Les "grandes réalisations" qualifiées d'incantations

Les "grandes réalisations" qualifiées d'incantations

Cameroun : Les "grandes réalisations" qualifiées d'incantationsUn débat d’universitaires a débouché hier sur cette conclusion à Yaoundé. « Les grandes réalisations sont un mensonge  politique brandi par le régime du Rdpc (Rassemblement démocratique du peuple camerounais) pour ne pas en venir à une évaluation politique sérieuse ». C’est du moins ce qui ressort de la « grande palabre » qui s’est tenue hier dans la salle des conférences du Djeuga hôtel à Yaoundé. Organisée le Groupe Samory, éditeur de Germinal, et Harmattan Cameroun, ce débat avait pour thème « les grandes réalisations : quelle crédibilité ? ».

Comme panélistes, on a noté la présence de nombreux universitaires camerounais au rang desquels : Armand Leka Essomba, Sociologue, Eric Mathias Owoana Nguini, Pascal Charlemagne Messanga Nyamding, Léopold Donfack Sokeng, tous politologues. Durant cet échange d’environ quatre heures, il était question d’une part de définir le concept « des grandes réalisations », et d’établir la différence entre « les grandes réalisations » et « les grandes ambitions ». Slogan politique du président Paul Biya lors de l’élection présidentielle de 2004.

Selon Mathias Eric Owona Nguini, les grandes réalisations « sont un slogan particulièrement absurde qui participe de la logique de l’incantation politique et du fétichisme des dirigeants du Rdpc ». L’universitaire pense par ailleurs que ce concept est avant tout un argument  électoraliste. « Le président Paul a promis au peuple camerounais dans l’un de ses discours de campagne,  qu’à partir du 1er janvier, le Cameroun tout entier serait en chantier. Mais rien n’a été fait jusqu’à ce jour », remarque t-il.Ce d’autant plus que la Constitution dans son article 5, prévoit que le président de la République est chargé de définir la politique générale de l’Etat.

Tandis que le gouvernement est chargé de la mise en œuvre de cette politique, telle que définie par le chef de l’Etat (art.15). «  Le fait que le Président Paul Biya demande des feuilles de route à ses ministres augure de ce que les projets structurants ne sont pas pensé en amont. Nous sommes dans un système d’improvisation et de projections spéculaires », conclut Mathias Eric Owona Nguini visiblement courroucé.

Un avis presque partagé par le sociologue Armand Leka Essomba. Etablissant le lien dialectique entre « les grandes ambitions et « les grandes réalisations », l’universitaire estime qu’il s’agit d’une manœuvre linguistique mise en place par les dirigeants du Rdpc dans le but de détourner l’attention des populations des véritables problèmes sociaux. « The greats achievements », traduction de l’expression  « grandes ambitions » utilisé en 2004, signifie selon les anglo-saxons « grandes réalisations ». remarque cet intellectuel.

Charlemagne Messanga Nyamding déplore, quant à lui, l’exclusion des militants du Rdpc dans la mise en œuvre « des projets structurants ». Selon ce membre titulaire du comité central du Rdpc, les discours du président Paul Biya demeurent un mythe. « Les acteurs politiques doivent s’approprier le discours politique. Le risque aujourd’hui est de voir les  grandes réalisations ne tomber dans l’imaginaire ».

© Mutations : Daniel Ndjodo Bessala


29/01/2012
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