Les recalés séquestrent les responsables d’ Elecam

Présidentielle 2011. Ils ont bloqué le portail d’accès du siège, jusqu’à ce qu’on leur notifie les motifs de rejet de leurs candidatures. 
 
Il est 9h ce samedi 10 septembre devant le siège d’Elecam sis au quartier Bastos à Yaoundé. Des leaders de partis politiques commencent à arriver. 
On peut par exemple reconnaître Vincent-Sosthène Fouda, des jeunes du Rdmc, le parti de Mila Assouté, ou encore une quinzaine de personnes du Peuple uni pour la rénovation sociale (Purs) dont le 1er secrétaire, son chargé de la communication et 10 gardes du corps. Ils sont tous des recalés qui veulent savoir les motifs de rejet de leurs candidatures par Elecam. 
 
En fait, c’est la veille, le 9 septembre, à 20h30, qu’Elecam a rendu publique la liste des candidats retenus pour prendre part à l’élection présidentielle du 9 octobre prochain. Des 52 dossiers reçus par le conseil électoral d’Elecam, 21 candidatures ont été retenues. Les candidats dont les dossiers ont été rejetés avaient jusqu’à hier à minuit pour déposer leur recours à la Cour suprême siégeant en tant que Conseil constitutionnel. C’est pourquoi ils sont allés à Elecam afin d’être notifiés des motifs de rejet de leurs candidatures.
 
Elecam, l’accès des locaux est refusé aux recalés. « Les bureaux sont fermés, revenez lundi matin », renseigne un homme d’âge mûr qui dit être un employé de l’institution. « Les bureaux sont fermés comment ? Est-ce que vous irez dire à la Cour suprême que vos bureaux étaient fermés ? », Rétorque quelqu’un dans la foule. Pendant cinq minutes, il y a un échange houleux entre l’émissaire d’Elecam et les représentants de partis politiques agglutinés devant le portail. L’émissaire finit par retourner dans les locaux en refermant le portail au nez des recalés. « C’est comme ça que vous traitez un futur chef d’Etat ? », S’indigne Mbem Jean Delors, le président du parti Egalité sociale démocratique du Cameroun. « Il n’y a aucun argument valable pour le rejet de notre candidature. Il faut qu’on nous notifie les motifs du rejet de notre candidature. Nous voulons nous défendre jusqu’au bout », lance Serge Espoir Matomba du Purs. « Lorsque nous prendrons le pouvoir, nous mettrons fin à ce genre de mascarade », prévient Bonono du Rdmc. 
Violence 
 
A 12h20, les recalés ne sont toujours pas servis et l’un d’eux cogne bruyamment le portail pour se faire entendre. « Ecoutez, nous ne dormons pas depuis une semaine. Nous sommes fatigués », déclare l’émissaire d’Elecam en entrouvrant le portail. Au même moment, des moteurs de voitures ronflent à l’intérieur. Les responsables d’Elecam, parmi lesquels Sani Tanimou, le directeur général des élections, sont en train de sortir. Pris de colère, les recalés bloquent la sortie. « Au lieu de nous servir, il veut rentrer chez lui ? » « Personne ne bouge tant que nous ne sommes pas servis », peut-on entendre dans la foule. Joignant la parole au geste, Sosthène Fouda et l’un des chauffeurs du Purs déplacent leurs véhicules et les placent devant le portail de manière à empêcher toute voiture de sortir. Dans le même temps, ils bloquent la rue, empêchant les clients d’un hôtel qui se trouve non loin de là de passer. 
 
A 12h45, une voiture arrive. Un homme en sort. Il tient un talkie walkie en main et donne des instructions. Environ deux minutes plus tard, une voiture de la police et deux autres voitures banalisées arrivent à leur tour. 15 policiers dont six en tenue en descendent et veulent libérer le passage en usant de la force. Des représentants de partis politiques sont cravatés et les policiers tentent de les traîner hors de la chaussée. L’émissaire d’Elecam et deux autres personnes accourent précipitamment et demandent aux policiers de ne pas « brutaliser les gens ». Les policiers sont priés de privilégier le dialogue tandis qu’on rassure les représentants des partis politiques qu’ils seront servis « dans quelques instants ». 
 
Rejet 
A 13h 04, une dame commence à appeler les représentants des partis. A tour de rôle, ils entrent dans l’enceinte d’Elecam et en ressortent environ 10 minutes plus tard. On voit par exemple Sosthène Vincent Fouda brandir sa carte nationale d’identité. « Ils disent que je n’ai pas pu prouver que je suis sur le territoire camerounais depuis au moins 12 mois. Voilà ma carte nationale d’identité. Elle a été signée le 15 juillet 2010 par Emmanuel Edou. Est-ce que ça ne fait pas plus de 12 mois ? » interroge-t-il la voix tremblotante. « Ma femme a vendu ses bijoux pour qu’on paye la caution et ils éliminent ma candidature pour un faux motif », ajoute-t-il. 
 
« Repris de justice » peut-on lire sur la notification de Mbem Jean Delors, du parti dénommé Egalité sociale démocratique du Cameroun. « Quand j’étais président de comité de base du Rdpc ils ne savaient pas que j’étais un repris de justice ? », crie-t-il. 
 « Défaut de présentation du certificat d’imposition » est l’autre motif qui revient très souvent. En fait, les candidats qui ne travaillent pas ne sont pas imposables, puisqu’ils ne payent pas l’impôt sur le revenu. Ils ont donc fourni des certificats de non-imposition en lieu et place du certificat d’imposition demandé. C’est le cas d’Anicet Ekane du Manidem, de Mila Assouté du Rdmc ou encore du candidat du Purs.  
 
A la plupart des candidats, Elecam a reproché le défaut de présentation de l’extrait de casier judiciaire ou d’acte de naissance ;  à d’autres, le dépôt de candidatures non revêtues de la signature légalisée. Les recalés crient à la manipulation. Ils ont sur eux des copies de leurs dossiers et présentent les photocopies des pièces qu’Elecam dit manquantes. « Nous allons voir notre conseil pour le recours. Rendez-vous à la Cour suprême », lance Charly Ndjapa, le 1er secrétaire du Parti socialiste et des écologistes camerounais. 
Ce n’est qu’à 15h, lorsque tous les recalés ont été servis, que le portail d’Elecam a été libéré, permettant aux responsables d’en sortir.
 
Anne Mireille Nzouankeu


Les recalés séquestrent les responsables d’ Elecam - Ambiance à la Cour suprême


Ambiance à la Cour suprême
 
Contentieux électoral. Les recalés ont déposé des recours pour être habiletés à se présenter à la présidentielle.
 
Samedi, palais de justice de Yaoundé Centre administratif. Jusqu’à 17 heures, le greffier en chef de la chambre administrative de la Cour suprême, Apollinaire Koué Amougou, ne s’était pas présenté à son bureau. Les candidats recalés à l’élection présidentielle Elecam avaient pourtant reçu des assurances de la présence du personnel chargé de recevoir leurs recours. Les malheureux candidats, accompagnés de leurs sympathisants et de rares badauds qui trainaient dans les parages, ont redonné de l’animation à ce lieu d’habitude désert pendant les weekends. Sur les parkings, les véhicules des avocats, partis assister à l’enterrement d’un des leurs, étaient garés. Dans l’attente, les commentaires vont bon train. Des candidats malheureux, à l’instar d’Anicet Ekané, recalé du Manidem, arrivé le matin même de Douala, s’est impatienté et s’en est allé travailler avec ses conseils. Il a promis revenir le lendemain matin. Ce n’est pas le cas de Benz Enow Bate du Cdp, de Samuel Billong du Mouvement réformateur ou d’André Tewambo du Pspc. Le plus spectaculaire de tous, c’est Serge Espoir Matomba. Arrivé de Douala la nuit-même par une interminable limousine de 10 mètres, le recalé du Purs a attiré nombre de badauds, avant de disparaître dans la ville, las d’attendre le greffier.
 
Lorsqu’arrive enfin le greffier, il est 17h30. Ceux des candidats ou leurs mandataires qui ont résisté à la longue attente, vont se ruer littéralement vers le portillon de l’immeuble en réfection. Ils seront stoppés net dans leur élan par le militaire de faction. Un ordre de passage leur sera proposé. Mais la procédure est longue pour certains. Jusqu’à 21 heures, Sosthène-Vincent Fouda, le candidat recalé du  Cameroun-Génération 2011 aura été le champion de la patience. Pour un résultat pas plus probant. Jusqu’à 12h hier, son recours n’était toujours pas officiellement introduit. Pas plus que celui d’Anicet Ekané. Ils avaient jusqu’à minuit pour le faire. En attendant les examens des différentes procédures qui s’ouvrent dans les jours prochains.
 
Jacques Bessala Manga

Candidat des jeunes et des femmes
 
Ayah Paul. Il vient de démissionner du Rdpc. 
 
Ayah Paul Abine est investi par le People’s action party(Pap). Il a été député Rdpc de la Manyu depuis 2002 avant de quitter le parti au pouvoir le 3 janvier dernier. Cette démission intervenait après son annonce le 12 décembre 2010, de briguer la présidence nationale de la formation politique, afin d’en être le candidat à la présidentielle du 9 octobre. Le magistrat à la retraite se veut le candidat « de la jeunesse, des femmes camerounaises et des Camerounais de bonne foi en général ». 
 
Déjà au sein du Rdpc, Ayah Paul était l’un des rares députés Rdpc qui a osé se démarquer de la ligne de conduite indiquée par le parti. Lors de la campagne pour la modification de la constitution du Cameroun en 2008, par exemple, il a été le seul élu Rdpc à refuser de voter pour cette modification qui instituait la non limitation des mandats présidentiels.  Il a également pris part à plusieurs marches de protestation, à l’exemple de celle de février 2006 au cours de laquelle les populations de la localité d’Akubaya dans le Sud-Ouest avaient protesté contre le mauvais état de la route Mamfé-Akwaya. 
 
Son programme politique prône l’application de l’article 66 de la Constitution du Cameroun, relatif à la déclaration des biens et des avoirs. Il a d’ailleurs déclaré les siens sur internet. Dans son livre programme intitulé « Vision d’une nation nouvelle », le chef traditionnel de deuxième degré d’Akwaya, né le 28 juin 1950, prévoit une période de transition de 5 ans. Durant de cette période, il promet par exemple, un gouvernement de 20 ministres au plus, une commission de vérité et de réconciliation, la résolution du  problème anglophone au deuxième semestre de la première année, un référendum constitutionnel la deuxième moitié de la troisième année. 
 
Anne Mireille Nzouankeu

“The time’s now”
 
Edith Kah Walla. A 46 ans, l’ex-transfuge du Sdf veut résoudre la question anglophone au Cameroun.
 
Edith Kah Walla, de son vrai nom Kahbang Walla, est la première candidature féminine retenue pour briguer la magistrature suprême, depuis l’avènement du multipartisme au Cameroun en 1990. Cette candidate est un ex-transfuge du Social Democratic Front (Sdf), où elle a fait ses premiers pas en politique une fois retournée au Cameroun, après un long séjour à l’étranger.   
A 46 ans, les armes politiques de Kah Walla sont son courage et son activisme, qui lui ont valu   plusieurs arrestations par les forces de l’ordre. Elue conseiller municipal Sdf de Douala 1er  en 2007, elle est désignée membre du National Executive Committee (Nec) la même année. Le 23 octobre 2010, elle démissionne et le 30 avril 2011, elle est investie par le Cameroon People’s Party (Cpp) avec pour slogan « The time’s now ». Titulaire d’un Mba en management de la Howard University aux Etats unis, la promotrice du cabinet conseil en management et marketing, Stratégies, veut résoudre la question anglophone au Cameroun. 
 
T.T.
 
L’atout jeunesse 
 
Simon Pierre Atangana Nsoe. Grand Cameroun
 
C’est l’un des inconnus de la liste des 21 candidats à l’élection présidentielle du 9 octobre prochain. D’ailleurs, au moment où il a publiquement annoncé sa volonté d’être président de la République le quotidien Mutations a parlé du frère du commandant de la garde présidentielle. «Je suis un new comer», reconnait Simon Pierre Atangana Nsoe. Et il compte sur sa jeunesse pour s’imposer. «Lors de la première réunion d’Elecam avec  les partis politiques, j’ai constaté qu’il n’y avait que des vieux dans la salle, que ce soit du côté du Rdpc ou de l’opposition. Je me suis dit qu’il y a de place pour les jeunes».
 
Agé de 46 ans, le candidat du Grand Cameroun, le parti qu’il a créé en 2009 et qui a été légalisé un an plus tard, dirige l’entreprise Wakati, spécialisée dans l’informatique et la microinformatique.  Après son baccalauréat obtenu en 1983 au lycée Leclerc de Yaoundé, il a poursuivi ses études à l’université d’Orleans en France. Il a ensuite fréquenté l’Institut d’études en relations internationales de Paris, avant de s’inscrire en 3e cycle de management à l’université de Paris 9 Dauphine.
De retour au Cameroun, Simon Pierre Atangana Nsoe a travaillé quelque temps à la Ccei, il a ensuite passé deux ans à la Bicic avant de créer sa propre entreprise, Wakati. Son programme se décline en quatre grands axes : la justice, l’égalité, la générosité et la prospérité. Il est marié et père de six enfants. 
 
JRN 
 
Sortir du sous-développement
 
Dang Esther. Bloc pour la reconstruction et l’indépendance économique du Cameroun
 
Sa candidature sera l’une des attractions de présidentielle 2011. Quelques mois seulement après sa démission tonitruante du Rdpc, l’ancienne directrice générale de la Société nationale d’investissement entre 1990 et 2003 n’a jamais fait mystère de sa désormais opposition au régime qu’elle a jadis servi. 
 
Investie par le Bloc pour la reconstruction et l’indépendance économique du Cameroun, Esther Dang compte faire peser son expérience de manager sur la décision des électeurs. Née à Mbalmayo le 05 mars 1955, Esther Dang est titulaire d’un doctorat d’Etat en sciences économiques. Elle a passé l’essentiel de sa carrière au sein de la seule institution dont elle est devenue la directrice générale. Cette ancienne championne du Cameroun de saut en hauteur espère passer cette autre épreuve. Engagée dans la présidentielle par « devoir et par amour » pour la patrie,  son programme de société qui intègre une décentralisation poussée se résume en 27 groupes d’action qui permettront de sortir définitivement du sous-développement.
 
Jacques Bessala Manga

Le candidat des pauvres 
 
Jean de Dieu Momo. L’avocat camerounais, militant des droits de l’homme, plaide la cause des pauvres. 
 
Il aime bien l’étiquette d’ « avocat des pauvres », et se considère comme le Lech Walesa Camerounais. Défenseur des droits de l’homme, activiste, Me Jean de Dieu Momo, 51 ans, a été rendu célèbre par ses prises de position dans l’affaire des « neuf disparus de Bépanda », et ses critiques acerbes contre le Commandement opérationnel, dans les années 2000. Il est avocat au Tribunal pénal international pour le Rwanda à Arusha, où il a plaidé la cause des anciens dignitaires du régime du président Rwandais Juvénal Habyarimana, mort dans un attentat le 06 avril 1994. Sous la bannière de Les Patriotes démocrates pour le développement au Cameroun (Paddec),  son programme politique repose sur l’équilibre entre les trois pouvoirs : exécutif, législatif et judiciaire ; la réduction du budget de la présidence de la République ; la lutte contre la corruption et les détournements de deniers publics ; la réforme de l’armée, de l’agriculture et de la justice. 
 
T. T.
 
“Ancien d’église, au nom de Dieu”
 
Jean Njeunga. Front Uni du Cameroun
 
Le Front Uni du Cameroun (Fuc), parti politique qui a investi Jean Njeunga pour la prochaine élection présidentielle, a été légalisé le 9 octobre 1991. Vint ans après, le président national du Fuc veut être président de la République. A 56 ans (il est né le 1er décembre 1955), M. Njeunga croit savoir que son heure a sonné, après le rejet de sa candidature à la présidentielle de 2004. « Cette coïncidence de dates est un signe de Dieu, et je vais au scrutin d’octobre pour gagner », affirme Jean Njeunga. A 56 ans (il est né le 1er décembre 1955), il se dit différent des autres candidats, en ce qu’il place Dieu au centre de tout. Ancien d’église depuis quatre ans, après avoir été conseiller paroissial pendant plus de dix ans à l’église évangélique à New-Bell Douala, le candidat du Fuc passe son temps entre le magasin de produits de luxe qu’il tient au marché Congo et le quartier Bonamoussadi. Tous les lundis, le Fuc tient une réunion politique. Les militants de cette formation veulent récolter le fruit de ce travail permanent, en allant à Etoudi.
 
Denis Nkwebo
 
Jamais deux sans trois
 
Joachim Tabi Owono. Le président de l’amec était déjà candidat aux présidentielles de 1997 et 2004.
 
Le président de l’Action pour la méritocratie et légalité des chances (Amec), n’est pas un inconnu de la scène politique nationale. Cet ingénieur agronome sera, cette année, candidat pour la troisième fois à l’élection présidentielle, après les tentatives de 1997 et 2004. Cette année-là, il avait appelé à voter pour le candidat du Rdpc, Paul Biya. Candidat à l’élection législative dans la circonscription du Nyong et So’o, il a obtenu l’annulation et la reprise du scrutin. 
 
En novembre 2007, Tabi Owono et d’autres leaders de l’opposition décident de créer ce qu’ils appellent le Shadow Parliament.  «L’opposition non parlementaire doit se professionnaliser. Nous devons cesser d’avoir pour seule profession «Malheureux candidat». Nous devons être les professionnels de la politique ! Mais nous ne devons pas combattre séparément comme cela a toujours été le cas, ce qui nous a toujours rendus vulnérables», déclarait le président de l’Amec à cette occasion-là.
 
JRN 
 
“Le retour du grand Prof”
 
Nyamndi G. Dobgima. Social Liberal Congress 
 
C’est durant la campagne électorale en vue du scrutin présidentiel d’octobre 2004 que Nyamndi G. Dobgima a été révélé au grand public. Candidat investi par le Social Liberal Congress, il était classé 15ème sur 16 concurrents, avec 0,17% des voix. Enseignant d’anglais à l’Université de Buéa, Dr. Nyamndi G. Dobgima est âgé de 61 ans. Cet originaire de la région du Nord-Ouest n’est pas nécessairement un illustre inconnu, et un novice en politique. Il fut l’un des membres fondateurs de l’Union démocratique du Cameroun avec Adamou Ndam Njoya, avait de rejoindre plus tard, le Liberal Democratic Alliance dont il était l’un des vice-présidents. C’est finalement en 2000 qu’il décida de créer le Liberal Social Congress. 
 
En 2004 déjà, son statut d’enseignant à Buéa où il est directeur des affaires administratives ne lui a causé aucun ennui. Pourtant, il a disparu de la scène politique nationale depuis la proclamation des résultats, pour ne réapparaître qu’à la faveur du scrutin d’octobre prochain. En espérant sans doute, que cette fois sera la bonne.
 
D. N.
 
L’appelé du peuple Rdpc
 
Paul Biya. Le président en fonction brigue son quatrième mandat.
 
Paul Biya, le président en fonction est âgé de 78 ans. L’année dernière, il a modifié la Constitution pour faire sauter le verrou de la limitation des mandats présidentiels. Il a déjà passé 29 ans au pouvoir et est candidat à sa propre succession. En 2004 déjà, en déposant sa candidature aux élections présidentielles, Paul Biya avait déclaré qu’il ne faisait que répondre aux nombreuses sollicitations du peuple. Cette année, les militants ont redoublé d’imagination : cinq tomes de l’Appel du peuple, un recueil de motions de soutiens, les affiches et les banderoles sur lesquelles les militants du Rdpc, « supplient » Paul Biya de se porter candidat à la présidentielle.
 
Né le 13 février 1933 à Mvomeka’a dans la région du Sud, Paul Biya arrive au pouvoir en tant que successeur constitutionnel d’Ahidjo, lorsque ce dernier démissionne le 4 novembre 1982. En 1992, il a obtenu un score de 39,97%. En 1997, c’était  92,57% et 70,92% en 2004. 
 
Paul Biya est l'auteur d'un essai politique intitulé « Pour le Libéralisme Communautaire », dans lequel il déroule son programme politique. Le multipartisme, le libéralisme économique, la solidarité nationale, la répartition équitable des fruits de la croissance, la justice sociale, l'éclosion d'une culture basée sur l'inventivité et la « coexistence harmonieuse des valeurs propres aux diverses communautés qui forment la Nation » sont quelques aspects de son projet de société. 
 
A.M.N.
 
Pour l’Afrique
 
Hubert Kamgang. Le président de l’Upa est à sa troisième participation ç l’élection présidentielle.
 
Hubert Kamgang  est né en 1944 à Batié. Ingénieur statisticien économiste, il a été enseignant de mathématiques aux universités de Yaoundé (1972-1980) et de Bangui (1980-1983) ; il a été directeur du département des Statistiques et de l’informatique au Secrétariat Général de l’UDEAC (Bangui) de 1980 à1991 ; candidat à l’élection Présidentielle au Cameroun (1997 et 2004), il a publié deux ouvrages : « Au-delà de conférence Nationale – Pour les États-Unis d’Afrique, L’Harmattan, Paris 1993. « Le Cameroun au XXIème siècle – Quitter la CEMAC, puis œuvrer pour une monnaie unique dans le cadre des États-Unis d’Afrique, Éditions Renaissance Africaine, Yaoundé. Le président de l’Union des populations africaines (Upa) est connu pour son engagement pour une union de l’Afrique.
 
JRN
 
Remember 1992
 
Victorin Hameni Bieleu. Directeur de campagne de John Fru Ndi lors de la première élection présidentielle en 1992.
 
On a cru un moment qu’il raterait cet autre rendez-vous avec la présidentielle. Au soir du 4 septembre, date limite du dépôt des candidatures, le président de l’union des forces démocratiques du Cameroun avait un souci. Son dossier ne comprenait pas de certificat de nationalité. Il a pu le compléter par la suite, ce qui lui permet de se présenter une fois de plus à l’élection présidentielle, qu’il a connu pour la première fois comme directeur de campagne de John Fru Ndi en 1992. 
L’Union des forces démocratiques du Cameroun (Ufdc), le parti de Victorin Hameni Bieleu, a été légalisé le  1er mars 1991. Après l’expérience ratée de 1992, Hameni Bieleu s’alignera aux présidentielles de 1997 et 2007. Cette année, à  il sera à sa troisième tentative. Le président de l’Ufdc est docteur d’Etat en sciences politiques, spécialisé dans les questions de défense internationale. 
 
J.R.N.
 
Pour un sursaut patriotique
 
Albert Dzongang. Le candidat de La Dynamique tente une nouvelle chance. 
 
Après son premier essai infructueux à l’élection présidentielle de 1997 au Cameroun, le revoilà de nouveau dans la course à la succession du président sortant, Paul Biya. Albert Dzongang, 63 ans sonnés (à la question de savoir quel est son âge, il ironise qu’il est le petit frère de Paul Biya), veut restituer la justice, mettre un terme à l’impunité, faire en sorte « que l’impôt du contribuable camerounais ne serve plus à enrichir les autres ». Bref, il veut « corriger les insuffisances du Renouveau », incarné par Paul Biya. Sous les couleurs de La Dynamique, son parti politique, Albert Dzongang milite pour un sursaut patriotique au Cameroun. Cet ancien transfuge du Rassemblement démocratique du peuple Camerounais (Rdpc) a été député de cette formation politique à l’Assemblée nationale, et président de la grande section Rdpc du Wouri. 
 
Théodore Tchopa
 
Le chasseur de lion
 
Jean-Jacques Ekindi. Il est le candidat du Mouvement progressiste.
 
Né le 17 janvier 1947 à Douala, Jean Jacques Ekindi est un ingénieur, diplômé de l’école polytechnique de Paris et de l’école des mines de la même ville. En 1986, il adhère au Rdpc et est  même président de la section du Wouri pendant quelques mois. En 1988, il est copté au Comité central du Rdpc ainsi qu’à la Commission des affaires politiques lors du congrès de 1990. Il crée également un courant progressiste au sein du Rdpc. Après plusieurs frustrations, Jean Jacques Ekindi quitte le Rdpc le 21 mai 1991 et crée le Mouvement progressiste (Mp).  Il est depuis 2007, député Mp du Wouri centre.
 
Jean Jacques Ekindi est à sa troisième tentative. Il a été candidat aux élections de 1992 et de 2004. En 1992, il a obtenu un score de 0,42% tandis qu’en 2004 il a eu 0,27%. Lors de la présidentielle de 1992, Jean Jacques Ekindi s’est fait appeler le chasseur de lion, en référence au slogan « L’homme Lion »  de Paul Biya. Celui qui a pendant de longues années été reconnaissable à sa barbichette ocre jaune prône le retour aux valeurs morales et milite pour l’emploi et l’éducation des jeunes. 
 
A.M.N.
 
Une première en dix ans
 
Isaac Feuzeu. Le Merci postule pour la première  fois à la présidence de la République.
 
Le Mouvement pour l’émergence et le réveil citoyen (Merci) a été créé en 2001. Mais ce n’est que cette année qu’il va présenter un candidat à l’élection présidentielle. Il s’agit de son président : Isaac Feuzeu. Il a été porté à la tête du parti en novembre 2010. «Depuis déjà une décennie et au regard de notre parcours qui logiquement devrait être apprécié à sa juste valeur, il me semble judicieux et opportun que nous méritions de poser notre candidature pour la présidentielle», déclarait-il en février dernier. Il poursuivait : «Il n’existe pas, à mon sens, de petit parti tant que celui-ci peut participer à apporter sa contribution à l’effort commun de développement».
 
JRN
 
L’écolo camerounais
 
Ngo Fritz Pierre. Mouvement des écologistes camerounais 
 
Leader du Mouvement des écologistes camerounais (Mec), Fritz Ngo Pierre est né le 25 juin 1952 à Douala. Il a fait des études de management et d’attaché de presse en France. De 1973 à 1992, il travaille en Europe notamment comme responsable de la distribution des journaux au groupe Hachette et dans d’autres entreprises en Belgique. Dès 1992, il revient au Cameroun et milite d’abord à l’Add de Garga Haman, avant de créer son parti politique en 1998.
 
Il est à sa deuxième participation à une élection présidentielle. En 2004, il avait obtenu un score de 0,34%. Globalement, son projet de société s'articule autour de cinq points à savoir : la jeunesse, le social, l'économie, l'environnement, et la culture. Son principal cheval de bataille est la protection de l’environnement. En juin 1998 déjà, le Mec avait lancé un forum sur la problématique du climat en Afrique sub-saharienne.  Il avait notamment réalisé des reportages sur les effets néfastes du projet pipeline dans les villages de Kribi. S’il est élu président, Fritz Ngo veut redonner l’espoir aux jeunes et aux étudiants. Il souhaite aussi mettre sur pied un plan d’urbanisation qui respecte les normes environnementales. 
 
A.M.N.
 
Le chasseur de baleines
 
Garga Haman Adji. Le président de la Conac est candidat pour Etoudi.
 
Né en 1944 à Maroua, Garga Haman Adji est titulaire d’une licence en droit obtenue à l’université de Yaoundé et d’un Des en sciences politiques de l’université de Poitiers en France. Il est également diplômé de l’Enam et de l’Institut international d’administration publique de Paris. 
 
Il a occupé plusieurs postes de responsabilité dans la préfectorale, à la Sureté nationale et dans plusieurs ministères à l’instar de celui de la Fonction publique et du contrôle de l’Etat. C’est d’ailleurs à la suite de son passage dans ce ministère qu’on lui donne le surnom de « chasseur de baleine » à cause de son combat contre les réseaux de corruption et de détournements  de fonds publics.
 
Garga Haman se fait également remarquer en démissionnant du gouvernement en 1992, peu avant la présidentielle de la même année et crée l’Alliance pour la démocratie et le développement (Add) peu après. Garga Haman est à sa deuxième participation à une présidentielle. En 2004, il a obtenu un score de 3,73%. Il est l’auteur d’un livre programme intitulé « Ainsi pourrait devenir mon pays » et est actuellement le  président de la Conac , la Commission nationale anti-corruption.   
 
A.M.N.
 
Un  bleu en six points
 
Marcus Lontouo. Congrès National Camerounais 
 
Il n’est pas bien connu. Son parti non plus, qui existe pourtant depuis un moment. Le Congrès national camerounais présentera pour la première fois un candidat à l’élection présidentielle. Il s’agit de Marcus Lontouo, son président national actuel. 
«Le peuple camerounais est capable de recouvrer sa souveraineté, car, dans une république, le peuple dispose de deux moyens pour faire entendre sa voix : le bulletin de vote dans l’isoloir (…), la manifestation et la grève(…). Je pense que nous pouvons efficacement y arriver avec le premier moyen ; que nous pouvons imposer l’alternance politique dans notre pays par la voie des urnes, à condition de tirer avec lucidité les conséquences du passé et de rechercher les voies et moyens pour un nouvel espoir», déclare Marcus Lontouo.
 
Le Cnc a une vision qui repose sur six principaux objectifs : mobiliser la nation pour refonder la République et légitimer l’Etat par le droit, les valeurs respectables et une gouvernance locale flexible ; réconcilier les Camerounais sur la base d’un réarmement moral ; générer les conditions favorables et humaines pour la relance de l’économie en assurant un bien-être social à tous ; organiser les élections générales après avoir adopté une Constitution consensuelle et un code électoral unique ; consolider la présence digne du Cameroun en Afrique et dans le monde ; panser les plaies saignantes engendrées par plusieurs décennies de l’autocratie républicaine… 
 
JRN
 
Contre vents et marées
 
Ni John Fru Ndi. Le chairman du Social democratic front participe à sa troisième présidentielle. 
 
Jusqu’à sa désignation le 3 septembre dernier comme candidat du Sdf, des tractations avaient court dans le parti pour tenter de dissuader John Fru Ndi.  En fait, des cadres du Sdf étaient convaincus que pour donner une chance au Sdf, il faut qu’il présente « un nouveau visage » à l’élection présidentielle. Des noms que tels que Simon Fobi ont été même été avancés pour succéder à Fru Ndi. Finalement, le chairman a été une fois de plus désigné pour représenter le parti.
 
Fru Ndi est né le 7 juillet 1941 à Baba II près de Santa dans la région du Nord-Ouest. En 1964, il obtient au Nigeria, son Gce O level, l’équivalent du Baccalauréat. Il y travaille jusqu’en 1966 puis revient au Cameroun lors de la guerre du Biafra. En 1976, Fru Ndi suit une formation à Londres en vue d’être libraire, puis ouvre Ebibi Bookshop, sa librairie. 
 
Fru Ndi est d’abord militant du Rdpc avant de créer son parti politique le 11 novembre 1989. Le lancement officiel du Sdf a lieu le 26 mai 1990, en plein monopartisme et se solde par des manifestations qui font six morts.  Après avoir contesté Elecam et menacé de boycotter l’élection, c’est à deux semaines de la fin des inscriptions sur les listes électorales que le Sdf a appelé les gens à s’y inscrire. Cette année, Fru Ndi se présente pour la troisième fois à une élection présidentielle. En 1992, il avait obtenu un score de 35,97%. Il boycotte l’élection de 1997 et obtient 17,40% en 2004. 
 
A.M.N.
 
Le candidat de la coalition
 
Adamou Ndam Njoya. En 2004, il a été désigné comme le représentant de l’opposition par un ensemble de partis politiques. 
 
Adamou Ndam Njoya est né le 8 mai 1942 à Foumban. Il est président de l’Union démocratique du Cameroun (Udc), le parti qu’il a créé en 1991. Dans la déclaration de son parti, Ndam Njoya a insisté sur la décentralisation du gouvernement et le respect des droits des minorités.
 
Pendant les élections présidentielles de 2004, tous les partis de l'opposition acceptèrent de supporter un seul candidat contre Biya. Après que Ndam Njoya fût choisi par le consensus de la coalition, John Fru Ndi tira le front Social Démocratique en dehors de la coalition, qui dut faire cavalier seul. Les résultats: Ndam Njoya en tant que représentant de la coalition reçut 4,5% des voix, John Fru Ndi 17,4% et le président Biya 70,9%. Comme c'est devenu une habitude dans les élections camerounaises, la fraude massive a été alléguée.
 
JRN
 
Le père du foyisme politique
 
Olivier Bilé.  Il est le représentant de l’Union pour la fraternité et la prospérité. 
 
Le concept philosophique de l’Union pour la fraternité et la prospérité est le foyisme politique ou la foi positive.  « L’idée centrale que nous y défendons est que la racine profonde du problème camerounais se trouve dans ce que nous appelons la « foi négative », sorte de disposition d’esprit qui, depuis des décennies,  façonne les modes de pensée et d’action de la grande majorité de la population de notre pays, toutes positions sociales confondues », explique Olivier Bilé. 
 
Aussi, le projet de société de l’Ufp tourne autour de plusieurs points tels que : «  Transformer l’esprit et le mental des camerounais (es) en répandant l’énergie de la Foi positive à travers tout le pays ; Libérer notre pays des chaines paralysantes du pacte colonial ; Par des politiques visant le plein-emploi, créer les conditions maximales de développement de notre économie ».
Olivier Bilé est né le 16 avril 1967 à Doumé à l’Est du Cameroun. Il est titulaire d’un doctorat/  Phd en sciences de l’information et de la communication. Depuis 2004, Olivier Bilé est enseignant  au Centre de formation professionnelle de l’Audiovisuel de la Crtv (Cfpa-Crtv). Il est également depuis 2009, coordinateur du département de la Télévision à l’Ecole Supérieure des Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication. 
 
A.M.N.







12/09/2011
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