Les regroupements tribaux, creuset du rejet des autres

Les regroupements tribaux, creuset du rejet des autres

Etudiants:Camer.beCreuset du rejet de l’étranger, les organisations tribales ont toujours démontré leur côté pervers et nocif à travers l’histoire.Que ce soit au Soudan, au Kenya, au Rwandais et en ex-Yougoslavie où plus de 7.000 civils bosniaques, garçons, hommes et vieillards avaient été exécutés par des milices serbes, le scénario a toujours  été le même, celui de la mort de milliers d’innocents. « Ils sont entrés dans les cours et ont chassé les femmes. Puis ils ont demandé aux hommes et aux jeunes de s’aligner et leur ont demandé de décliner leurs prénoms et noms et de présenter leurs cartes d’identité. Puis ils les ont exécutés », ces propos ont été rapportés par un ivoirien dans le récent rapport d’Amnesty international sur la crise post-électorale qu’a connu la côte d’ivoire. Ce qui illustre à souhait où peuvent déboucher les crises à caractère ethnique et tribal. De la crise ivoirienne, plus de 3.000 personnes ont trouvé la mort.

Si de pareilles situations ne sont pas à souhaiter au Cameroun, il faut cependant reconnaître que des associations et des partis politiques à regroupement tribal existent à travers le pays, même si ce n’est pas de manière ouverte. Chez nous, la tribu semble renvoyer à l'identité d'une communauté, d'un groupe. Chaque tribu se présente alors comme un acteur politique important. C’est d’ailleurs  pour cette raison que des  associations se créent pour la « cause » de la famille,  du groupe, du village. A tort ou à raison, des partis politiques sont étiquetés : « UPC Bassa, UDC Bamoun, UNDP Foulbé, SDF Anglo bamiléké, RDPC betis, Mp sawa… »

Le tribalisme qui se définit comme  une attitude tendant à se prévaloir, à surestimer son groupe tribal et à en favoriser les membres,  tend à se développer à travers le pays, encouragé par la corruption et le favoritisme. Aussi,  au-delà  des acteurs dénonçant les méfaits du tribalisme que sont les  luttes et haines tribales, on constate que « lors des élections, le marketing politique, suit les pistes qui mènent vers la tribu.

Dans l'isoloir, face à sa conscience, la conscience tribale s'entend, l'électeur responsable offre malgré lui, naturellement, de préférence, sa voix au candidat tribal. Entre un frère tribal et un ami du parti, le choix n'est-il pas clair ? D'ailleurs ceux qui, par imprudence ont voté pour le parti et non pour la tribu n'ont-ils pas vite déchanté ? L'option tribale fonctionne comme le choix rationnel, utile, normal. La carte nationaliste, au sens étatique, semble être de la mascarade, de la mystification », relève un chercheur de la XIXe Semaine Théologique de Kinshasa.

Et même, la carte d'influence politique, la carte électorale, le poids des leaders dans leurs partis sont fonction du poids démographique ou économique de la tribu. Les chefs des partis sont généralement aussi des leaders tribaux ou des chefs d’associations tribales. L'implantation de leur parti semble suivre la ligne d'influence des tribus de leurs leaders tout comme le mode de recrutement des membres des partis politiques ainsi que la gestion du pouvoir. Les présidents des partis sont en fait des chefs tribaux. Une fois ministres, ces derniers s'entourent d’abord des « frères » et  effectuent les premiers voyages officiels vers le territoire tribal.

De même  pour les associations. Même loin de son village d'origine, l’instinct est de s’associer, s’organiser en association du village. La solidarité tribale survit à tout. Les « réunions » tenues de manières périodiques restent le reflet et l’identité même de l’appartenance ou de l’exclusion au groupe.  Ce « super-tribalisme » entretient ainsi des réseaux de solidarité à limites claniques, tribales montrant ainsi que le phénomène urbain ne fait que le restructurer.

© L'Effort Camerounais : Jean Pierre Hachda


07/09/2011
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