Les filles-mères inondent le Nord-Ouest

Les filles-mères inondent le Nord-Ouest

Fille Mere:Camer.beLes grossesses précoces sont légion. Elles sont nombreuses ces filles qui, à la faveur d’une grossesse précoce, deviennent des mères adolescentes. Le phénomène est si récurrent et passe pour être “ une tragédie mondiale qui n’épargne aucun pays, même les plus industrialisés ”. Le Cameroun en général et la province du Nord-Ouest en particulier n’échappe pas à ce phénomène qualifié de tare sociale. Que ce soit à Wum, à Kumbo, à Bamenda, et autres chef-lieux de département, les jeunes filles se comptent par centaines. Pour le seul cas du village Babessi dans le département du Ngoketunja, l’on a identifié dans “ trois quartiers seulement près de 150 filles-mères adolescentes ” sur une population d’environ 6000 âmes. A Wum chef-lieu du département de la Menchum, c’est presqu’une tradition. Les jeunes filles se livrent à une concurrence pour faire des enfants très tôt. D’aucuns affirment que cela une preuve palpable de la fécondité de la jeune fille et un moyen dissuasif au cas où un prétendant la demanderait en mariage.

Sur le plan national, et si on s’en tient à l’étude réalisée entre 2000 et 2003 par Flavien Ndonko, coordinateur du projet pour la Gtz “ on s’aperçoit qu’il y a près de 4000 adolescentes mère-célibataires dans trois provinces au Cameroun ”, affirme Mme Dameni Oussematou pour qui il serait judicieux de s’en préoccuper.

Concernant les causes de ce phénomène, il faut aller les chercher d’abord dans le désoeuvrement des filles, l’absence d’éducation de base, le manque de compétence de ces jeunes filles pour se vendre sur le marché du travail, la pauvreté, l’insuffisance d’éducation sexuelle et surtout l’ignorance. Les traditions et coutumes dépassées sont aussi à mettre en relief.

Parlant de la pauvreté, certains parents encouragent leur progéniture à aller se prostituer pour assurer la survie de toute la famille. Aussi, le sexe étant un sujet tabou dans les familles, certains parents éprouvent des difficultés à évoquer ces questions avec leurs enfants. D’autres parents ne s’y connaissent même pas, abandonnant ainsi l’enfant dans l’ignorance. Dans les deux cas, les conséquences vont au-delà de la simple grossesse précoce. Il y a aussi des Mst ou le Vih sida qui, naturellement, les conduit vers la tombe. Devenues un fardeau de plus pour la famille, d’autres, à force de chercher à avorter, se donnent la mort.

Pour Mme Oussematou Dameni, le début de solution passe d’abord par la sensibilisation aussi bien de la jeune fille que des parents. Elle est d’avis qu’il faudrait instaurer au sein de la famille un véritable climat de communication, de dialogue sur le sujet entre parents et enfants. Au-delà de ces aspects, la formation à l’emploi couronnée par l’insertion de ces filles-mères dans des activités décentes et génératrices de revenus, apparaît comme l’une des voies salutaires à l’éradication de cette gangrène. Même si, malgré cela, on observe quelquefois certaines de ces filles-mères qui, bien que bénéficiant d’une autonomie financière, se “ livrent ” toujours à une prostitution non justifiée.

© Le Messager 07 : Donat SUFFO


30/06/2012
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