Le Rdpc viole la loi électorale :: CAMEROON

Cameroun : Le Rdpc viole la loi électoraleFrançoise Foning ignore le contentieux électoral en cours. Le Comité central sur le terrain tandis que des membres du gouvernement proches du Rdpc recrutent et battent campagne chez les acteurs du secteur informel.

Sous réserve de l’achèvement de l’examen des recours relatifs aux élections municipales et législatives ainsi que de leur publication respective, les formations politiques en compétition, selon les dispositions contenues dans le code électoral, indiquent que «la campagne électorale est ouverte à partir du quinzième jour qui précède la date du scrutin.» La même disposition précise que cette campagne prend fin la veille du scrutin à minuit.

Dans le cas présent, les élections municipales et législatives se tiennent le 30 septembre ce qui laisse dire que la campagne électorale débute le 15 septembre 2013. Une disposition foulée aux pieds par le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc). Lors d’une rencontre organisée le 15 août 2013 au quartier Déïdo à Douala, le maire sortant de la Commune d’arrondissement du 5e arrondissement a, à priori, placé cette rencontre sous le signe de la réconciliation entre les militants du Rdpc dans la circonscription de Douala 5e.

Une démarche qui, explique Françoise Foning, s’inscrit en droite ligne de la descente de la délégation du Comité central du Rdpc dans la région du Littoral. Un motif vite réapprécié. Face aux militants et à la foule, Françoise Foning précise que «suite à la descente du ministre Jacques Fame Ndongo, membre du Comité central du Rdpc à Douala, nous avons jugé utile de lui emboîter le pas en convoquant d’urgence tous les bureaux de section pour leur présenter les différents candidats aux prochaines élections locales du 30 septembre 2013.»

Une réunion qui intervient au moment même où la Cour suprême siégeant comme Conseil constitutionnel est penché sur les recours liés au contentieux pré-électoral relatif à cette double consultation. Outre la réunion de campagne tenue par le maire sortant de la Commune d’arrondissement de Douala 5e et les descentes initiées par le Comité central du Rdpc, c’est une délégation de membres du gouvernement et assimilés qui est sur le terrain depuis quelques jours.

Dans les faits, le Premier ministre, Philémon Yang, le ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, René Emmanuel Sadi, le secrétaire d’Etat à Défense en charge de la gendarmerie, Jean Baptiste Bokam ainsi que l’inspecteur général au ministère des transports, Zacharie Ngoumbe (entre autres) mobilisent les acteurs du secteur informel et les conducteurs de mototaxis en particulier dans l’optique de capitaliser leurs voix dans la perspective du double scrutin municipales et législatives du 30 septembre prochain.

Des sources internes au Comité central du Rdpc confirment que le collectif «Moto-citoyens vient en appoint à la stratégie de mobilisation du Rdpc dans le cadre des élections municipales et législatives du 30 septembre prochain.» Les différentes sources contactées relativisent le choix porté par la hiérarchie du  Rdpc sur les conducteurs de mototaxis et les acteurs du secteur informel.

Toutefois, de nombreux observateurs remarquent que la campagne de recrutement engagé par la hiérarchie du parti du 25 mars 1985 à Bamenda intervient au moment où la grogne des militants s’intensifie. Mais aussi, la campagne engagée par le Rdpc cache mal la volonté pour la hiérarchie de cette formation politique de minimiser les défections connues en date et des «promesses» de vote sanction de nombreux militants dépités par le processus d’investiture au sein de ce parti politique.

Focal. L’administration et le Rdpc de mèche?

«Que des partis politiques organisent des réunions publiques tandis que nous en sommes au contentieux pré-électoral est une campagne de fait.» Politologue, le Professeur Aboya Manassé indique pour référence le code électoral qui en son article 87 (a1) stipule que «la campagne électorale est ouverte à partir du quinzième jour précédant le scrutin.»

Des raisons pour cette source de penser que «c’est l’autorité administrative qui est habilitée à réprimer ou à autoriser des manifestations avant la période indiquée pour le déroulement régulier de la campagne électorale.»

Dans cette optique nombre d’observateurs recourent à la loi N° 90-55 du 19 décembre 1990 portant régime des réunions et des manifestations publiques. La lecture de cette disposition laisse dire que les réunions et autres manifestations publiques tenues par le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) ne peuvent avoir lieu que sous deux conditions.

D’une part, que les organisateurs aient foulé la loi aux pieds et à l’insue de l’autorité administrative qui, dans ce cas de figure, a prérogative de prendre des mesures répréhensibles pour tout contrevenant à la loi. Et d’autre part, que sans considération pour le processus en cours, que certains commis d’administration et des cadres du Rdpc soient en intelligence pour l’organisation de ces meetings organisées avant la lettre. Il y a lieu de constater pour le déplorer que ces campagnes avant la campagne légale sont menées par des hauts responsables de l’Etat.

© Le Messager : Joseph OLINGA N.


20/08/2013
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