Le sport camerounais et ses ingratitudes

Le sport camerounais et ses ingratitudes

Cameroun : le sport camerounais et ses ingratitudesPour des raisons qui n’ont généralement pas grand-chose à voir avec le sport, des sportifs camerounais de haut niveau n’ont pas pu bénéficier de la faveur des dirigeants du sport de notre pays. «Le Cameroun est l’un des rares pays au monde où le talent des meilleurs passe presque toujours inaperçu » lançait il y a quelques années un chroniqueur sportif sur un plateau de télévision de la place. Plusieurs événements survenus depuis lors dans le monde sportif camerounais lui ont finalement donné raison. C’est à croire qu’il faut démériter pour mériter la faveur des autorités et même de l’opinion dans notre pays. Il faut juste prendre  en considération la manièr e avec laquelle Françoise Mbango Etoné, déçue par un système trop vicieux, a été poussé à la porte de sortie ou à la naturalisation , pour comprendre que la terre sportive pourtant fertile du Cameroun , ne favorise pas l’épanouissement des meilleurs.

Aujourd’hui la  double médaillée d’or olympique du triple saut, compétit sous la bannière  de la France après avoir été naturalisée il y a environ deux ans. Une perte énorme pour le Cameroun, s’était-on longuement lamenté. « C’est certainement à ces Jeux olympiques de Londres que tout le monde comprendra que Françoise Mbango manque vraiment au Cameroun. Elle était tellement intouchable dans son domaine que ceux qui s’occupent du sport dans notre pays aurait dû tout faire pour la garder. Je suis sûr qu’on le regrettera au terme de ces jeux qui s ’amènent à grands pas. Puisque jusqu’ici personne ne peut parier un seul sous que le Cameroun va sûrement glaner au moins une médaille ; mais avec Françoise Mbango c’était possible » déplore un consultant ayant requis l’anonymat.

Le cas Eto’o

Malgré l’énormité de son talent et tout ce qu’il a pu apporter (ou donner) au Cameroun, Samuel Eto’o n’a presque jamais été traité avec toute l’appréciation que devrait lui valoir l’étendue de ses exploits. Pire, il a souvent été vomi et discrédité comme c’est le cas en ce moment. Un analyste sportif a laissé entendre « qu’il a été adulé à un moment donné comme un prince à Barcelone alors qu’au Cameroun il a souvent été vu comme un malpropre ». Certes, le tempérament très souvent bouillant et démesuré de Samuel Eto’o peut lui valoir un ou deux rappels à l’ordre mais pas des sanctions qui sonnent comme des règlements de compte. Et puis la plupart des grands footballeurs de tous les temps, ont souvent affiché des comportements irrévérencieux sans que cela n’affecte négativement leur considération et leur célébrité sur le plan national. L’hollandais Yohan Cruuf, l’Argentin Diégo Armando Maradona, les français Eric Cantona et Zinédine Zidane avaient tous des forces de caractère qui frisaient l’indiscipline caractérisée. C’est aussi ça la marque des grands joueurs. Même si chez nous on feint de l’ignorer. 

Et les autres alors…

En célébrant ses 6O ans il y a environ dix jours, Albert Roger Milla s’est définitivement retiré des terrains de football avec un zeste de désolation. Il n’a pas caché sa déception de quitter ces milieux en laissant le football camerounais dans un état aussi pitoyable que piteux. L’ancien international camerounais a, avant cette célébration été chassé de la Fécafoot comme l’on chasserait un chien après l’avoir accusé de rage. Alors qu’un joueur de la trame de Roger Milla pouvait encore mériter une place ou un poste dans l’environnement du football Cameroun. Etant donné que même dans la plupart des grands pays de football au monde, les joueurs de renommée mondiale, soit pour leur vision ou pour leur expérience, se voient presque toujours confiés un poste stratégique. L’ancien défenseur espagnol Fernando Hiero est actuellement Directeur sportif de la sélection espagnole.

Ce pays vient de remporter trois compétitions internationales d’affilée. Sans dire qu’Hiero en est à l’origine, il y a énormément contribué. Même les médias espagnols tels qu’EL Mundo Deportivo, El Pais et autres rapportent qu’il apporte beaucoup en termes de choix tactiques, de schématisation du jeu. Cesare Prandelli, ancien international italien a conduit son pays en finale de la dernière coupe  d’Europe. Et plein d’autres anciens joueurs de classe internationale, sont exploités à bon escient dans leurs pays respectifs. Mais au Cameroun, on s’obstine à oublier et éclipser très vite les gloires. Joseph Antoine Bell n’a vu que ses propres frères du village reconnaitre ses mérites en faisant récemment de lui leur chef.

Malgré sa grande gueule, Jojo a de l’expertise nécessaire pour faire évoluer le football Cameroun en panne depuis plusieurs années. Un autre Joseph, Bessala cette fois, premier camerounais médaillé olympique en 1964, mort en avril 2010, des suites d’une longue maladie, a passé ses dernières années sur terre dans une misère plus que pathétique. L’heure d’ouvrir les yeux pour mieux voir les mérites des uns et des autres et les récompenser à juste titre a sonné.

© Emergence : Japhet Djetabe


10/07/2012
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