Les places coûtent cher dans les marchés en construction à Yaoundé

Les places coûtent cher dans les marchés en construction à Yaoundé
(Cameroon-Tribune 13/01/2011)


Dans les espaces aménagés par la Communauté urbaine, les façades pimpantes cachent mal un trafic grandissant, qui renchérit les coûts d’acquisition.

A Yaoundé, certains marchés de la capitale du Cameroun vivent une nouvelle jeunesse. Au marché Mokolo, des boutiques en cours de finition irradient de leur « jeunesse » triomphante l’ambiance jadis chaotique de l’une des plus grandes places marchandes de la ville. Pas très loin de là, à Etetak, un alignement de bâtisses finit de maquiller le vieux visage du quartier. Ici, comme à Mendong, les marchés en cours d’aménagement par la Communauté urbaine de Yaoundé (CUY) s’affichent fièrement. Bien mieux loti, le marché central, depuis quelques mois déjà, a vu son nouvel espace marchand ouvert. Un bâtiment pimpant de deux niveaux, qui abrite environ 150 commerces.

Pourtant, derrière les vitrines attrayantes, des trafics aux relents pas nets alimentent les ragots. Une histoire d’arnaque en série, que les différentes parties prenantes se renvoient, dans une sorte de partie de ping-pong sans arbitre. Au marché central, des commerçants racontent que des « démarcheurs » qu’ils n’ont jamais rencontrés leur ont permis d’acquérir leurs boutiques, à grands coûts. 13 millions de F pour l’un, 15 pour sa voisine… En plus, ils doivent payer des frais supplémentaires, pour le loyer et d’autres services nécessaires à la bonne marche de leur commerce. A la CUY, les officiels affirment qu’il faut juste un million de F d’avance sur loyer. Une somme destinée au préfinancement des espaces, et qui est d’ailleurs amortie tout au long du bail. Et le directeur par intérim des affaires financières et économiques, Joseph Mbida Ntsama, de renchérir : « Ceux qui prennent sur eux de marchander ce qui n’est pas en vente prennent des risques, et tout peut leur arriver ». Ce n’est visiblement pas assez pour dissuader tous les roublards alléchés par le gain facile. Entre les démarcheurs, ceux des opérateurs passés spécialistes de la sous-location, les concessionnaires agrées par la CUY ont de plus en plus de mal à rentrer dans leurs frais. Du coup, certains s’en trouvent obligés de déroger au texte du Premier ministre, qui en 2002 fixait les taux maxima des taxes communales indirectes. Les loyers dans les marchés, selon ses termes, devraient osciller entre 5 000 et 60 000 F, selon les superficies allant de 4 à 24 m2.

Dans un ultime effort de compréhension, un observateur tente d’expliquer ce rush par le fait que partout où ces boutiques ont été aménagées, la demande est toujours plus forte que l’offre. Les 150 boutiques du marché central, les 500 de Mendong et Etetak et le millier de Mokolo, ne sont de toute évidence pas suffisantes pour recaser les près de 5 000 commerçants déguerpis du seul marché central… En attendant que se concrétise l’annonce faite par la CUY de la construction d’autres espaces dans d’autres marchés, la course aux boutiques risque bien de ne pas s’arrêter. L’appât du gain est bien trop grand.

Serges Olivier OKOLE

© Copyright Cameroon-Tribune



13/01/2011
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