Le Syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC) condamne une sentence inique contre 3 journalistes

Communique de presse:Camer.beYaoundé, le 4 décembre 2012 – Mintya Meka Harris Robert, directeur de publication de l’hebdomadaire Le Devoir, Sabouang Yen Serges, directeur de publication du bimensuel La Nation, ont été condamnés le 3 décembre 2012 par la chambre criminelle du Tribunal de grande instance du Mfoundi (Yaoundé) à 2 ans de prison avec sursis pendant 3 ans, et à payer solidairement la somme de 119.421 FCFA sous peine de contrainte par corps. Nko’o Mvondo Simon Hervé, reporter à l’hebdomadaire Bebela et absent du pays, a pour sa part écopé d’une peine de 15 ans d’emprisonnement ferme. Ils étaient poursuivis pour «contrefaçon de signature, des marques et imprimés en coaction». La sentence a été prononcée vers 20h, dans une salle vide, au terme d’un mois de débats presque secrets et pour une audience qui a débuté près d’une heure avant.

Tel est l’épilogue d’une affaire qui a défrayé la chronique au Cameroun depuis février 2010 à l’instigation de l’alors secrétaire général de la présidence de la République (SG/PR), Laurent Esso, aujourd’hui ministre de la Justice, garde des Sceaux. Elle a, le 22 avril 2010, coûté la vie dans des circonstances atroces à Ngota Ngota Germain Cyril («Bibi Ngota»), qui était alors en détention préventive à la prison centrale de Yaoundé.

Serge Sabouang Yen et Harrys Robert Mintya avaient bénéficié d’une liberté provisoire le 24 novembre 2010, alors que l’émotion était à son comble au Cameroun, suite au décès de Bibi Ngota pour manque de soins et non assistance à personne en danger. Ce tragique événement avait précédé la mise au secret, puis la torture des 4 journalistes dans les locaux de la Direction générale pour la recherche extérieure (DGRE), un corps dédié au renseignement et qui est devenu pour la circonstance un service de police judiciaire (?).

M. Esso, à l’origine d’une plainte portant sur un faux document qui aurait été utilisé pour des raisons de trafic d’influence, n’a jamais cru devoir s’expliquer sur cet épisode. De même, sans rentrer dans le fond des faits reprochés aux mis en cause, c’est davantage son immixtion dans ce dossier qui intrigue.

En effet, depuis leur mise en liberté provisoire, MM. Sabouang et Mintya ont affirmé n’avoir pas été notifiés du début de leur procès et alors que la procédure était en cours devant la barre. Leurs avocats ont, à plusieurs reprises et en vain, dénoncé cette entorse à la manifestation de la vérité, l’instrumentalisation du procès par une main tapie dans l’ombre ainsi qu’une volonté d’étouffer un scandale concernant l’acquisition, par la Société nationale des hydrocarbures (SNH), d’un bateau hôtel dénommé «Rio Del Rey» et pour laquelle des commissions de l’ordre de 1,4 milliard de FCFA auraient été versées à certains acteurs.

Tout en appelant la corporation à plus de professionnalisme dans la collecte et le traitement de l’information, le SNJC s’insurge contre un déni de droit qui n’honore par le Cameroun. Il exige l’ouverture d’une enquête indépendante sur l’arrestation, la détention et la torture par la DGRE de Mintya Meka Harris Robert, Sabouang Yen Serges, Nko’o Mvondo Simon Hervé et Ngota Ngota Germain Cyril. Le SNJC met en garde les autorités camerounaises contre toutes les tentatives d’intimidation, d’instrumentalisation, de mauvais traitements contre les journalistes et d’entraves au droit à l’information, devenus un sport national pour certains dirigeants camerounais

© Correspondance : Félix Cyriaque Ebolé Bola, Journaliste-Yaoundé, Président du Syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC)


05/12/2012
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