Le Sdf veut refaire son unité

Publié le Lundi 5 mars 2012 12:38 Écrit par G.A.B

Des consultations sont engagées en vue d’obtenir le retour des poids lourds du parti au sein de la maison.

Après l’Union des populations du Cameroun (Upc), la dynamique unitaire est en cours au Social democratic front (Sdf). En effet, selon des informations puisées à bonnes sources, Joshua Osih et Me Joseph Mbah Ndam, tous deux vice-présidents de ce parti ont engagé depuis quelques semaines des consultations en vue de recoller les « morceaux » du Sdf afin que le « parti de la balance » retrouve son hégémonie d’antan sur l’échiquier politique national lors des prochaines consultations électorales.

Ont déjà été approchés, à en croire nos informateurs, Chrétien Tabetsing, membre fondateur du Sdf et premier challenger en interne de Ni John Fru Ndi, en 1999, Tazoacha Asonganyi, ancien secrétaire général, exclu du parti, Bernard Muna, membre fondateur, challenger de Fru Ndi deux fois suite, exclu du parti, Pierre Kwemo, ancien député Sdf aujourd’hui président national de l’Union des mouvements socialistes (Ums) et Ernest Peukeho Tchoffo, président du Bloc uni pour la reconstruction du Cameroun (Bric) et Lazare Souo, ancien maire de Douala 3e . «Il n’est pas exclu que Kah Walla soit également contactée», rapporte une source. Il est question de «capitaliser» toutes les concessions du pouvoir (refonte biométrique et code électoral) pour le parti engrange plus de sièges de députés et de conseillers lors des prochaines municipales et législatives.

Joint au téléphone, Chrétien Tabetsing confirme avoir été approché et se dit « favorable à une logique de rassemblement dans un contexte où le pouvoir accède enfin à certaines revendications de l’opposition et de la société civile ». Ernest Peukeho, le président du Bric soutient également qu’il a été approché. « Des militants reviennent au sein du Sdf tous les jours, notamment au niveau régional. Mais en ce qui me concerne, certains préalables doivent être réglés avant mon come-back au Sdf ».

Fru Ndi

Même s’il indique qu’ «aucune action particulière n’est menée en ce moment dans le sens du rassemblement du Sdf», Joshua Osih révèle qu’ «une grande partie du comité central de l’Alliance des forces progressistes [dirigée par Bernard Muna qui doit passer la main au prochain congrès] a déjà demandé à rejoindre le Sdf ». Ce vice-président du Social democratic front précise que « les portes du Sdf ont toujours été ouvertes. Des gens sont partis, mais on ne regrette personne en tant que tel. Il faut que les gens comprennent que s’ils ont des problèmes avec Fru Ndi, ce n’est pas Biya qu’ils vont vaincre.

C’est le parti qui vous fait, ce n’est pas vous qui faites le parti. Nous sommes dans un système politique tel que soit on est pour le pouvoir, soit on est contre l’opposition. Les gens ont compris aujourd’hui qu’en allant ailleurs, ils n’ont pas fait avancer l’agenda du Cameroun ».

Mais le facteur de blocage de la réunification du Sdf, à en croire diverses sources, serait Ni John Fru Ndi. «S’il se retire de la présidence du parti, les choses iront plus vite», révèle un ancien militant du Sdf. «Mme Walla n’est pas partie du Sdf à cause d’un individu. Mais parce que dans cette formation politique, il n y a pas d’expression démocratique en interne encore moins une pensée stratégique. Aujourd’hui, il ne me semble que pas que la tendance ait été inversée », relativise Joseph Désiré Som I, secrétaire général du Cameroon people’s party (Cpp).

Selon d’autres sources proches du Sdf, Ni John Fru Ndi, qui a déjà déclaré que l’élection présidentielle du 9 octobre 2011 était la dernière pour lui, ne verrait pas d’un mauvais œil la dynamique unitaire en cours. «Le chairman est prêt à se retirer après les élections législatives et municipales au cours du congrès qui a été maintes fois repoussé, mais qui aura lieu. Il souhaite placer quelqu’un qu’il peut mieux contrôler à la tête du parti. On parle de Joseph Mbah Ndam », souffle notre informateur.
Georges Alain Boyomo

S’unir ou mourir

Capter à son compte le vent favorable qui souffle sur la scène politique camerounaise. Tel semble être l’option prise par les dirigeants du Sdf, après l’autorisation de la refonte biométrique et la parturition en cours du code électoral. Confirmée à demi-mots par Joshua Osih, le premier vice-président du Sdf, pour des raisons évidemment stratégiques, cette démarche, si elle venait à ne pas accoucher d’une souris, serait une chance pour la démocratie camerounaise.

En effet, il est mondialement reconnu que la plupart des pays qui marquent des points en matière de gouvernance, de développement et de prospérité sont ceux qui disposent de dirigeants qui servent les intérêts de leurs peuples et protègent l’Etat de droit et d’une opposition forte, qui joue effectivement son rôle de contre-pouvoir. On y trouve également une presse libre et responsable, un appareil judiciaire qui rend la justice dans un souci d'égalité et d'impartialité, un parlement qui vote les lois et contrôle l’action de l’exécutif, une société civile dynamique, etc.

Comme pour étayer l’idée du nécessaire équilibre des pouvoirs, Montesquieu affirme dans son célèbre ouvrage « L’esprit des lois » que «pour qu’on ne puisse pas abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir». Dans la même veine, mais dans un autre ouvrage, le célèbre auteur français postule que «si à l’intérieur d’un État, vous n’entendez le bruit d’aucun conflit, vous pouvez être sûr que la liberté n’y est pas».

Il n’est donc pas tard pour le Sdf (principale force de l’opposition), à l’instar de l’Upc, de se ressaisir. Il est de notoriété publique que ce parti qui fit rêver dans les années 90 et au-delà s’est au fil des années vidé de ressources humaines de qualité, principalement à cause du blocage de l’ascenseur à l’intérieur du parti et de la neutralisation de la contradiction en interne.

La guillotine du 8.2 qui a permis à certains hauts cadres de rester aux avant-postes de cet appareil partisan pendant deux décennies a malheureusement réduit comme peau de chagrin l’hégémonie du Sdf. La preuve : le score sans cesse anémique glané par Ni John Fru Ndi aux élections présidentielles entre 1992 (35,9%) et 2011 (10,71%), la dégringolade à l’Assemblée nationale (de 43 députés/180 en 1997 à 16 aujourd’hui) et dans les communes (de 70/365 communes en 1996 à 22 aujourd’hui).

Au risque de laisser le pouvoir-Rdpc conduire les affaires publiques à sa guise, le Cameroun a besoin aujourd’hui d’une véritable opposition politique. Avec un Sdf, une Upc, une Udc, une Add… percutantes et capables de faire éventuellement bloc pour une cause nationale.#La dynamique de rassemblement qui a prévalu au Sénégal avant l’élection présidentielle, avec le mouvement M23, et qui est en passe de se consolider en dépit des clivages idéologiques, en prélude au second tour qui opposera Abdoulaye Wade et Macky Sall, démontre qu’aujourd’hui, s’il en était encore besoin, que le choix de l’émiettement, plus ou moins souhaité par le camp d’en face, est proprement suicidaire.



06/03/2012
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres