Les couacs de la démocratie camerounaise: Le vrai visage de Fru Ndi, Ekane Anicet, Dzongang…

YAOUNDE - 03 NOV. 2011
© Thierry Mbouza | La Météo
 
En bons africains, les leaders de l'opposition camerounaise devraient maitriser cette sagesse qui dit qu'on ne peut récolter que ce qu'on a semé. Ni John Fru Ndi, Albert Dzongang, Ekane Anicet, Adamou Ndam Ndjoya, Bernard Muna, et bien d'autres peuvent aujourd'hui utiliser tous les adjectifs pour qualifier l'élection présidentielle du 09 octobre dernier. Mais, le peuple qui est concerné en premier par ce scrutin n'est pas dupe. Si on considère par exemple le comportement du chairman du Sdf en 2007, lors des élections législative et municipale couplées, et sa réaction en 2004, après le refus de ses collègues de le désigner comme candidat unique de l'opposition, on peut comprendre la déception qui se lit de plus en plus sur les visages de nombreux camerounais quand on parle de Ni John Fru Ndi. En 2007 ce dernier et sa clique de protégés, composée à l'époque des Maitres Mbah Ndam et feu Augustin Mbami pour ne citer que ces deux là, ont fait main- basse sur les 500 millions de francs Cfa représentant l'enveloppe du Sdf pour la campagne électorale. Le chairman s'est tapé 7 ans d'arriérés de salaire, une centaine de millions pour son cabinet et deux véhicules tout terrain flambant neufs. Et comble de la bêtise, il n'a envoyé que 10 millions par Province pour la propagande du sdf. Après quelques petits remous la plupart des grosses légumes du Sdf avaient avalé la couleuvre, sacrifiant ainsi le peuple sur l'autel des intérêts égoïstes et mensongers. L'homme de Ntarikon, fidèle à sa logique a utilisé la même arme en 2004 face aux autres opposants : la trahison. Il avait réussi le tour de force de passer outre les décisions de la coalition et de déposer unilatéralement son dossier au Ministère de l'Administration territoriale, non sans traiter les autres au passage de "petits partis politiques”.

La honte. Ekane Anicet ou encore Albert Dzongang ne devraient pas eux aussi vite oublier qu'on les a vu plusieurs fois à l'œuvre, défendant des actes et des thèses qui allaient à l'encontre des intérêts de la populations qu'ils disent tant aimer. L'ancien président du Manidem et candidat à l'élection présidentielle du 09 octobre dernier, peut-il nier qu'il a par exemple joué un rôle trouble pour que l'affaire des "09 disparus de Bepanda" se tasse en 2001 ? C'est dans un hôtel huppé de la capitale économique, qu'il avait reçu en compagnie d'une personnalité célèbre dans les médias à l'époque, les leaders des familles des 09 disparus de Bepanda, victimes du Commandement opérationnel. Plusieurs témoins affirment que des sommes importantes d'argent ont circulé sous les manteaux pour obtenir in fine le silence et l'abandon des revendications qui salissaient l'image du Cameroun. Ekane Anicet peut-il dire aux populations les retombés de ses marches contre Aes- Sonel en 2004 ? De même, Albert Dzongang qui parle depuis le 15 octobre dernier de mascarade électorale et de parodie de démocratie ; peut-il avouer à ses autres pairs opposants combien de fois il a proposé ses services pour être coopter dans le gouvernement ? Les uns et les autres gagneraient donc aujour-d'hui, au lieu de s'enfermer dans une espèce de monologue stérile, à tomber le masque et à mieux s'organiser pour les prochaines échéances électorales de 2012 qui sont tout aussi déterminantes.



Mot d'ordre: Pourquoi l'opposition est "imbécile"


Ceux qui ont appelé au soulèvement populaire viennent d'échouer dans leurs desseins machiavéliques, avec en tête un Fru Ndi transformé en maître chanteur.

"Le Sdf paye (…) son propre aveuglement et son incapacité à analyser objectivement les transformations de la société camerounaise, à s'engager dans une lutte politique sur le long terme. Et donc nous avons à faire aujourd'hui à une opposition imbécile, qui ne sait pas faire masse et qui a perdu énormément de sa crédibilité." Achille Mbembe, historien et enseignant camerounais basé en Afrique du Sud, est connu pour n'avoir jamais été tendre vis-à-vis du pouvoir en place dans son pays. Sa déclaration, faite au lendemain de l'élection présidentielle du 9 octobre dernier, trahit un dépit par rapport à un parti en particulier, et à un camp en général su lequel quelques Camerounais avaient jeté leur dévolu il y a deux décennies.

Sur le chemin de la bataille pour ce qu'ils considéraient comme l'avènement d'une vraie démocratie camerounaise, beaucoup de nos opposants ont en effet eu le temps d'étaler leur incurie, leurs ego surdimensionnés et leurs petits calculs mesquins. Le résultat de cet état de choses se traduit aujourd'hui par un rejet, pire, un fort sentiment de répulsion vis-à-vis de ceux-là qui font actuellement figure de véritables vendeurs de vent. Cette assertion peut être vérifiée à l'image de la dernière élection présidentielle. Ceux qui se sont hasardés sur le terrain arrivaient à peine à attirer une poignée de curieux. Les autres, parce que sans idéologie à part "faire partir Biya", allaient se répandre dans les médias pour vendre leur camelote politique.

Egoisme. En 2004, cette opposition-là, composée de "vrais démocrates", a lamentablement échoué à se donner un candidat unique pour affronter le président sortant. Les égoïsmes ont de nouveau œuvré dans l'ombre, et l'"unité" s'est honteusement manifestée en rangs dispersés. Tous contre Paul Biya, et chacun contre les autres.

Cette année, les mêmes aigris sont revenus à la charge. Partis chacun de son côté et avec ses propres ambitions, ils se sont miraculeusement retrouvés après le scrutin, dans une coterie visant à contester les résultats du vote alors que toutes les tendances commençaient, comme il fallait s'y attendre, à dire ce qui devait être dit : la cuisante défaite de l'opposition. Sans âme et sans hommes charismatiques, l'opposition camerounaise retrouve son unité dans une sorte de moutonnerie guignolesque. Il y a ici Fru Ndi à côté de Kah Walla, qui venait de claquer la porte du Sdf pour contester la dictature du Chairman. Et à côté encore Adamou Ndam Njoya, que le même Fru Ndi abandonna après avoir été vaincu à la primaire de la Coalition en 2004 pour la désignation du candidat unique.

Le Sdf, parlons-en. Voilà un mouvement politique qui a à sa tête un homme qui, depuis des années, a surfé sur le populisme et l'autocratie, réussissant à faire partir la crème de ses sherpas. Au fil des ans, la cote de ce parti a dégringolé aussi bien dans l'estime de ses concitoyens que sur le plan de la représentation dans les conseils municipaux et à l'Assemblée nationale. Avec rengaines éculées de son chef et son manque de vision politique, le leader du Sdf fait désormais partie des avatars de la démocratie camerounaise. Mais il ne semble pas avoir pris les leçons du passé. Après avoir snobé ceux qui en principe sont de son bord, il prend la tête d'un mouvement rejetant "tout résultat que pourra déclarer le Conseil constitutionnel", intimement convaincu "qu'il n'y a pas eu élection présidentielle au Cameroun le 9 octobre 2011".

Georges Ngankap


Echec total


De quelle élection parle-t-on ? Voici un homme qui, depuis le début des opérations d'inscriptions sur les listes électorales en avril 2011, s'est placé dans une posture négative, procédant par chantage - ça devient une habitude - en posant 11 conditionnalités pour sa participation à la course pour la magistrature suprême. A deux semaines de l'ouverture de la compétition, et sans honte aucune, il court ventre à terre se porter candidat. Aucun de ses préalables n'a été pris en compte, et ses potentiels électeurs restent dubitatifs face à ce revirement. Sans doute s'attendait-il à ce que ce soient les moutons qui aillent aux urnes pour lui procurer le fauteuil présidentiel, le seul que daigne convoiter celui qui n'a jamais gagné un siège de député ou de conseiller municipal.

On retrouvera ainsi, le 15 octobre autour de Fru Ndi, une poignée de mécréants signataires d'une soi-disant "Déclaration de Yaoundé". Ils demandent au Conseil constitutionnel d'annuler l'élection présidentielle. Les signataires exigent la révision de la loi électorale et la mise sur pied, dans un délai de six mois, d'un nouveau système électoral véritablement indépendant et accepté par tous et qui devra conduire la nouvelle élection présidentielle. Et, dans le cas où ces demandes ne sont pas prises en compte, ils appellent "le peuple à venir massivement manifester en faveur de leur droit (sic) de participer à des élections libres et transparentes".

Pour finir, ils assurent le peuple camerounais qu'ils seront à ses côtés pendant les manifestations jusqu'à l'établissement d'une véritable commission électorale indépendante au Cameroun. Comme en 1992 et 2004, John Fru Ndi, qui s'est attaché les services de quelques séides dans une sorte d'union contre-nature, revisite son vieux concept de la "victoire volée". A chaque fois, le très charismatique s'est muré chez lui et a appelé le peuple à "défendre sa victoire".

Aussi sec, le candidat de l'Alliance pour la démocratie et le développement (Add), Garga Haman Adji, dont on connaît également la fermeté des positions vis-à-vis du pouvoir, se charge de donner la réplique : "C'est naïf de dire que Paul Biya a truqué les élections à son profit et lui demander dans le même temps de les annuler." Pan sur le bec !

Un malheur ne venant jamais seul, le 21 octobre 2011, Paul Biya a été déclaré réélu par la Cour suprême siégeant en tant que Conseil constitutionnel. Les Camerounais depuis ce jour, vaquent sereinement à leurs occupations. En dehors de quelques excités brièvement signalés à Bamenda, le pays entier est dans la paix.

Sans doute, convaincu de cette énième bourde transformée en bide, Fru Ndi, cette fois seul (!), est revenu sur ses menaces de mettre le Cameroun à feu et à sang. Mardi dernier, et avec moins de publicité cette fois, il a goulûment mangé son chapeau en prenant "acte de la proclamation par la Cour constitutionnelle des résultats des élections du 9 octobre dernier en faveur de Paul Biya". Le président du Sdf a ensuite appelé les Camerounais à préserver la paix, à travailler pour le développement du pays et l'avènement d'un système électoral plus équitable.

La prestation de serment de ce jeudi vient donc définitivement ouvrir une autre page de la marche du Cameroun, et comme le rappelait dernièrement Monseigneur Joseph Atanga, président de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun "l'avenir du Cameroun est entre nos mains. Il sera ce que nous en aurons fait, si nous ne cédons pas à l'effet de mode en l'exposant aux ingérences extérieures".

Notre opposition, ou tout au moins certains de ses membres, ont désormais tout intérêt à comprendre que la politique est une épreuve de fond et non un cirque où viennent s'ébrouer quelques maîtres chanteurs sans idéal et sans programme.

G.N


08/11/2011
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