Les heurts ont fait au moins six tués et huit blessés

Les heurts ont fait au moins six tués et huit blessés
(Le Parisien 16/12/2010)


Les forces de l'ordre fidèles à Laurent Gbagbo ont dispersé ce jeudi matin des partisans d'Alassane Ouattara. Il y aurait eu au moins six morts.
Guillaume Soro, Premier ministre d'Alassane Ouattara - l'un des deux présidents ivoiriens proclamés - a exhorté jeudi la population à poursuivre sa «mobilisation» contre le régime de Laurent Gbagbo afin de prendre le contrôle de la télévision d'Etat à Abidjan. Il invite la population «à ne pas se laisser distraire par cette dictature des chars et à réclamer la liberté de l'information pluraliste par les médias d'Etat»,selon un communiqué publié par ses services.

A l'appel d'Alassane Ouattara, plusieurs milliers de personnes sont descendues dans les rues jeudi matin pour marcher sur la télévision RTI, un pilier du régime Gbagbo. Des échanges de tir à l’arme lourde étaient même signalés en début d'après-midi aux abords de l’hôtel du Golf, siège du quartier général d’Alassane Ouattara et de son Premier ministre. De source concordante, les deux hommes étaient à ce moment-là toujours dans l’hôtel.

Six morts par balles

Comme attendu, la tension est montée d'un cran ce jeudi. Quatre personnes ont été tuées par balles au moment où les forces de l'ordre dispersaient des manifestants partisans d'Alassane Ouattara qui voulaient marcher sur la télévision d'Etat ivoirienne, ont rapporté des journalistes de l'AFP et des témoins.

Les Forces nouvelles (FN) qui protègent Alassane Ouattara, retranché dans l'hôtel du Golf, à Cocody, qui lui sert de «présidence», ont fait état de deux tués dans leurs rangs, et d'un blessé.

Entre 300 et 400 jeunes qui tentaient de quitter le quartier d'Abobo (nord) ont été dispersés à l'aide de gaz lacrymogènes par une quinzaine de membres des Forces de défense et de sécurité (FDS). Un journaliste de l'AFP a pu voir trois jeunes étendus à terre, inertes, sans qu'il soit possible dans l'immédiat de déterminer leur état. Dans un autre quartier populaire, Koumassi (sud), un journaliste de l'AFP a vu la Croix-Rouge emporter le corps d'une victime également tuée par balle.

Chasse à l'homme dans les rues

Dans le quartier de la polyclinique Sainte-Marie, une chasse à l’homme entre forces de l’ordre à bord de pick-up et une poignée de manifestants a dégénéré, en fin de matinée, en une fusillade d’une vingtaine de minutes. Selon le site de RFI, un journaliste de l’agence Reuters a été blessé. Il s’est fracturé la jambe et a été amené à la polyclinique toute proche.

Dans le quartier d'Adjamé, situé à proximité d'Abobo, d'autres jeunes manifestants ont barré une route et jeté des pierres, mais des gendarmes les ont dispersés en tirant en l'air. Les journalistes français présents dans la capitale ivoirienne ont entendu des coups de feu, en plus des tirs de sommation mais ils sont empêchés de se rendre dans les quartiers concernés.

Tôt dans la matinée, alors que les soutiens d'Alassane Ouattara marchaient vers le siège de la télévision d'Etat ivoirienne, la RTI, à Abidjan, le périmètre avait été hermétiquement bouclé, dès 7 heures, heure française, par les FDS loyales à Gbagbo. Aux deux extrémités de la grande artère longeant la RTI, des blindés ont pris position et pointent leur canon vers l'extérieur du périmètre.

Des affrontements ont également eu lieu dans d'autres villes. A Yamoussoukro, sept personnes ont été blessées par balles lorsque les forces de l'ordre fidèles à Laurent Gbagbo ont dispersé une manifestation. Mercredi, plusieurs personnes avaient déjà été blessées par balles.

Des éléments de l'ex-rébellion ivoirienne, favorables à Alassane Ouattara, et des forces fidèles à Laurent Gbagbo se sont affrontés jeudi à la mi-journée à Tiébissou, dans le centre de la Côte d'Ivoire, a-t-on appris auprès des deux camps.

Paris appelle au calme

L'inquiétude des Ivoiriens a été relayée par la France, qui a appelé «à la retenue de part et d'autre». «On ne craint jamais le pire mais on craint effectivement des violences», a estimé Michèle Alliot-Marie, ministre des Affaires étrangères, sur LCI. «Il faut éviter toute violence. La Côte d'Ivoire n'a pas besoin de ça», a-t-elle ajouté.

Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) Luis Moreno-Ocampo a prévenu jeudi qu'il engagerait des poursuites contre quiconque serait responsable de violences meurtrières, dans un entretien à la télévision France 24.

Alassane Ouattara a été désigné vainqueur par la commission électorale et reconnu président par la communauté internationale. Mais le Conseil constitutionnel ivoirien, acquis au sortant, a invalidé ces résultats et proclamé la victoire du sortant Laurent Gbagbo. Les deux hommes ont chacun formé un gouvernement.


Des tirs dans les rues d'Abidjan
(Europe1 16/12/2010)


Les pro-Gagbo et les pro-Ouattara s'affrontent en Côte d'Ivoire. Premier bilan : 6 morts.

Des combats à l'arme automatique et à l'arme lourde jeudi, à Abidjan et à Yamoussoukro. La Côte d'Ivoire est en train de plonger dans la violence, après plusieurs semaines de tension post-électorale. Un premier bilan, de sources concordantes, fait état de six morts et au moins huit blessés. Mais ce bilan pourrait s'alourdir dans les heures à venir.

Les tensions se cristallisent entre les forces de l'ordre, fidèles à Laurent Gbagbo, le président sortant qui s'est autoproclamé vainqueur du scrutin, qui se sont déployées jeudi pour disperser des partisans d'Alassane Ouattara, donné gagnant de l'élection présidentielle, et qui avaient eux décidé de marcher en direction de la télévision d'Etat ivoirienne, la RTI.

La RTI, premier objectif
Un objectif très stratégique puisque la RTI est, depuis l'éclatement de la crise née de la présidentielle du 28 novembre, tout entière dédiée à la défense du régime de Laurent Gbabgo.

Vendredi, les partisans d'Alassane Ouattara comptent cette fois prendre possession de la résidence officielle du Premier ministre, la "Primature", occupée par le Premier ministre du camp adverse, Aké N'Gbo. Ces bureaux sont voisins du palais présidentiel où siège Laurent Gbagbo, tandis que le camp Ouattara est retranché dans un grand hôtel.

Paris appelle "à la retenue"
La communauté internationale a multiplié les appels au calme au cours des dernières heures. Le chef de l'ONU Ban Ki-moon a dit redouter un "retour à la guerre civile" dans ce pays coupé en un sud aux mains du camp Gbagbo et un nord Forces Nouvelles depuis le putsch manqué de 2002.

"Nous appelons à la retenue de part et d'autre", a aussi déclaré Michèle Alliot-Marie jeudi matin sur LCI. "Je crois effectivement qu'il faut éviter toute violence. La Côte d'Ivoire n'a pas besoin de ça", a conclu la ministre des Affaires étrangères.

r Europe1.fr avec AFP


Publié le 16 décembre 2010 à 10h10


16/12/2010
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