Les fossoyeurs d'Afriland First Bank

Cameroun: Les fossoyeurs d'Afriland First BankLe temps des grandes manipulations.C'est tout à l'avenant au Cameroun. A chaque alerte du gendarme du système bancaire en Afrique centrale au sujet d'une banque au Cameroun, des braves à la petite solde prennent du service. Ils se surprennent à jouer les contreexperts. Il est improbable qu'ils sachent même de quoi ils parlent, mais ils glosent et ils dissertent à longueur de colonnes et de bafouilles sur le net.

On l'a vu avec la CBC de Michel Fotso, le rapport de la Cobac repris par un journal de la place indiquait que la situation était définitivement compromise. Des olibrius de la tribu passés journalistes et experts se sont emparés du dossier. Il y a en un, qui ne s'est contenté d'attaquer le rapport de la Cobac.

Il faisait mieux : il avait entrepris d'instruire un procès contre le journal indélicat qui avait eu le culot de publier le rapport de la Cobac et d'en conclure que la CBC était à l'article de la faillite. On connaît la suite. Le procès en diffamation ne sera jamais intenté contre le journal, la CBC sera bel et bien mise sous administrationprovisoire. La banque ne sera sauvée que grâce à une décision politique de l'Etat qui décide de la recapitaliser.

Le nouveau job des objecteurs de conscience et d'expertise n'est pas gratuit. Le journaliste de la tribu qui avait pris sur lui d'intenter des procès aux confrères avait aussi servi une note de frais à la banque CBC : il voulait 100 millions, pas moins, pour ses gesticulations. Alors que les propriétaires de la banque eux-mêmes savaient que la situation financière de l'institution était compromise. Le journaliste, idiot et zélé, n'aura pas les 100 millions et la CBC va se retrouver sous administration provisoire.

Mêmes logiques d'impostures et d'hypocrisies.

On a eu la CBC, on va aussi avoir Afriland First Bank. Le rapport de la Cobac a fuité depuis deux semaines, alors qu'il date de six mois au moins. Un quotidien paraissant à Douala publie un encadré laconique dans lequel il annonce que " la Cobac adoucit ses critiques contre Afriland" L'imposture flagrante est longue comme une couleuvre de cinq mètres. Personne ne peut l'avaler. Pour trois bonnes raisons.

Primo, on ne nous dit pas à quelle occasion la Cobac est revenue sur les conclusions de son rapport. Certainement au hasard d'une virée en boîte de nuit, au coin d'un bon champagne. Ce n'est pas en  endroits que se décident les gros démentis.

secundo. La Cobac a plutôt mal à sa réputation et à la perception de sa compétence depuis quelques années. Elle accumule des procès à la Cour d'arbitrage de N'Djamena. Au point que, au dernier sommet de la Cemac à Brazzaville, Sassou Nguesso a clairement dit dans sa déclaration finale qu'il fallait revoir jusqu'au principe même de l'institution de la Cobac.

On évalue bien que la Cobac ne va pas ellemême se savonner la planche en disant le contraire de ce qu'elle a couché dans un rapport qu'elle aura mis au moins un an à compiler. Lorsqu'on est dans la situation des fonctionnaires de la Cobac, on évite soigneusement de se reprendre et de se faire reprendre. Sinon, on donne la caution  à toutes les sanctions d'incompétence qui vont tomber.

Tercio : La Cobac peut s'être trompée dans les conclusions de son rapport. FokamKammogne, le grand gourou de l'institution Afriland, a été surpris de voir le rapport à tous les coins de rue dans les colonnes d'un journal. Il tient tellement bien ses troupes, il en est à penser que le journaliste qui s'est retrouvé en possession du document " venimeux " a eu accès par effraction à ses bureaux, à ses tiroirs ou à ses coffres-forts.

Fokam est littéralement planté. Les fuites viennent de sa propre maison. Et le rapport est inattaquable. S'il ne l'était pas, le patron d'Afriland aurait eu l'intelligence d'une belle conférence de presse " publique " pour confondre les amis de la Cobac. Au lieu de commettre la " Nouvelle Expression ", à coups payants, pour une besogne abrutie de saltimbanques. Pour défendre Fokam et Afriland, il faut pouvoir répondre à cinq questions fondamentales:

1.Fokam Kammogne trafique-t-il les comptes de sa banque ? Il les bidouille au point que personne n'y voit rien. On ne sait par exemple pas comment il organise son alchimie de la transformation de dépôts à court terme en ressources longues. C'est avec ce genre d'astuces que des scandales comme celui d'Enron aux Etats-Unis qui ont laissé une ardoise de 15 milliards de dollars.

2. La banque Afriland affiche dans ses bilans une situation très élogieuse. Avec 480 milliards de dépôts, la banque " nationale
" sert des crédits de 350 milliards. Il faudrait applaudir. Mais on cessera d'applaudir lorsqu'on saura que la moitié de tous ces milliards classés " crédits à l'économie " servent à financer les entreprises personnelles de Fokam Kammogne. Afko Cement, Sitron, Unicam, Cam Tobacco, etc. Si ce n'est pas du voyoutisme bancaire grand chic, c'est forcément autre chose. Il faudra répondre à la question.

3. En bon chevalier du capital risque, il s'invite à tous les tours de table avec Cenainvest. Il a associé des institutions internationales comme le FMO, ça marche bien et fort. Seulement, il fait le business avec l'argent des autres. Sa Cenainvest pointe des créances douteuses à Afriland. Est-ce vraiment réglementaire ?

4. La mise des clients est-elle en danger ? A tout bien évaluer, elle l'est. Tant que Fokam n'aura apporté pour au moins 40 milliards d'argent frais pour la recapitalisation de sa banque.

5. Quel Camerounais sérieux et patriote en serait à souhaiter que Afriland ferme boutique ? Des abrutis, il y en a partout. Comme ceux qui ont parié pour une défaite des Lions indomptables face au Cap-Vert.

Mais on sait qui tient à faire mentir les rapports de la Cobac. Le Groupe la Nouvelle Expression est un client traditionnel de la CCEI. On se croit obligé d'imposter en direct pour mériter plus loin les secours du banquier du village.

© L' Equation : David Serge Behle


13/11/2012
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres