Les casques bleus attaqués à Abidjan

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Les casques bleus attaqués à Abidjan
(Le Parisien 29/12/2010)


La tension ne baisse pas en Côte d’Ivoire. Hier, alors que trois chefs d’Etat africains effectuaient une mission de médiation à Abidjan, les casques bleus ont subi des violences dans un quartier tenu par les partisans du président sortant Laurent Gbagbo. Le convoi de la mission de l’ONU en Côte d’Ivoire, l’Onuci, a été attaqué par une « foule nombreuse », ont indiqué les Nations unies.

Bilan:un casque bleu a été blessé à la machette et un véhicule incendié. Selon l’Onuci, la situation est « revenue à la normale » grâce à l’intervention du général Philippe Mangou, chef d’état-major des forces fidèles à Gbagbo. L’agression s’inscrit dans un climat tendu. Le président sortant a déjà exigé le départ de l’Onuci, qu’il accuse de soutenir l’ex-rébellion alliée à Alassane Ouattara, reconnu président par une immense partie de la communauté internationale. Hier soir, Gbagboa voulu montrer qu’il restait le patron, menaçant de renvoyer les ambassadeurs des pays soutenant son rival, visant implicitement la France.

Gbagbo prend les menaces de la Cédéao « au sérieux »

C’est dans ce contexte que trois chefs d’Etat ouest-africains, mandatés par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), étaient hier à Abidjan. Boni Yayi, le président du Bénin, Ernest Koroma, celui de Sierra Leone, et Pedro Pires, le président capverdien, devaient tenter de convaincre Laurent Gbagbo de céder sa place à Alassane Ouattara. Cette mission est un « dernier geste » avant que les armes ne parlent. En clair, si Gbagbo ne cède pas, les voisins de la Côte d’Ivoire envisagent de lancer une opération militaire pour le déloger. Au risque de plonger le pays dans une guerre meurtrière.

Arrivés en début d’après-midi, les émissaire sont été reçus au palais présidentiel, sur le Plateau, par l’accolade d’un Gbagbo tout sourire et apparemment prêt à discuter. Mais son clan, tout en plaidant pour le dialogue, a averti : il y a une ligne rouge à ne pas franchir, celle de la souveraineté de la Côte d’Ivoire et de la Constitution. Or, c’est le Conseil constitutionnel qui a déclaré Gbagbo vainqueur !Et le président récalcitrant, qui dit prendre « au sérieux » les menaces de la Cédéao, clame depuis des jours qu’il est la victime d’un complot de l’ex-puissance coloniale, la France, et des Etats-Unis. Son camp a clairement laissé entendre qu’une opération militaire menée par la Cédéao, qu’il affirme être manipulée par les Occidentaux, aurait de graves conséquences pour tous les ressortissants ouest-africains qui vivent en Côte d’Ivoire.

Après deux heures et demie d’entretien, Gbagbo, toujours très souriant, a raccompagné ses hôtes jusqu’à la sortie du palais présidentiel.«Tout s’est très bien passé », a laconiquement déclaré BoniYayi, le président béninois. Les trois émissaires ont rencontré dans la soirée Alassane Ouattara. Après trois heures de discussion, aucun participant n’a fait de commentaires. Les trois chefs d’Etat sont ensuite repartis pour rencontrer à nouveau Gbagbo.

Le Parisien
CATHERINE TARDREWET S.N. | 29.12.2010, 07h00

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29/12/2010
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