Les curiosités de la nomination des 30 sénateurs

Douala, 14 mai 2013
© Ing. Dieudonné Kameni Djouteu (Corresp.) | Le Messager

Au lendemain de la nomination des 30 sénateurs, on se rend compte que le président de la République est resté fidèle à son principe qui consiste à prendre les mêmes pour recommencer, avec quelques panachages sans influence. L’occasion lui a ainsi été donnée, une fois de trop, de récupérer les amis grabataires en retraite depuis des années pour les ramener à la mangeoire. C’est du moins une curiosité qui n’en est plus une pour qui connaît sa méthode de gouvernance.

La deuxième curiosité est l’absence des sénateurs nommés issus de la vraie opposition pourtant représentée à l’Assemblée nationale à l’instar du Mp et de l’Udc. Il convient de préciser que le parti de Ndam Njoya a une écrasante majorité dans le département du Noun et contrôle par conséquent cette zone. Ce qui devrait en principe lui valoir des représentants dans la chambre haute si tant est que l’idée des nominations était une façon d’apporter une amélioration aux résultats des urnes afin que toutes les sensibilités soient représentées. Pendant ce temps, certains sénateurs sont paradoxalement issus des partis qui apparemment n’ont pas d’assises populaires.

Toujours dans le registre des curiosités, on ne saurait oublier les cas des nominations sans concertations préalables comme celle (par pitié ?) du secrétaire général de l’Undp qui a logiquement démissionné aussitôt. La même incongruité se retrouve dans les cas des nominations des sénateurs suppléants avec des titulaires appartenant à un autre parti.

A ceci vient s’ajouter ce qui avait déjà été considéré comme une curiosité depuis les consignes de votes qui ont permis d’octroyer 14 sièges gratuits au Sdf, dans une entente dont les contours restent mystérieux.

Aujourd’hui que le Sénat est effectif, l’Union démocratique pour le travail (Udt) relève un certain nombre de questionnements:

- Quel est le statut réel des 100 sénateurs-suppléants quand on sait qu’ils n’ont ni la possibilité de remplacer les titulaires, ni le privilège de quelque avantage lié à leur nouvelle fonction.

- Quel sera le rôle véritable et l’efficacité d’une chambre haute dans un Parlement à plus de 80% Rdpc, parti au pouvoir. Notamment en ce qui concerne les projets de lois qui vont passer comme lettre à la poste après quelques discussions pour la forme ? On se souvient du cas du projet de lois fixant à 3 millions de Fcfa le montant du cautionnement par tout candidat à la députation qui, dans un premier temps, est passé sans bavure, pour être rattrapé quelques mois seulement plus tard par un autre projet de loi où le gouvernement par la même voie et la même facilité l’a ramené à 1 million de Fcfa devant la même Assemblée nationale.

- Comment seront évalués les 100 sénateurs titulaires qui, en réalité, ne sont comptables que devant leurs partis politiques (70 %) et devant celui qui les a nommés (30%) ? La tâche sera d’autant plus difficile que le Conseil régional a encore du chemin, et ce n’est qu’avec la mise en place des Régions qu’on aura des vrais sénateurs issus des collectivités. C’est-à-dire qu’il faudra encore attendre au moins 5 ans pour qu’une telle volonté s’accomplisse.

Au regard de tout ce qui précède, l’Udt conclut que la mise en place du sénat à la veille des élections municipales et législatives de 2013 ne répondait qu’à une seule préoccupation : l’alternance pacifique mais verrouillée à la tête de l’Etat.

Ing. Dieudonné Kameni Djouteu,
Polytechnicien, Président National de l’Udt (Union des démocrates pour le travail)





14/05/2013
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