Les Raisons de la démission de Maurice Kamto

Cameroun : Les Raisons de la démission de Maurice Kamto La démission du gouvernement du Pr Maurice Kamto, de son poste de ministre délégué auprès du Vice-premier ministre, ministre de la Justice, garde des Sceaux, n’a surpris que ceux qui ne le connaissent pas.

Maurice Kamto donnait déjà l’impression d’avoir achevé sa mission au sein du gouvernement au lendemain de la cérémonie de rétrocession définitive de la presqu’île de Bakassi au Cameroun. Article paru pour la première fois dans La Nouvelle Expression du 2 décembre 2011.

La démission du gouvernement du Pr Maurice Kamto, de son poste de ministre délégué auprès du Vice-premier ministre, ministre de la Justice, garde des Sceaux, n’a surpris que ceux qui ne le connaissent pas. Incompris et «vomi» par certains compatriotes au moment de son entrée au gouvernement en décembre 2004, dans le cadre de la mise en œuvre de l’arrêt de la Cour internationale de justice(Cij) du 10 octobre 2002, Maurice Kamto donnait déjà l’impression d’avoir achevé sa mission au sein du gouvernement au lendemain de la cérémonie de rétrocession définitive de la presqu’île de Bakassi au Cameroun. Cérémonie qui s’est déroulée le jeudi 14 août 2008 à Calabar, au Nigeria. Cette étape décisive de l’application de l’arrêt de la Cij sur le conflit terrestre et maritime qui a opposé le Cameroun et le Nigeria fut vraisemblablement considérée comme le moment de l’achèvement de sa mission dans le gouvernement.

La page tournée à Calabar!

Ce jour-là, le document juridique avait été signé conjointement par le ministre nigérian de la Justice, Michael Aondoakaa et le ministre délégué auprès du ministre de la justice, Maurice Kamto, chef de la délégation du Cameroun à la commission de suivi de la mise en œuvre de l’accord de Greentree. En présence du représentant spécial du Secrétaire général de l’Onu, du président de la commission mixte Cameroun-Nigeria, des représentants des quatre Etats témoins de l’accord de Greentree – Allemagne, Etats-Unis, France et Grande Bretagne - et des chefs de délégations du Cameroun et du Nigeria. Maurice Kamto a été Co-agent, conseil et avocat du Cameroun dans ce que les médias ont retenu comme étant «l’affaire Bakassi». Depuis cet événement historique qui fut l’aboutissement d’un travail de longue haleine et dans lequel Maurice Kamto a joué un rôle déterminant, Maurice Kamto pensait à se retirer du gouvernement.

C’est dans cette perspective qu’il avait exprimé le désir de postuler une place de juge à la Cour internationale de justice(Cij). Malgré le soutien que lui accorda le président Paul Biya, le ministre Kamto n’eut pas la chance d’occuper le fauteuil de juge à l’auguste Cour internationale de justice(Cij). L’Union africaine avait jeté son dévolu sur le candidat d’un autre pays africain: le candidat somalien qui fut élu au quatrième tour du scrutin, en novembre 2008, simultanément par l’Assemblée générale de l’Onu et le Conseil de sécurité de l’Onu. L’échec au poste de juge à la Cij n’a pas été facile à digérer pour cet illustre universitaire et intellectuel de renom. Ce d’autant qu’il devait bien s’ennuyer au gouvernement, à l’ombre d’Amadou Ali, Vice-premier ministre, ministre de la Justice qui a néanmoins su utiliser ses compétences, dans l’intérêt de la république.

Le plaisir malsain des «guetteurs d’avenir»

Maurice Kamto est ce libre penseur dont la seule présence au sein du gouvernement a servi de caution morale et intellectuelle au régime du Renouveau décrié par l’opposition et une bonne partie de la société civile. Si son bilan mérite d’être passé au crible de la critique, il serait dangereux de faire dans l’amalgame, en tentant de faire croire que Maurice Kamto aurait décidé de démissionner à cause d’une scabreuse histoire de «plagiat» et d’ «abus de confiance» dans laquelle il est cité et accusé par un de ses anciens étudiants devenu «agrégé de droit public Cames». Maurice Kamto a-t-il besoin de répondre aux universitaires «alimentaires», «guetteurs d’avenir», carriéristes et ingrats? Ces universitaires qui éprouvent un plaisir malsain à le traîner dans la fange, en créant un vrai-faux scandale susceptible de gâcher ses relations avec le chef de l’Etat et de nuire à son image et à son honneur? Maurice Kamto s’en va probablement parce qu’il avait déjà envisagé de quitter le gouvernement quelques années auparavant.
De source bien informée, c’est par respect pour le président Paul Biya qui tenait à le conserver encore au sein du gouvernement que Maurice Kamto n’est pas parti plus tôt. Même si des intrigues et «peaux de bananes» de certains de ses frères du village Baham, du département des Hauts-Plateaux et de sa région natale de l’ouest n’ont – hélas! - pas manqué, il serait incongru d’évoquer un quelconque «départ forcé». Maurice Kamto a librement pris la décision de démissionner de ses fonctions au moment où les Camerounais attendent, avec impatience, la formation d’un nouveau gouvernement issu de l’élection présidentielle du 9 octobre 2011.

Continuer à servir le pays

Les termes de sa démission sont assez édifiants: «J’ai l’honneur de porter à la connaissance du peuple camerounais ma décision de me retirer de mes fonctions de Ministre délégué auprès du Ministre de la Justice, à compter de ce jour, 30 novembre 2011. Cette décision n’est pas – et ne saurait en aucune manière être interprétée comme - une remise en cause de l’issue de l’élection présidentielle du 9 octobre 2011, à laquelle je n’étais du reste pas candidat. J’entends continuer, autrement, à apporter ma modeste contribution à l’œuvre exigeante, mais combien exaltante d’édification de l’avenir de notre très cher et beau pays, le Cameroun, dans la paix et l’attachement aux valeurs et principes républicains».

On se rappelle qu’en 2004, Maurice Kamto avait également démissionné du Conseil éditorial du journal Mutations. Pour éviter que sa présence au sein du gouvernement n’ait pas une influence sur la réputation de ce quotidien. Méthodique et rigoureux, cet Agrégé des facultés de droit (Agrégation française) est à la fois un intellectuel occupé et préoccupé. Agé de 57 ans, Maurice Kamto préside depuis quelques mois la Commission du droit international de L’Organisation des Nations Unies (Onu) dont il est membre depuis une dizaine d’années.

Indécente agitation intellectuelle!

Avocat au barreau de Paris, ce professeur d’universités était, avant son entrée au gouvernement, Doyen de la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université de Yaoundé II. Maurice Kamto n’avait pas non plus besoin d’attendre la formation d’un nouveau gouvernement qui le maintiendrait peut-être jusqu’au 14 août 2013, date de la fin de la période transitoire sur la zone de la péninsule de Bakassi et du début de l’exercice de la plénitude de la souveraineté du Cameroun sur la Zone ou d’un gouvernement qui le ferait partir, en silence ou bruyamment; au grand plaisir de ses détracteurs de tous bords tapis à l’ombre d’une indécente agitation intellectuelle! La principale leçon à retenir de la démission de Maurice Kamto est qu’un ministre de la république, un homme d’Etat ou un haut-commis de l’Etat doit savoir partir …

© La Nouvelle Expression : Edmond Kamguia K.


29/11/2012
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