’Etat. Lisez plutôt.

Excellence Monsieur le Président de la République,

Excellence Monsieur le Président de la République, c'est avec un très grand respect et une déférence particulière que je prends la hardiesse de vous adresser cette lettre ouverte. Le climat sociopolitique de l'heure dans notre pays m'oblige à le faire. Comme tout Camerounais soucieux de notre pays, j'ai constaté depuis un certain temps que certains dirigeants des pays riches, réputés d'être des pays «amis», se donnent un mal indescriptible à bafouer les règles régissant les relations internationales, en vous adressant des menaces à peine voilées, tout simplement parce qu'ils ne veulent plus vous voir à la tête de notre pays!

Excellence Monsieur le Président de la République, dans votre tout premier discours d'investiture à la nation camerounaise le 6 novembre 1982, vous avez promis au peuple camerounais de ne point faillir dans l'accomplissement de votre lourde tâche. Depuis ce jour mémorable, la majorité du peuple camerounais qui a adhéré à votre projet de société basé sur le concept de rigueur et moralisation, a continué à vous exprimer sa confiance en vous accordant ses voix à chaque élection, présidentielle et autres. Ce lient qui existe entre vous et votre peuple est surtout tissé de contraintes et d'obligations. En effet, en tant que Chef d'Etat, vous êtes tenu de rendre compte au peuple de tous vos actes politiques. Nous, populations, devons suivre votre parcours, vous juger, (même et surtout lorsque nous ne comprenons rien à vos actions), mais aussi, vous conseiller, vous défendre et, vous protéger. La Bible nous apprend que tout pouvoir vient de Dieu, et que tout ce qui sera lié ici bas le sera aussi auprès du Très Haut. Il me souvient que quelques mois après votre accession à la magistrature suprême, vous avez fait le tour des chefs-lieux des 10 provinces d'alors de notre pays. Au cours de cette tournée, je suis sûr que vous n'avez rien oublié de toutes ses péripéties, surtout que vous ne les compreniez pas toutes, le peuple vous a formellement et officiellement investi dans votre charge, dans des rites initiatiques qui ne relèvent pas toujours du commun des mortels! Les initiés ont fait de vous, Le Président de La République du Cameroun. Ce que le peuple vous a donné, aucun individu, aucun groupe d'individus, encore moins des étrangers n'ont ni le pouvoir ni la capacité de vous le prendre, car le peuple ne reprend ce qu'il a donné qu'en cas de faute très lourde, et vous n'en avez pas encore commis à ses dépends. C'est pourquoi ce peuple reste toujours à vos côtés. Ceux dont l'imagination trop fertile racontent tout et n'importe quoi, devraient enfin le comprendre et l'admettre. Je voudrais être clair dans mes propos: le peuple n’a pas fait de vous un dieu, il ne dispose pas de cette capacité. Cependant, il a fait de vous son bras régulateur pour l'aboutissement de ses volontés et de ses ambitions!

Tout pouvoir est mystique ou si on préfère, il y a toujours quelque chose d'incompréhensible et d'inexplicable pour le commun des mortels, tout pouvoir est mystérieux et sacré! C'est pourquoi ceux qui n'ont pas la chance de pouvoir bénéficier de ce mysticisme se font enrôler dans des sectes qui pourtant, cherchent encore et toujours les voies et moyens pour accéder à ce mystérieux!

Excellence Monsieur le Président de la République, je reconnais l'autorité et les puissances qui sont les vôtres du fait que vous êtes investi du titre de Chef d'état et Président de la République du Cameroun. Notre pays est également connu par les initiés comme étant la deuxième Jérusalem du monde! C'est tout dire! Donc être le Président de ce pays créé forcément des envieux et des jaloux, et lorsqu'on connaît les richesses naturelles incommensurables de notre pays, il est facile de comprendre les raisons qui poussent les uns et les autres à chercher à vous écarter par tous les moyens de votre position! Ce sont des puissances ancestrales millénaires dont on n'imagine pas toujours la force et le pouvoir qui se sont jointes à nous, vos électeurs, et qui vous ont choisi pour vous placer à la tête de ce pays! Car vous n'êtes que l'ordonnateur de l'avenir d'une grande nation qui s'est déjà mise en marche. Il y a des moments où vous avez l'impression d'avoir perdu tout contrôle dans certaines situations, pourtant et sans que vous ne sachiez comment, tout se remet en place, et vous reprenez le contrôle! Tout comme vous avez connu des situations que vous pensiez dominer, mais qui ont semblé ensuite vous échapper. Le pouvoir, c'est surtout cela! On ne peut pas toujours tout expliquer.

Excellence Monsieur le Président de la République, j'ai le courage de vous avouer que le peuple de qui vous détenez tous vos pouvoirs, veut que vous lui rendiez très souvent compte de vos difficultés, et surtout que vous appreniez à l'écouter. Votre discrétion est légendaire. Toutefois, il y a des moments où elle risque se retourner contre vous. Il n'y a pas de honte à avouer à son peuple que vous connaîtriez des difficultés avec tel ou tel autre pays. D'ailleurs, qui ignore que ces gens-là ne mettent ordinairement pas des gants pour étaler malhonnêtement les dirigeants africains?

Les raisons de cet acharnement.

Excellence Monsieur le Président de la République, Ceux qui voudraient connaître l'origine des remous qui secouent actuellement notre pays, et aussi les comprendre, doivent se rappeler de deux événements récents qui ont fait couler beaucoup d'encre dans le pays. En effet, devant l'ampleur inadmissible des distractions des fonds publics par les hauts responsables nommés de l'Etat, vous avez décidé de la création et du lancement de l'opération Epervier qui a conduit de nombreuses personnalités dans les prisons. Ensuite, il y a eu la création du G11, un groupe d'individus qui ont estimé que l'heure était arrivée pour eux de prendre votre place. Ces 2 événements qui semblent ne rien avoir en commun, ont permis à vos ennemis de se rapprocher pour mieux vous combattre. Je n'ai toujours pas compris comment les hommes politiques occidentaux, qui officiellement se disent révoltés par les détournements de deniers publics et le niveau de corruption autrement élevé dans notre pays, se liguent encore contre vous lorsque vous décidez de mettre un terme à ces inadmissibles pratiques. Vous, vous n'avez décidé que de faire envoyer ces prédateurs en prison. Le Ghana de Jerry Rawlings a fait tuer tous ceux qui pillaient ce pays! Aujourd'hui, le Ghana est cité en exemple à travers le monde! En réalité, lorsqu'un pays atteint le niveau de dépravation qui est le nôtre aujourd'hui, seule une méthode cathartique forte des brebis galeuses, peut frapper les mentalités et amener à un vrai changement. C'est dire que tous ceux qui sont aujourd'hui en prison pour toutes ces distractions de la fortune publique, et tous ceux qui sont encore libres mais connus, devraient être condamnés à la prison à vie, et tous leurs biens confisqués par l'Etat!

Il est véritablement triste de constater que les occidentaux donneurs de leçons qui critiquent pourtant la gestion catastrophique des finances du Cameroun, se mettent à défendre les Marafa et autres Iya Mohamed, parce qu'il faut opposer les tribus, pour amener notre pays à une guerre! En communion avec tous mes compatriotes, je leur demande de circuler, car aucune tribu camerounaise ne voudrait entraîner notre pays dans une quelconque guerre! Notre pays qui a connu les affres de la guerre pour que nous puissions accéder à la communauté des nations libres n'en veut plus! Malheur à celui par qui cette éventualité pourrait se concrétiser, car comme dit la Bible, il eût mieux valu pour lui de ne jamais naître, car il condamnerait sa tribu et ses alliés à une situation dont nul ne peut prévoir les conséquences. Le Cameroun a des réalités que seuls ses enfants connaissent, contrôlent et dominent.

Il est connu du monde entier qu'en politique, il n'y a pas d'amitié, il n'y a que des intérêts. Et les intérêts des occidentaux qui vous combattent, sont loin, très loin de ceux de notre pays! Les camerounais doivent donc le savoir pour mieux vous défendre. Pour maintenir la prospérité en Occident, il vaut mieux avoir un voleur à la tête du Cameroun qu'un homme intègre. Ils pourront manœuvrer à volonté le voleur, tandis que l'homme intègre échappe à leur contrôle! Voilà la véritable raison de votre rejet par la France et les Etats Unis d'Amérique! Vous avez pacifiquement succédé au Président Ahidjo, celui qui devra vous succéder devra uniquement accéder à ce poste selon les seules dispositions de notre constitution. Autrement, le peuple prouvera à celui-là qu'il est difficile de tromper les camerounais!

Excellence, Monsieur le Président de la République, vous êtes loin d'être un ange, encore moins un saint. Comme tout être humain, vous avez commis des erreurs dans votre vie, «qui n'en a commis sous le feu de l'action?» Demandiez-vous humblement à vos compatriotes dans un de vos discours. Autant vous le dire tout de go: nous, vos électeurs, préférons les actuelles erreurs du Président Biya que nous connaissons, aux promesses de miracles économiques des saints fantoches de l'Occident qui nous seront imposés.

Avant la tenue de dernière élection présidentielle, après avoir déstabilisé la Côte d'ivoire, les occidentaux avaient prévu la guerre dans notre pays. Certaines représentations diplomatiques européennes avaient fait des avances de salaires à leurs salariés expatriés, pour que ceux-ci se préparent à affronter cette guerre programmée! Le peuple camerounais a fait bloc derrière vous! Cet unanime regroupement derrière votre excellence en attendant que les occidentaux attaquent notre pays, n'était rien à côté de ce qui se passera dans la réalité, si d'aventure les oiseaux de malheur osent mettre les pieds dans notre pays! Nous ne sommes pas un pays doté de la puissance nucléaire, mais nous n'avons qu'un seul pays, le Cameroun, et pour l'instant, un seul Président: Paul Biya!

Alors Excellence Monsieur le Président de la République, tous les camerounais, même ceux qui vous combattent ne veulent plus que ces «voleurs à col blanc» qui tuent l'économie de notre pays continuent à nous narguer en restant libres. Si c'est vous qui ordonnez ces arrestations, nous vous conseillons de les faire arrêter tous, mais comme je pense que c'est la justice de notre pays qui fait son travail, et puisque vous êtes le chef suprême de nos institutions judiciaires, instruisez-les de les traduire tous devant les tribunaux de notre pays. Si vous vous arrêtiez dans cette opération d'épuration, vous auriez alors failli à votre mission, et dès lors, le peuple vous abandonnera et vos «amis occidentaux» pourront alors vous atteindre. Cependant, tant que vous travaillerez en harmonie avec nos aspirations, aucun de vos ennemis jamais ne le pourra, et alors en dépit de ce que pensent ou veulent vos «amis occidentaux», vous resterez au pouvoir, par la seule volonté des camerounais! Alors comme dit la chanson: «Va de l'avant Paul Biya»!

Veuillez, Excellence Monsieur le Président de la République, croire à mes sentiments de profond respect et de déférente considération. Le peuple camerounais et nos ancêtres sont à vos côtés!

Les avis émis ici n'engagent que leur auteur.
Le surtitre, le titre et le chapeau sont de la rédaction (La Nouvelle).



02/07/2013
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