Les possibles explications d’une démission…

Cameroun : Les possibles explications d’une démission… Qu’est-ce qui peut pousser un évêque comme Mgr Victor Tonye Backot à démissionner d’une manière aussi intempestive du poste tant convoité d’Archevêque Métropolitain de Yaoundé ? Certainement pas le manque soudain d’appétit de jouissance des avantages, ô combien nombreux, et dus à son rang. Et Victor Tonyè Backot est un bon vivant. Contrairement au Cardinal Christian Tumi qui ne daignait utiliser la Mercédès 500 offerte par Paul Biya à sa nomination comme cardinal que pour ses rares sorties officielles, lui préférant de loin ses voitures d’occasion bon marché ou les bend skin (en cas d’urgence), Mgr Victor aimait bien les jolies cylindrées flambant neuves, ce qui lui a d’ailleurs sauvé la vie sur les routes piégées par le danger permanent…

Car Mgr a la passion du beau. Un tel homme n’a pas pu renoncer à son poste de son plein gré. Il ya à peine 03 semaines, le prélat, qui se confiait au micro de Thierry Ngongang, a raconté, avec des mines de chatte épanouie, comment il avait accueilli sa nomination au poste d’archevêque de Yaoundé : surpris et ravi, très ravi… Dans l’émission « Entretien Avec… », Mgr n’avait omis aucun détail.

Espérait-il un jour devenir Cardinal ? Ses mimiques de jeune fille faussement effarouchée en disaient long sur ses attentes. Attentes largement légitimes, surtout avec la venue d’un nouveau pape, et la mise à la retraite du cardinal Christian Tumi comme électeur du St Père. Un homme qui nourrit de telles ambitions a encore beaucoup de projets. Et quand on a des projets, on ne démissionne pas. En tout cas, pas d’une manière aussi incongrue que saugrenue, qui rappelle la démission, il y a près de 30 ans, d’un autre Mgr Tonye, Simon celui-là, et archevêque métropolitain de Douala en son temps. Dans son cas comme dans celui très actuel de Victor Tonye Backot, la chose choque : départ brusque, qui éberlue, époustoufle, désarçonne. Dans un cas comme dans l’autre, on murmure qu’on les aurait plutôt démissionnés…Jalousie, dénonciation d’autres prêtres ou de fidèles, comme c’est plus courant ? En effet, à moins d’une maladie impliquant une implacable dégénérescence, il faut une faute très grave envers le pape et l’Eglise pour démissionner, mieux, être acculé à la démission.

Autrement, il ne reste que la pression du chantage, un chantage fort, exercé par des gens implacables, prêts à tout. Comment ne pas songer aux réseaux homosexuels ? L’archevêque de Yaoundé a bouleversé leur confort il y a quelques années, dans une homélie qui n’a pas fini de parler d’elle. Les remous conduiront par la suite à la publication de listes d’homosexuels présumés de la république, qui impliquent plusieurs hautes personnalités. Une homosexualité contre laquelle le prélat a continué à se battre, ce qui a incité une prière universelle pour toute l’année liturgique 2013, à réciter après chaque messe dans l’ensemble des églises catholiques du Cameroun : pour la préservation de la vie.

Quel terrible secret, quelle arme aurait-on brandi pour faire chanter Mgr Tonye Backot et lui infliger un si terrible choix ? L’argent qu’on l’accuse d’aimer un peu trop, ou alors les femmes, que certains lui prêtent volontiers avec une certaine légèreté ? D’aucuns lui reprochent aussi sa forte implication, en politique notamment, et on l’accuse d’ailleurs d’avoir souvent usé, voire abusé de ses relations privilégiées avec le pouvoir pour pousser ses pions personnels vers le sommet.

En plus de gros chèques présumés perçus de certaines personnalités, on le soupçonne, depuis 2004, de vouloir porter des noms comme Nyodock Périal, Dg de Tradex, Louis Yinda, Dg de Sosucam, ou encore Charles Metouck, ex Dg de la Sonara (lui, déjà écroué à la prison centrale de Kondengui) à l’attention de Paul Biya, en vue de négocier des postes de ministres… Faut-il occulter ces clameurs retentissantes causées par la colère de chrétiens à Yaoundé concernant d’éventuels détournements fonciers ? Trop de pistes sans doute… Reste à savoir à qui profite cette abdication inattendue

© Le Jour : Pauline Poinsier-Manyinga


31/07/2013
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