Les Non-dits : Comment Ama Tutu Muna roule les artistes

Le Messager

Marco Mbella, Prince Afo Akom et les autres attendent des subventions promises par le ministre de la Culture.

Marco Mbella, artiste musicien camerounais bien connu de la scène discographique, ne sait plus où donner de la tête. Après la sortie officielle de son dernier album intitulé «Cameroun indépendant» au mois de mai 2010, qui, au verso, porte la mention : «Cette œuvre a bénéficié d'une subvention du ministère de la Culture du Cameroun au titre du compte d'affectation spéciale pour le soutien à la politique culturelle», Marco Mbella continue de trinquer. La star du makossa, du zouk, du slow... ronge toujours son frein en attendant le kopeck promis par son ministère de tutelle. C'est que, suite à une demande d'aide pour la production d'un album musical que « Le Rassembleur » Marco Mbella comme on l'appelle affectueusement a introduite au ministère de la Culture (Mincult), Ama Tutu Muna, en charge de ce département ministériel, lui a signifié son accord, à travers une correspondance datant du 6 mai 2010 et dont Le Messager a eu une copie.

«J'ai l'honneur de vous informer que votre demande d'aide (...) a favorablement retenu mon attention. Aussi voudrais-je vous faire part de mon accord de principe pour un soutien financier dans la limite des disponibilités budgétaires de mon département ministériel» écrit-elle. Pour l'artiste les préjudices subis du fait de la non perception de la manne ministérielle sont tels qu'il paraît aux yeux de ses collègues qui ont apporté leurs voix et leurs touches à la réalisation de cet album, comme un harpagon des temps modernes. «Les artistes qui m'ont soutenu, une quinzaine au total, pensent que j'ai perçu trois millions Fcfa, puisque c'est ce montant qui est le plus souvent décaissé en pareille circonstance, et que je refuse de redistribuer». Plus grave, Marco Mbella a franchi le rubicond et court le risque de toucher le fond. «J'ai dû puiser dans mes économies pour assurer la promotion de cet album dans l'espoir que je serai en possession de la subvention de l'Etat. Aujourd'hui, je suis surendetté.» Explique le chanteur visiblement désabusé.

Contraintes budgétaires

Pour parer au plus pressé, l'artiste a entrepris des rappels restés lettres mortes. Mêmes les contacts avec certains collaborateurs de la ministre de la Culture, à l'instar de M. Ambara, proche du dossier, se sont soldés par des échecs. Pis, «La ministre ne me prends plus au téléphone» conte-t-il tout dépité.  A la vérité, cette scabreuse affaire exhale un désagréable parfum de promesse non tenue de la part du ministère de la Culture et pose le problème de la qualité des œuvres subventionnées par le fameux compte d'affectation spéciale à la politique culturelle. Selon nombre de mélomanes, l'album «Cameroun indépendant» aurait pu être retenu comme hymne du Cinquantenaire de l'indépendance. A la décharge de la ministre de la Culture, Marco Mbella a reçu un coup de fil d'Ama Tutu Muna qui le félicitait après avoir regardé le vidéogramme où toutes les aires culturelles du Cameroun sont représentées à travers la participation d'autres artistes issus des dix régions du Cameroun et le bilinguisme qui y est exalté.

Jointe au téléphone lundi 3 janvier 2011 par le reporter du Messager, Ama Tutu Muna explique qu' «il y a des contraintes budgétaires qui font que le compte d'affectation spéciale pour le soutien à la politique culturelle n'est pas toujours approvisionné à temps. Ce qui justifie des reports au titre du prochain exercice budgétaire. En tout cas, le ministère de la Culture s'est engagé à subventionner cette œuvre. Elle le sera, peut-être pas selon le vœu de Marco Mbella que j'ai d'ailleurs félicité. Il n'est d'ailleurs pas le seul artiste dans ce cas de figure».

Quid de Prince Afo Akom ?

Un autre artiste, qui rumine sa colère est Prince Afo Akom. L'artiste qui avait reçu une distinction en 2010 à la cérémonie des récompenses des artistes organisée par la chaîne de télévision Canal 2 International sous l'appellation de «Canal 2Or» devait également recevoir des organisateurs un chèque d'un million Fcfa promis par le ministère de la Culture. Pour Ama Tutu Muna, «le ministère de la Culture n'a aucun engagement avec M. Afo akom. Le Mincult a plutôt un engagement avec Canal 2 International qui organise l'évènement. Nous leur avons demandé de nous faire parvenir leur compte d'emplois qui nous permettrait d'établir des pièces comptables et justificatives. Car il s'agit quand même de 9 millions Fcfa...» indique la Mincult.


05/01/2011
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