Les dessous de l’affaire du Crédit Foncier du Cameroun.

Les dessous de l’affaire du Crédit Foncier du Cameroun.

Cameroun : Les dessous de l’affaire du Crédit Foncier du Cameroun.Les accusés dans l’affaire du Crédit Foncier seront devant la barre en appel le 4 juin prochain. Largement après le délai imparti par la loi. Une scabreuse affaire où des gens croupissent en prison gratuitement. Où un grand projet de logement sociaux a été torpillé et sacrifié à l’autel des intérêts particuliers des dirigeants.

Dans la perspective de l’extension du projet de construction ayant abouti à l’édification de 106 logements sociaux par le Crédit Foncier du Cameroun (CFC) au lieu dit Olembé à Yaoundé, la Banque de l’Habitat social (autre appellation du CFC) a bénéficié du Gouvernement de la République de, l’octroi de 70 ha de terrain. Ceci en vue de la construction de 1034 logements sociaux pour un coût global avoisinant 15 milliards de francs CFA.

La mise en forme de ce projet et sa concrétisation a impliqué trois départements ministériels (Ministère des Finances et du Budget, Ministère des Affaires foncières, Ministère de la Ville et du Développement urbain) et une société parapublique, la Maetur (Mission d'Aménagement et Equipement des Terrains Urbains et Ruraux). Après deux sessions du Conseil d’Administration (CA) ponctuées par des débats houleux tournant presqu’à l’affrontement, entre d’un côté les membres du CA acquis à la cause des représentants de la Primature et de la Présidence de la République, et de l’autre, les administrateurs acquis au projet de restructuration du CFC validé par le Gouvernement et la commission bancaire de l’Afrique Centrale (Cobac) et dont le projet immobilier Olembé extension constituait la pierre angulaire.

C’est donc ce deuxième groupe d’Administrateurs qui finit par remporter la majorité au cours des débats, consacrant ainsi le démarrage officiel de cet ambitieux projet en mars 2005. Selon nos sources au CFC, ces débats houleux ne sont en réalité que des guerres d’intérêt que se livrent les dirigeants sociaux de l’époque, qui avaient une vision du projet différente de celle de l’ex-premier Ministre (Inoni Ephraim) et l’ex secrétaire général de la Présidence de la République (Jean-Marie Atangana Mebara) préoccupés d’avoir leur part du gâteau en espèces sonnantes et trébuchantes.

En mars 2005, les dirigeants sociaux du CFC signent les conventions de financement et de construction du projet Olembé extension avec le promoteur immobilier (Sté Atlantic Group) et l’entreprise de BTP Sud africaine (Groupe Five). Cette dernière sera présentée par les détracteurs du projet (ceux là même qui avaient été mis en minorité au sein du CA)  comme une entreprise appartenant aux deux dirigeants sociaux (Bo'oto à Ngon André alors Pca décédé en prison, et Joseph Edou le Dg incarcéré au SED) et à trois cadres du CFC (Essama Zoh Gervais Martin, Mme Kwa Mbette, Meke Raphaël).

Ces trois cadres connaissent à ce jour les pires moments de leur existence depuis que Camille Ekindi (limogé depuis) a été parachuté à la tête du CFC. C’est finalement dans cette guerre larvée que des rapports seront ficelés à partir de la primature vers la Présidence de la République, tous présentant le projet immobilier Olembé extension comme un marché public de gré à gré passé par Bo'oto à Ngon André et Joseph Edou sans l’accord préalable de l’autorité des marchés au Cameroun (Premier Ministre).

Nos informateurs affirment que l'ex PM, las de réclamer "sa part" soit 500 millions à Tchouffa Roger (Un homme d'affaires camerounais établi aux Usa), se serait juré de faire capoter le projet et faire payer cher au dirigeants. Après le premier déblocage de fonds intervenu en mars 2005 au titre de l’avance de démarrage du projet Olembe extension, de jeunes filles proches de l’ex secrétaire général de la Présidence de la République citaient, à qui voulaient les entendre, les noms des personnes qui allaient être interpellées dans l’affaire CFC à venir, soit dix mois avant le déclenchement de l’opération épervier le 21 février 2006.

"Le limogeage de Bo'oto à Ngon André (mort en prison NDLR), Joseph Edou  et l’arrivée à la tête du CFC des hommes de main de Jules Doret Ndongo et Camille Ekindi survient le 13/09/2005. L’ex Secrétaire Général de la Présidence de la République et l’ex Premier Ministre finissent par avoir raison des deux rebelles Bo'oto à Ngon André et Joseph Edou en installant enfin aux commandes du CFC, leurs poulains Jules Doret Ndongo et Camille Ekindi. Le premier dossier sur lequel s’acharnera le nouveau Directeur Général sera inéluctablement le dossier Olembe extension." Se désole notre source.

Elargir et sécuriser la mangeoire.

C’est ainsi qu’il fait revenir l’ex Directeur Financier, Thomas Balla Amougou, remis à son administration d’origine par l’ex équipe dirigeante et créera un comité ad hoc interne composé de ses deux proches Alexandre Schouame et Bakinde Yvette dont la mission portera sur l’examen des aspects juridiques, technique et financiers du dossier Olembe extension.

La première session du Conseil d’Administration sous la présidence de Jules Doret Ndongo instruira Camille Ekindi de commettre un expert juriste afin de ressortir les dols éventuels que décèleraient les différentes conventions et avenants signés par les parties dans le cadre du projet Olembe extension.

L’avocat du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (Rdpc), parti politique du Président Paul Biya, Maître Guy Noah sera choisi pour les besoins de la cause et à peine avait-il déposé son rapport au CFC que Camille Ekindi, obnubilé par ses rapports intimes avec l’ex Secrétaire Général de la Présidence et l’ex Premier Ministre, prendra sur lui sans l’avis du conseil d’administration de rompre toutes les conventions sus évoquées ignorant la sécurité des fonds débloqués par le CFC dans le cadre de ce projet (3,581 milliards de francs CFA).

C’est le dossier Olembe extension qui justifiera finalement que le Crédit Foncier du Cameroun (BO’OTO   NGON André, EDOU Joseph et autres) apparaisse au hit parade du 21 février 2006, tant INONI Ephraïm et Jean Marie Atangana Mebara avaient des comptes personnels à régler aux ex-dirigeants sociaux du CFC. Les autres chefs d’accusation du dossier CFC n’auront servi que de prétexte pour justifier le procès qui a été conduit avec une passion extraordinaire. Par le représentant du banc du Ministère public AWONO Elele Ambroise.

Les tribunaux américains saisis.

Pour la bonne information des lecteurs, le dossier Olembe extension est pendant auprès la justice américaine suite à la rupture abusive des conventions par Camille Ekindi. Dans une de ses sorties médiatiques, maître Akere Muna qui défend les intérêts du Cameroun, dans cette affaire, affirmait avoir réussi à faire épargner au Trésor  camerounais une dépense de 200 milliards de francs CFA au titre de dommages et intérêts que réclament les partenaires extérieurs des conventions résiliées.

Mais que cachait cette sortie médiatique de Maître Akere MUNA? Est-ce une justification des sommes hallucinantes mises gracieusement à sa disposition par Camille EKINDI ou alors un coup de publicité politique ? L’affaire du CFC est celle qui bat tous les records de retard et de tripatouillage à ce jour entre les mains de la justice camerounaise.  Six années après le début des poursuites, ce dossier dort toujours entre les mains du tribunal de grande instance du Mfoundi à Yaoundé malgré la notification de l’appel aux parties depuis le mois de juillet 2010.

Tous les autres dossiers confiés à la justice camerounaise depuis le 21 février 2006 sont pour l’essentiel rendus déjà en cassation (Cour suprême): Port Autonome de Douala et Feicom, la société immobilière du Cameroun (SIC). Selon des sources, Inoni Ephraim (aujourd’hui incarcéré à son tour !) et l’ancienne équipe dirigeante du CFC, dont la liberté est désormais compromise, à la suite des bourdes accumulées dans la gestion du dossier Olembe extension faisaient des mains et des pieds pour bloquer l’ouverture des débats en appel avec la complicité de certains maillons de la justice camerounaise. Peine perdue donc. La vérité doit jaillir.

© L'Ouest Républicain : Guy Bernard Atenké


22/05/2012
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