Le mot de l'Auteur EBALE ANGOUNOU Daniel St Yves LE DUR COPAIN DE POPOUL

QUI EST VÉRITABLEMENT PAUL BIYA. 

 

LE VRAI VISAGE DE PAUL BIYA, LA MORT DE JEANNE IRENE, LE PACTE AVEC AHIDJO


Le mot de l'Auteur
 EBALE ANGOUNOU Daniel St Yves LE DUR COPAIN DE POPOUL



Email : obosocameroun@ yahoo.fr


En publiant "Sang pour Sang", il va de soi que je suis sur le chemin de l'Exil, Devrais-je en pleurer ou m'en réjouir ?

L'exil, de nombreux Camerounais y ont goûté avant moi. Déjà avec la première République. Certains n'en sont jamais revenus. Par option ou par contrainte. D'autres, plus heureux, ont pu effectuer un retour au bercail. Je pense plus particulièrement à mon frère Abel Eyinga. Le Président Ahidjo de par ses méthodes totalitaires et extrémistes, avait amené bon nombre de Camerounais à quitter leur pays pour des raisons de sécurité, parce qu'ils sentaient leur vie menacée.
Avec l'arrivée de Paul Biya, un homme d'une toute autre culture, on a attendu de grands changements. D'ailleurs de nombreux exilés sont rentrés au pays en ayant fait foi au discours du Président. Mais la deuxième ne va se distinguer absolument de la première. Je pense ici au Père Jean-Marc Ela, figure emblématique de l'idéologie au Cameroun, réduit aujourd'hui à l'exil. La fuite des intellectuels constitue une hémorragie telle que le pays se vide de plus en plus de ses valeurs.

Mais il n'est guère plaisant de partir. Même lorsque cela semble être une nécessité vitale, il y a toujours au fond de nous quelque chose qui nous pousse à rester, qui nous force à revenir ; quelqu'un, un souvenir, un sentiment etc ... Seulement, par instinct de survie on se doit de partir, comme dans mon cas.
Mon nom est Ebale Angounou. Je suis Camerounais âgé de 39 ans
au 27 mai 2001.
Je refuse d'être traité d'opposant au régime de Paul Biya car, je n'en suis pas un. Je m'oppose plutôt aux pratiques auxquelles il se livre pour se maintenir au pouvoir. C'est d'elles qu'il est ici question ; je les exprime sans passion, en veillant à dissocier la narration de mes états d'âme et de mes sentiments personnels. Dans les rangs de l'opposition, je compte de nombreux amis dont je suis fier, de même que j'en compte dans le cercle des amis intimes de Paul Biya dont je fus un membre.
Considéré comme un défecteur en 1991, j'ai été emprisonné dans le pénitencier de Kondengui à Yaoundé sous de fallacieuses accusations qui m'ont valu d'être condamné à trente mois de prison. Je garde encore des séquelles de cette affreuse détention exceptionnelle. C'est en étant dans ces conditions que j'ai publié mon tout premier ouvrage " Paul Biya, le cauchemar de ma vie", édité par Le Messager de Pius Njawé en octobre 1992. Bien entendu, la vente et la circulation du livre furent interdites au pays. Il ne put passer alors que sous le manteau. a plus que Pilate, qui n'était que Gouverneur, il y a Paul Biya, qui est chef
d'Etat, donc doté de plus grands pouvoirs qu'un Gouverneur, fût-il Ponce
Pilate. Qui donc me condamnera de prendre la vie de qui je veux, ou de
donner la vie à qui je veux ? Pas Jésus-Christ en tout cas, et encore moins
Dieu. ( Paul Biya, extrait d'une correspondance particulière)


Le mot de l'Auteur 
Chapitre I : Le Pacte 

Chapitre II : La Discorde 
Chapitre III : Le Putsch 

Chapitre IV : Les Métamorphes 
Chapitre V : Palais hanté 

Chapitre Vi : Les homosexuels 
Chapitre VII : Zoophile 

Chapitre VIII : Jeanne-Irène et Paul 
Chapitre IX : Le Sanctuaire 

Chapitre X : Messe à Mvolyé 
Chapitre XI : Le Baiser de Judas 
Chapitre XII : Sorciers en puissance 
Chapitre XIII : Sanglantes Perspectives 
Chapitre XIV : La Leçon du Maître 
Chapitre XV : Appendice




MOT DE L'AUTEUR
Je suis par ailleurs auteur et éditeur de plusieurs autres ouvrages. Le plus remarquable d'entre tous s'intitule "Sidéania", roman paru au Cameroun en octobre 2000. une histoire d'amour bâtie autour du Sida. Je compte publier bientôt, "Les Cloches Folles" et "Brume", deux romans.
J'ai également fait de la littérature politique qui ne m'a pas du tout avancé. Dans mon pays, je suis la cible des dirigeants, qui n'ont de cesse à me tenir à l'oeil, attendant le moindre faux pas de ma part, pour avoir l'occasion de me renvoyer à "Yuma". Tout est parti de cette interview par moi accordée au journal "Le Messager" en juin 1991, alors même que j'étais devenu l'un des personnages les plus médiatisés du pays. J'avais alors menacé d'étaler tous les "petits secrets" du Président de la République, par une déclaration plutôt innocente, mais lourde de conséquences : "si j'ouvre la bouche, le chef de l'Etat va démissionner" .
C'est ici que j'ouvre la bouche. Je n'attends pas de lui une démission mais je présume déjà de ses réactions. Cest pourquoi j'ai dû auparavant prendre le large. Depuis que je suis présenté comme un danger pour lui, je suis attentif à tout ce qui se passe autour de ma présence en certains milieux, mon nom créant très souvent des susceptibilité s parfois difficiles à gérer, dans un pays où toutes les institutions sont à la solde d'un parrain qui ne dit pas son nom. A quoi peut donc s'attendre un citoyen qui a eu maillé à partir avec le chef de l'Etat ?

Si je suis encore vivant dans mon pays après tout ce que l'on m'a fait subir, c'est bien par la grâce de Dieu. Certes, je m'étais juré de ne plus me jeter dans un genre de littérature. Mais je n'ai pu tenir parole. Je ne m'en plains pas, parce que j'estime qu'il a fallu le faire. On ne saurait être complice de ce genre d'homme, de ce genre de pratiques, en gardant le silence. Il est certain que ce livre sera interdit au Cameroun, et que bien de personnes subiront les assauts farouches de la sécurité du Président.

Amies lectrices,
Amis lecteurs,
Libre à chacun de se faire une opinion après lecture de cet ouvrage. Cela na change rien à mon sort, car même dans mon exil, je vais devoir m'attendre à tout. J'ai connu Jeanne-Irène, cette femme que je vénérais presque. J'ai aussi connu Roger Motaze, ce brillant officier. Tous nous avons été victimes de Paul Biya, à la différence que moi je suis encore vivant. Pour témoigner et rendre hommage à leur mémoire.
A mes enfants, à mes parents, frères et soeurs, à mes amis et à tous ceux qui ne comprendront pas les raisons de cet acte suicidaire, J'exprime ma profonde sympathie.
Ebale Angounou

LE PACTE ENTRE AHMADOU Ahidjo et PAUL BIYA

Il voudrait démissionner de ses fonctions de président de la
République. Mais il n'est pas facile de renoncer absolument au

pouvoir, après l'avoir exercé pendant près d'un quart de siècle,
de manière totalitaire. Il y a toujours quelqu'un qui vous force à revenir.
Alors, il lui est venu dans l'idée de s'assurer une garantie ; quelqu'un qu'il laisserait à sa place, et qu'il manipulerait à sa guise, en sorte qu'à travers cette personne, il continuerait d'exercer le pouvoir, considérant qu'il se sera juste retiré physiquement.
C'est qu'il doit avoir de sérieuses raisons pour démissionner, car manifestement, rien ne l'y contraint. Cependant, il semblait y avoir une urgence. Certes, çà et là, on évoque des raisons de santé. Mais le Président Ahidjo est un homme de solennités, un homme à suspens, événementiel. Il aime créer la surprise, et sait lui donner un cachet particulier. Il lui eût été facile de positionner un tout autre successeur, en nommant un nouveau Premier Ministre, et démissionner ensuite. Suivant les mécanismes de la Constitution, le nouveau Premier Ministre qui succéderait à la tête de l'Etat.
Entre le Président et son successeur, il se passa quelque chose de très profond : un pacte. Car, Ahidjo voulut s'assurer la fidélité de Biya. Or, Ahidjo était franc-maçon. Et Paul Biya lui avait été recommandé par Louis-Paul Ajoulat. Ce parrain de Paul Biya était lui-même franc-maçon, une puissante confrérie qui agit efficacement en milieux politiques.

A son retour de France où il a suivi de grandes études, le jeune Paul n'est pas tout à fait imbu des réalités et pratiques en cours en Afrique, qui demandent qu'on se compromette lorsqu'on veut s'intégrer dans les hautes sphères du pouvoir. Le fait est que, on ne peut pas faire certaines choses, sans faire certaines autres choses.
Paul Biya est né le 13 février 1933 dans un village appelé Mvomeka'a, arrondissement de Meyomessala, département du Dja et Lobo, au sud-Cameroun. Il obtient brillamment un baccalauréat en 1956, au lycée Général Leclerc à Yaoundé. L'ancien séminariste d'Akono et Edéa s'envole alors pour Paris où il suivra ses études supérieures, au lycée Louis-Le-Grand, à l'université de Paris-Sorbonne, à l'institut d'Etudes politiques et à l'Institut des Hautes Etudes d'Outre-Mer.
Ces études seront sanctionnées par l'obtention d'une licence en droit public en 1960, un diplôme de l'institut d'Etudes politiques de Paris en 1961, un diplôme de l'institut des Hautes Etudes d'Outre-Mer en 1962, et d'un diplôme d'Etudes Supérieures en droit public en 1963.
De retour au pays en 1962 avec ATYAM Jeanne-Irène, une sage-femme originaire d'Akonolinga, qu'il a rencontrée puis épousée à Paris au début des années 60, il va commencer un riche parcours professionnel en pente ascendante, soutenu auprès de Ahidjo par le docteur Ajoulat.
En octobre 1962, il est nommé chargé de missions à la Présidence de la République ; en janvier 1964, il est directeur du Cabinet du Ministre de l'Education Nationale, de la Jeunesse et de la Culture. En décembre 1967, il est fait directeur du Cabinet Civil du Président de la République, pour devenir en 1968, le Secrétaire Général de la Présidence de la République. En juin 1970, il est ministre d'Etat, confirmé aux mêmes fonctions. En 1975, il est nommé Premier Ministre de la République Unie du Cameroun.
Ahidjo, pour démissionner de ses hautes fonctions de Président de la République, se soumet à ce calcul et cette précaution politiques qui consistent à placer comme successeur, un inconditionnel, qui lui obéirait à l'œil et à la baguette. Ainsi, non seulement il se met à l'abri de quelques désagréments, mais en outre, l'influence qu'il exercerait sur son successeur lui permettrait d'orienter le cours de la vie du pays.

Mais qui donc va être l'homme du Président ? Membre de la Franc-maçonnerie, Ahidjo appartient aux cercles initiatiques. En conséquence, il sait sur quelles bases lier quelqu'un. Or, son Premier Ministre lui semble d'évidence l'homme de la situation : il réunit tous les critères nécessaires I de par son parcours, il peut valablement le relever aux fonctions présidentielles et de par sa psychologie, il ferait une bonne marionnette. Car, Ahidjo croit avoir en face de lui un lâche, un timide, discret et effacé, incapable de prendre ses responsabilité s à proprement parler. C'est la personne idéale en matière de manipulation. A travers lui, Ahidjo compte pouvoir intervenir dans les grandes décisions du pays, bien que n'étant plus officiellement aux affaires.
Mais le tout n'est pas là. Il faudrait que Paul Biya prenne pleinement conscience de ce qu'il est et demeure un instrument ; il faudrait qu'il sache que s'il est porté à la tête de l'Etat, il devrait le considérer comme une faveur particulière du Président Ahidjo, et lui en être forcément reconnaissant. Car, d'autres personnes, dans le pays, dotées d'une plus forte personnalité, auraient pu être prisées par le Chef de l'Etat, à l'instar d'Ayissi Mvodo, d'Eboua Samuel etc ... Le président a eu des critères subjectifs et non objectifs, pour marquer sa préférence sur Paul Biya.


La Constitution, le Président Ahidjo pouvait la faire et la défaire sans rencontrer la moindre opposition. Il aurait pu disposer autrement que du Premier Ministre en matière de succession, et personne n'aurait bougé le petit doigt. Il aurait même pu, malgré les dispositions constitutionnelles, nommer ou désigner son successeur, que cela se serait passé sans obstacle. Si bien qu'en laissant les choses telles qu'elles se présentent, il met Paul Biya en position de lui succéder car, telle est sa volonté. Mais ce poste, le futur Président doit l'avoir sous une condition quelque peu saumâtre : un pacte.
Il y a alors un rapport homosexuel entre les deux hommes, pour sceller le pacte. Si le bénéficiaire de la mesure vient à trahir ou à violer les bases de leur pacte, il mourra. Et, les bases du pacte sont simples : Paul Biya doit obéissance et soumission à Ahidjo.
Cet acte d'homosexualité , Paul Biya ne va pas forcément l'approuver. Mais si tel est le prix à payer pour devenir Chef d'Etat, il accepte de le payer. D'ailleurs, il n'en est pas à son premier. Déjà, fils de catéchiste, il devait fatalement côtoyer et fréquenter les vieux prêtres missionnaires auxquels sa famille s'était liée. Nombre d'entre ceux-ci n'étaient pas indifférents à la beauté et aux allures féminines de l'adolescent, en sorte qu'il fut quelques fois victime des missionnaires pédophiles. Des scandales furent plusieurs fois étouffés par son père qui tenait à ne pas hypothéquer sa carrière de catéchiste à laquelle il devait tout, et qui lui valait au moins le privilège d'être proche des missionnaires blancs. De nombreux avantages en découlaient.
Au plan social, on avait un plus sur le reste des populations, à tous les niveaux. Par ailleurs, on avait l'avantage de voir les enfants aller à l'école, pris en charge par les missionnaires. Le cas de Paul Biya.




[g]LA DISCORDE ( la rupture entre Ahidjo et Biya )

En novembre 1982, Paul Biya devient le deuxième président du Cameroun. Il prête serment sur la Constitution, loi fondamentale du pays. Ahidjo entre alors dans l'histoire du pays en lettres dorées.
Les deux hommes vont en parfaite harmonie, l'ancien Président poussant même son zèle jusqu'à faire campagne pour son successeur dans sa région natale, le nord-Cameroun ayant très mal accepté la situation. Il lui faut alors expliquer à ses frères les raisons de son geste ; il doit les rassurer, leur garantir qu'en réalité, le pouvoir reste entre leurs mains, et que fondamentalement, tout est inchangé. Pendant ce temps, Paul Biya bat lui aussi campagne de son côté. C'est donc ainsi que l'ex et le nouveau Présidents se lancent dans une vaste campagne qui va embraser le pays tout entier.
Paul Biya ne manque pas alors de signifier sa reconnaissance à son prédécesseur qu'i qualifie, tout au cours de ses périples, et à la faveur de ses discours, d'"illustre" . De même, les concertations entre les deux hommes sont fréquentes et régulières, le Président de la République marquant son obéissance et sa soumission à son "illustre prédécesseur", en déférant à toutes ses convocations tant à Yaoundé qu'à Garoua.
Avant toute décision importante, Paul Biya va se référer à l'appréciation d'Ahidjo qui doit lui prodiguer des conseils, lui exprimer ses idées, ses vues et orienter les positions du Président.
Sous le Président Ahidjo, les nordistes musulmans, de manière générale, bénéficiaient d'avantages énormes, tant dans l'administration que dans le privé. Les commerçants et autres corps de métiers originaires de la province du nord-Cameroun avaient des faveurs particulières et spécifiques, qui les rendaient privilégiés par rapport à leurs concitoyens.
Après Ahidjo, certains ministres décident de mettre bon ordre à la chose. C'est ainsi que Engo Pierre Désiré, alors ministre en charge du commerce, décide d'uniformiser le règlement en matière d'attribution et de traitement des titres de licence. Les commerçants musulmans se rendent bien vite compte que les conditions favorables qui leur étaient un acquis ont changé. Alors, ils vont se plaindre auprès d'Ahidjo, pour finir par réclamer la tête d'Engo.
Ahidjo ne va pas tarder à convoquer une fois de plus Paul Biya, pour lui parler de manière condescendante en présence de ses frères du nord. Et, lui ordonne de limoger le ministre Engo.



Paul Biya, déjà exacerbé par les malaises en lui suscités au jour le jour du fait du contrôle et de la pression que son"illustre prédécesseur" exerce sur lui, va considérer cette injonction comme l'ultime et fatale goutte d'eau qui fait déborder le vase. Il répond alors à Ahidjo que c'est la dernière fois qu'il reçoit des ordres de lui.
En réalité, il vient de réaliser qu'il n'y a qu'un seul Président dans un pays. Tout est parti du constat selon lequel Ahidjo se sert de son statut pour protéger les siens et améliorer leurs conditions de vie et veut l'amener lui Biya à le servir, même en cisaillant les Béti, ses frères de tribu.
La rupture entre les deux hommes va alors commencer à se ressentir et s'accentuer. Engo, limogé de son poste de ministre est nommé directeur général de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale. Biya l'y éternisera.
Paul Biya fera un premier échec à Ahidjo lorsque celui-ci proposera qu'il lui soit disposé une voiture battant pavillon particulier, et une escorte motorisée qui l'accompagnera à toutes ses sorties. Réponse du Président : "Et lorsque le pays comptera, trois quatre, cinq anciens présidents, et que tous se déplaceront dans ces conditions, les rues de la capitale seront-elles assez grandes à la fois pour eux et pour le reste des Camerounais ?"
De malaise en malaise, les rapports entre les deux hommes deviennent difficiles à gérer. L'ex Président se fait alors soucieux de reprendre le pouvoir et de régler à ce "prétentieux" de Biya ses comptes. Nous sommes sous le régime du parti unique et l'Union Nationale Camerounaise (UNC) est le parti au pouvoir. Ahidjo en est le fondateur et en demeure le président. A l'Assemblée Nationale, tous les députés sont acquis à sa cause : ils sont députés UNC. C'est par là que l'ex Président de la République compte culbuter son successeur.
Il fait alors passer secrètement, avec la complicité de ses plus proches amis du parlement, un projet de loi qui ferait du président du parti, le Chef de l'Etat, ayant pouvoir de nommer et de révoquer le Président de la République. Quelques heures avant que le projet ne soit soumis à l'adoption des législateurs, Paul Biya en est tenu informé ; un défecteur à l'Assemblée lui a mis la puce à l'oreille. Le Président se précipite alors lui-même au Palais de Verre de Ngoa Ekelle pour retirer la mouture qui l'aurait crucifié. Car, si ce coup avait marché, il va de soi qu'Ahidjo lui aurait causé toutes les misères imaginables. Déjà, l'ex Président n'avait caché qu'i ferait au préalable arrêter son successeur pour détournement de deniers publics, avant toute autre forme de procès. Sans plus tarder, le Président se dispose à récompenser le providentiel informateur. C'est ainsi que, comme par coïncidence, celui-ci est nommé ministre de l'information et de la culture. Il s'agit d'un certain Sengat Kouoh François.

L'alors colonel Ze Meka, directeur de la sécurité présidentielle, va être limogé ; le Président trouve qu'il a l'alarmisme et le catastrophisme à fleur de peau Certes, il faut être sur le qui-vive avec Ahidjo. Mais de là à suspecter des officiers de l'armée et les faire arrêter simplement parce qu'ils ont invité des collègues à prendre un pot dans un milieu discret, relève de la pure fantasmagorie. Paul Biya n'a pas bien pris la chose du fait que les suspects du colonel étaient originaires du nord. Autrement dit : un officier originaire du nord n'a-t-il pas le droit d'inviter un collègue pour prendre un pot dans un bistrot... ?
Mais entre les deux ex compères, la situation va gravement se dégrader au point qu'ils en arrivent à une guerre de communiqués, Paul Biya se servant des média locaux pour dénoncer des complots d'atteinte à la sûreté de l'Etat, complots réels ou supposés, et ne manquant pas au passage de mettre en garde certains pays amis du Cameroun, s'associant aux

manœuvres déstabilisatrices de ces hommes qui, fussent-ils grands, appartiennent néanmoins au passé historique du pays. Allusion faite au Maroc.
Ahidjo quant à lui, sobre dans ses réactions, se contente juste de dire que "Paul Biya a la phobie des coups d'Etat". Or il se trouve, que le nouveau Président a prêté serment alors que le mandat du président démissionnaire était encore en cours. Ce qui veut dire autrement qu'il assume l'intérim. Alors, en fin stratège, il décide de mettre fin au mandat d'Ahidjo, en anticipant sur les élections présidentielles, auxquelles il est l'unique candidat.
Le 14 janvier 1984, il est élu président de la République. Pour Ahmadou Ahidjo en exil, tout semble bien fini. Mais l'ex Président n'a pas encore dit son dernier mot.




LE PUTSCH


Mais quoi! ne sont-ils pas liés par un pacte? Paul Biya ne

sait-il pas que les termes de leur pacte ont été par lui
bafoués, et qu'en conséquence, il doit mourir ? Dès lors,

il doit s'attendre à tout, tant sur le plan physique que métaphysique.
La réponse ne va pas tarder, puisque le 6 avril 1984, des éléments de l'armée restés fidèles à Ahidjo s'organisent autour du mouvement "J'OSE" pour renverser Paul Biya. A défaut d'y parvenir, ils réussissent néanmoins à créer la panique à Yaoundé et dans le reste du pays.
Très réservé, Ahidjo, depuis Paris, déclarera : "Si ce sont mes partisans, ils gagneront". Une assurance à laquelle Henri Bandolo, directeur du quotidien gouvernemental Cameroon Tribune va s'attaquer passionnément, lui qui avait eu des relations de choix avec Ahidjo. Mais la tentative de putsch va permettre aux services de sécurité et de renseignements du Cameroun d'éprouver leur efficacité. Car pour peu que les mutins eussent été plus intelligents et mieux inspirés, ils auraient réussi leur coup, avec l'avantage de la surprise. Voilà une faction de l'armée qui se mobilise derrière un colonel (Salé Ibrahim) avec succès, sans qu'aucun obstacle n'y mette un terme. Où donc étaient les services de renseignements pour que ces gens aient eu le temps de s'organiser ?
Lorsqu'ils attaquent le Quartier Général, le commandant de cette unité stratégique, l'alors colonel Asso'o Emane Benoît, se résout à la fuite, leur abandonnant son épouse, que les autres se feront le plaisir de violer copieusement, en prenant tout leur temps et leur plaisir. Ils vont contraindre le Général Semengue, le plus haut gradé de l'heure dans l'armée nationale, chef d'état major des armées, à sortit par le trou du climatiseur, pour se cacher ensuite dans la malle arrière d'une voiture que va conduire son chauffeur, qui tenait dès lors le destin militaire entre ses mains. En effet pour franchir le barrage érigé par les mutins, il dut leur faire croire que le brillant officier général était coincé dans sa résidence. Alors qu'on lui prête des pouvoirs de métamorphe et d'invisibilité dont il aurait pu se servir en cette circonstance, pour échapper plus élégamment et avec plus de noblesse à ses poursuivants. Ils s'en vont arrêter à son domicile le délégué général à le sûreté nationale, Mbarga Nguélé Martin, chef de la police, alors que celui-ci converse au téléphone avec un correspondant de Paris qui l'entretient justement sur ce coup d'état. C'est un de ses neveux qui va payer de sa vie l'acte de bravoure dont il se sera montré capable pour voler au secours de son oncle. Ils vont mettre en fuite le ministre des forces armées, Andze Tsoungui Gilbert. Ils vont également faire un certain nombre d'otages au rang desquels le colonel Doualla Massango, Mbarga Nguélé etc ...
La naïveté et l'amateurisme des mutins vaudront aux forces loyalistes de se réorganiser et de préparer une riposte qui aura sauvé le fauteuil de Paul Biya, et épargné le pays d'une spirale de violence et de règlements de comptes. Les mutins sont fusillés du côté de Mbalmayo, et la vie reprend son cours normal.
Mais depuis lors, bien de choses vont changer tant chez Biya que chez Ahidjo. Le premier n'a jamais connu des moments pareils ; il a cru que son jour était arrivé. Il lui faudrait désormais utiliser toutes les voies possibles pour assurer sa protection. Car il s'est rendu compte qu'Ahidjo est prêt à tout pour reprendre le pouvoir. Et il a pris peur pour lui, pour le Cameroun aussi. Du coup ses yeux se sont ouverts : qu'y a-t-il à s'encombrer de ces sacro-saints principes de séminariste ? S'il veut réellement être Président, il doit se jeter à l'eau et se mouiller. Pour faire une omelette, il faut casser les oeufs. Le pouvoir ne peut être exercé avec des mains propres.
Le second s'est rendu compte qu'il est en train de perdre absolument le pouvoir. Il croyait qu'ils pouvaient ie partager tous les deux. Or, le pouvoir ne se partage pas, i! en vit la triste expérience. Cela veut dire qu'il s'est fait doubler par Paul Biya qu'il pensait pouvoir manipuler. Celui-ci lui montre qu'il s'est affranchi de lui et peut faire cavalier seul. Alors, ne va-t-il pas lui rester qu'à tirer les conséquences de cette douloureuse situation ? Pouvait-il avoir un autre recours? Il a tenté la solution extrême, avec ses "partisans". Mais ceux-ci ont lamentablement échoué et se sont retrouvés traqués sur l'ensemble du territoire, puis froidement exécutés après un procès dont l'issue ne faisait, pas de doute.
Paul Biya va tirer les conséquences de ce putsch manqué. Dans la mouvance qui va suivre, le ministre des forces armées est limogé, le ministre de l'administration territorial, Fouman Akame Jean connaît un sort similaire ainsi que Focbive Jean, directeur général du Centre National des Etudes et de la Recherche (Cener), services secrets spécialisés du Cameroun, Le chef de la police quant à lui suivra plus tard avec un sort relativement plus heureux, puisqu'il sera fait chef de mission diplomatique.


LES METAMORPHES

Aux grands maux les grands remèdes. Paul Biya comprend enfin qu'on ne peut pas, dans certains contextes, être chef
d'état, sans tremper dans certaines pratiques. Il lui faut
alors s'appuyer sur quelqu'un pour être introduit dans certains milieux. Pour être Président du Cameroun, il lui faudrait être investi des pouvoirs traditionnels des sages du Cameroun.
Il doit y aller étape par étape. Pour éviter de subir un contre effet qui pourrait plutôt lui être préjudiciable, comme le cas d'un ballon qui exploserait pour avoir été gonflé plus qu'il n'en fallait.
Mais le colonel Asso'o Emane Benoît, sur qui il s'appuie avec une particulière dévotion, va lui proposer mieux : comme le commissaire divisionnaire Minlo'o Medjo Pierre, directeur de la sécurité présidentielle, l'homme est originaire de Djoum, un arrondissement du Dja et Lobo, la province natale du chef de l'Etat. Dans cette contrée, vivent des pygmées, êtres humains évoluant dans des conditions à la limite sauvages, à mi-chemin entre les dimensions animale et humaine.
Evoluant dans les brousses de Djoum à travers leurs campements de pygmées qu'ils doivent changer et renouveler du jour au lendemain en de mystérieux mouvements migratoires, ils détiennent des connaissances et des secrets qui ne sont pas à la portée des hommes modernes. Cela est dû à la proximité de la condition animale qu'ils vivent pleinement tout en demeurant plutôt paradoxalement, des hommes. Certes sauvages, mais des
hommes tout de même.

Dans leur maîtrise de l'alchimie animale, ces hommes sont dotés de pouvoirs extraordinaires. La connaissance parfaite des secrets de la forêt et de la brousse fait qu'ils puissent se métamorphoser, par des rites et des techniques spécifiques, en animaux ou en plantes de leur choix. C'est grâce à ces pratiques qu'ils parviennent à vivre dans les forêts, parmi les animaux, et à maîtriser les lois et règles du milieu, pour s'y adapter et s'imposer. Ils peuvent alors vivre tranquillement de la pêche, de la chasse et de la
cueillette.
Le colonel Asso'o est bien connu dans certains campements. Il n'est d'ailleurs pas seul à les fréquenter ; bon nombre de Camerounais vont vers les pygmées, conscients des pouvoirs que possèdent ceux-ci. Ils recherchent alors des avantages de toutes natures, des recettes et autres philtres. Il leur suffit de tomber sur de bons pygmées, pour voir leurs rêves devenir une réalité.

Asso'o, commandait du quartier général de l'armée, avait la réputation de garder un lion dans sa résidence. Ce lion, en général, ne se manifestait que dans la nuit, lorsque la maison plongeait dans le silence total. Alors les éléments en faction à la résidence du colonel entendaient des rugissements répétés qui semblaient, à dessein, les préparer à ce qu'ils allaient voir.
Puis il apparaissait, le lion, majestueux, souple, seigneurial, mais prudent; il gardait une bonne distance, marchait lentement, comme faisant le tour du propriétaire, puis disparaissait dans les ténèbres de la concession. On ne savait pas alors où il allait s'établir pour se reposer. Certaines langues prétendent qu'il avait une chambre dans la maison, puisqu'il n'y avait nulle part de cage de lion. Il n'y avait même pas le moindre élément permettant de traduire qu'un lion existait dans la concession. Pas même des dispositions alimentaires spéciales.
Tout ce qu'il y avait, juste des consignes régulièrement et rigoureusement passées aux soldats en faction chez le colonel ; on les prévenait de ne pas s'effrayer si un lion apparaissait dans la concession, de ne pas l'effaroucher ou le provoquer de quelque manière que ce soit. A la limite, le regarder tout juste : il est de la maison et ne fait de mal à personne.

En réalité, c'est le colonel qui se métamorphosait en lion, car il est métamorphe. Et en cela, il est de ceux qui se font appeler des hommes-lions.
Homme-lion, Paul Biya en est devenu un aussi, entrant non seulement dans la grande famille des métamorphes, mais surtout dans celle plus particulière des "félins", clan des hommes-lions. Pour en arriver là, il a été parrainé auprès des pygmées de Djoum par Asso'o Emane Benoît.
Mais il n'y a pas que des hommes-lions autour du chef de l'Etat. De nombreux métamorphes sont avec lui, appartenant à diverses familles animales, à diverses espèces, à divers clans. Dans le cadre de certaines rencontres spécifiques, ils revêtent, tous leurs formes animales. Cette technique n'est pas que dispensable par les pygmées de Djoum. Même dans les pratiques de sorcellerie pure, de nombreuses personnes prennent la forme animale de leur choix. C'est un phénomène bien connu dans les milieux des chasseurs, en Afrique. Plusieurs fois on a condamné en justice un chasseur qui était convaincu de tirer sur un animal, alors qu'on retrouvera au lieu de l'animal, un être humain bien connu. Si bien que de nos jours, les chasseurs doivent utiliser certaines formules pour apporter la matérialité de leurs allégations.
Dans certaines tribus, le phénomène des totems est si courant qu'il ne fait plus de mystère étant entendu que lorsqu'on tue un animal dans de particulières circonstances, on attend l'annonce du décès d'une personne humaine correspondant à cet animal. Le principe est valable chez les métamorphes. Lorsque quelqu'un se métamorphose en animal, en oiseau etc ..., il subira dans sa condition humaine le traumatisme physique qu'il aura subi dans sa condition en métamorphose. Autrement dit, si on tue une personne métamorphosée en animal, elle sera retrouvée morte en lieu et place dudit animal.
C'est quelque chose qui a failli se produire une fois déjà au Palais de Mvomeka'a. un soldat de la garde présidentielle descendait de sa faction, arme en main. Il aperçoit soudain un lion à une certaine distance de lui. Il prend peur et panique, arme son pistolet mitrailleur et s'apprête à tirer. Mais des éléments de la sécurité présidentielle qui avaient pour mission de suivre le lion pour veiller à sa sécurité, le devancent et l'abattent. Pour protéger le lion.
Mais un lion vaut-il une vie humaine, fût-il le lion du Président, comme pensaient les exécuteurs ? En réalité, il s'agissait du Président lui-même. L'élément de la garde présidentielle ne savait pas qu'il allait abattre son Président métamorphosé en lion. Ceux de la sécurité présidentielle ne savaient pas eux non plus qu'ils protégeaient non le lion du Président, mais lui-même. Car, Paul Biya est un homme-lion. Lorsque, à la faveur de ses campagnes, il se déclare tel, il ne s'agit guère d'un jeu de mots ; il n'y a rien d'aussi vrai.
Mais alors, pourquoi se transforme-t- il en lion ? Les métamorphes choisissent une forme animale à dessein. Il s'agit de l'animal dont ils voudraient avoir des traits de caractère. Celui qui choisit le lion épouse et revêt ses caractères : courage, force, dynamique, autorité, puissance, domination etc... En se retrouvant dans la forme de l'animal, on effectue une sorte de ressourcement, pour se redynamiser et cristalliser en soi les caractères prédominants chez ledit animal.





LE PALAIS HANTE

Pour le Président Ahidjo, tout n'est peut-être pas encore perdu ; n'y a-t-il pas une dernière carte, le joker à abattre ? !
Paul Biya n'est que scélérat, un renégat qui l'a trahi, lui

m Ahidjo, l'homme qui l'a créé, construit, hissé au firmament de la gloire, au point de le porter si haut qu'il n'en revient pas lui-même. Car en réalité, rien ne le prédestinait à un si grand destin. Est-ce ainsi que l'on va remercier quelqu'un qui vous a porté si haut ? Ahidjo en crève de rage. Il jure d'avoir sa vengeance. Il a perdu une bataille, deux ou trois même, mais il s'agit d'une guerre. Et, cela est une autre paire de manche. Il peu encore gagner.
Le pouvoir est absurde. Sa quête rend fou. Le Président Ahidjo ne veut pas entendre raison, et ne peut pas se rendre à l'évidence. Il n'a plus rien ; il n'y a plus d'armée qui lui soit acquise, justes des sympathisants épars et disséminés çà et là, incapables d'ailleurs de confesser publiquement leur sympathie à celui qui fut " le père de la nation", par peur de représailles subséquentes.
Les personnes sur lesquelles il aurait pu compter ont été écartées des affaires de l'Etat, à l'instar de Ngwa Samuel, son dernier délégué général à la sûreté nationale. Viré par Paul Biya après vingt sept années à la tête de la police, il est remplacé par l'alors directeur des renseignements généraux de la sûreté nationale, Mbarga Nguélé Martin qui, en moins de deux heures partira du grade de commissaire principal à celui de commissaire divisionnaire, question d'être au même niveau que les autres divisionnaires, puisque dans la même tranche de temps, il allait être nommé, puis installé au poste de délégué général à la sûreté nationale, en remplacement de Ngwa Samuel, soupçonné d'intelligence avec Ahidjo. Dans les coulisses du palais, on disait que l'ex-délégué venait de recevoir d'Ahidjo une motivation de trois cents millions de francs CFA non dévalués (nous sommes en 1983), pour faire passer dans le pays des armes qui serviraient à renverser le Président. Vraie ou fausse information ? Les mêmes sources firent en tout cas lieu de ce que le chef de l'Etat, ayant convoqué le délégué seulement quelques heures avant sa disgrâce, lui intima l'ordre de reverser cette somme au trésor public. Ce que l'autre aurait fait.

Mais l'ex délégué à la sûreté nationale, dit ne rien reconnaître de ce qui lui fut reproché. Un jour après son limogeage, il reçut la visite d'un de ses anciens collaborateurs, Kwende Alfred, un haut cadre de la police camerounaise, alors directeur adjoint de l'école nationale supérieure de police de Yaoundé. Celui-ci fut reçu ainsi par l'ex patron de la police dans ce

qui était la résidence officielle, en présence de l'auteur du présent ouvrage, déjà "fils" de l'ex comme du nouveau délégué général. Ngbwa Samuel, la main sur le cœur, affirmait et soutenait son innocence à son interlocuteur et ancien collaborateur, venu lui exprimer sa sympathie.
Ahidjo n'a donc plus personne dans l'appareil de l'Etat, pour lui donner un sérieux coup de main. Paul Biya a placé ses pions à tous les niveaux, et restructuré les données politiques et administratives : les provinces du centre-sud et du nord vont connaître un éclatement, en sorte qu'on ait plutôt le centre et le sud, deux nouvelles provinces distinctes, et l'adamaoua, le nord et l'extrême-nord, trois nouvelles provinces. De même, le parti unique, l'UNC va, à la faveur du congrès de Bamenda, devenir le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), une fondation de Paul Biya. Le dernier label de Ahmadou Ahidjo se sera donc écroulé.
Toutes ces vues ne sont pas pour le conforter. Il va alors user d'une technique propre aux initiés pour s'attaquer directement à Paul Biya : le dédoublement. Il s'agit de cette faculté qu'ont développée et acquise certaines personnes rompues aux sciences hermétiques, d'être présentes physiquement en plusieurs lieux à la fois.
C'est donc ainsi que la paix et la sérénité vont être saignées au Palis de l'Unité, où Ahidjo se manifeste désormais de manière inopinée et intempestive. On le rencontre dans les couloirs, les allées et autres pièces personnalisées. Il apparaît dans les chambres et les cuisines, mettant en fuite leurs occupants. Il apparaît dans les salons, la bibliothèque, les bureaux privés, créant à chaque fois des remous, arme au poing, vraisemblablement à la recherche de Paul Biya pour l'abattre assurément.
Tout à fait conscient de la gravité de la situation, le Président qui, à plus d'une reprise, a échappé à son prédateur, finit par passer des consignes à ses services de sécurité : il faut tirer à vue sur Ahidjo. Mais la situation n'est guère plaisante car Paul Biya doit se faire garder jusque dans les lieux les plus intimes, par peur d'être surpris en quelque lieu isolé par son chasseur qui ne manquerait pas de le canarder.

Le dédoublement, dans les sociétés ésotériques est pratiqué par tous ceux qui ont atteint un niveau respectable dans leur parcours. Chez les sorciers, il s'agit de tout ce qu'il y a d'élémentaire, d'un préliminaire. De nombreuses personnes pratiquent le dédoublement avec une parfaite maîtrise de cet exercice. Bien entendu, Ahidjo prend des risques et en est fort conscient. C'est pourquoi il veille à ne pas s'attarder sur un lieu dès qu'il apparaît. Une balle, un violent choc physique, et il sera dans de vilains draps.

Il faut y mettre rapidement un terme. L'atmosphère du Palais devient invivable, avec cette menace d'Ahidjo qui y sévit dangereusement. Paul Biya a alors recours à l'Archevêque de Yaoundé qui, à l'heure de Nicodème, va procéder à des rites au Palais de l'Unité. Mais peine perdue, car Ahidjo continuera de se manifester, toujours plus menaçant. Le Président va alors faire appel à son maître spirituel Dayas Ekwe, éminent Rosicrucien. "Il ne faut pas violer un pacte", lui recommandera celui-ci. Cette réaction amènera Paul Biya à ternir ses rapports avec son maître.
N'ayant eu aucun succès dans le pays alors que la menace d'Ahidjo pèse de tout son poids sur lui, Paul Biya va alors recourir à la diaspora en faisant appel à un grand maître occidental qui ne va pas tarder à répondre présent. Grâce à l'action de celui-ci, la présence maléfique d'Ahidjo va être jugulée : l'ex Président n'apparaît plus au Palais de Biya ; ses pouvoirs ne peuvent plus franchir les portes d'Etoudi. Le grand maître de l'AMORC aura bien mérité les 07 milliards de F CCFA que le Président Biya lui offrit après ses rituels.
Ahidjo vient de perdre définitivement Etoudi, et n'a plus nul espoir de prendre encore le dessus sur Paul Biya. Alors, il craque et disjoncte. Dans sa résidence en banlieue de Paris, le Président déchu passe le plus clair de son temps à hurler, maudire, exprimer sa colère, injurier Paul Biya, proférant des imprécations contre le Cameroun et les Camerounais. Il est alors atteint d'une violente crise de nerfs, et refuse toute consolation : Paul Biya l'a trahi et lui a menti; voilà la quintessence de son message.

LES HOMOSEXUELS




Quelles connaissances avez-vous des Maisons Secrètes de la Rose-Croix et des initiations y afférentes ?
Telle est la question posée par le grand
maître de l'AMORC à Paul Biya à l'issue des travaux spirituels par lui réalisés au Palais. Il eût été aberrant que ce grand chef de l'ordre de la Rose-roix ne s'intéressât pas particulièrement à son hôte dans le cadre de ce qu'ils avaient en commun, c'est-à-dire la confrérie. Et dans le cas d'espèce, il s'agit de rapports entre maître et élève.
Le Président Biya n'a encore subi aucune initiation préalable, liée au contexte exprimé par son allocutaire. Celui-ci va alors le soumettre à des initiations spécifiques. La rencontre avec un grand maître a quelque chose de particulier, en ceci qu'elle laisse toujours des marques indélébiles. Ils ont des gestes, des paroles, qui ne sont pas du commun.
L'émnentRosicrucien, après avoir "lavé" Paul Biya, l'engage à un rapport homosexuel. Ceux qui sont membres des sociétés initiatiques s'y prêtent selon une technique propre aux initiations par eux reçues. Dans ces milieux, on prétend que Jésus Christ était lui-même passé par là, pour cause qu'il était un homme, et qu'en tant que tel, il est passé par les écoles des hommes. Ils prétendent que Jésus a lui-même été initié à la magie sexuelle, dans un temple égyptien par une prêtresse dudit temple. Et même, ils soutiennent que Jésus Christ était un homosexuel.
Paul Biya, développant un jour cette idée devant des auditeurs attentifs parmi lesquels l'auteur du présent ouvrage, dans le cadre de ses "causeries éducatives", n'a pas manqué de s'appuyer sur les Saintes Ecritures pour étayer ses arguments. Il entraîne alors ses auditeurs dans l'Evangile de Jean.

C'est la Sainte Cène. Jésus est avec les 12 Apôtres. Parmi les 12, il y a celui qui aime à se désigner en des termes très équivoques : "le disciple que Jésus aimait". C'est précisément l'auteur du quatrième évangile, Saint Jean. De tous les disciples et apôtres, il est le plus jeune. C'est peut-être la raison pour laquelle le Christ semble avoir une affection particulière pour lui, parce qu'il est encore qu'un enfant. Mais il y a quand même quelque chose de curieux dans cette manière de dire : "le disciple que Jésus aimait". Est-ce à considérer qu'il n'aimait pas les autres disciples ? Ne dit-on pas de lui qu'il aime tout le monde ?
La question va se compliquer dans le verset 23 du chapitre 13, quatrième évangile : "un des disciples, celui que Jésus aimait, était couché sur le sein de Jésus". Et cela paraît à la fois curieux et déplacé. Dès lors, le terme "aimait" revêt un sens plutôt suspect. Il est évident que ces gens ne sont pas à table, mais sont plutôt couchés. Et ce repas se prend selon la formule de l'époque, non autour d'une table mais bien sur des divans, avec la nuance que celui que Jésus aimait était couché auprès de lui, sur le divan, en ce comportant curieusement comme une femelle, puisqu'il était tantôt couché sur le sein du Seigneur, et tantôt penché sur sa poitrine, attitudes strictement fémnales (verset 25), dont l'évidence va être marquée par le verset 24 : Jésus et celui qu'il aimait étaient à part du groupe. Simon-Pierre n'aurait pas eu à faire signe à l'autre ; il aurait pu personnellement poser la question à Jésus. Mais gêné manifestement par l'écart qui les séparait, il a préféré faire signe à celui qui était couché sur le sein du maître. "Et ce disciple, s'étant penché sur la poitrine de Jésus, lui dit : Seigneur qui est-ce ?" (Jn. 13, 25).
Après la Cène, Jésus et son groupe se rendirent au jardin de Gethsémni, selon Marc. Jean se contente juste de citer vaguement "un jardin" où devait se poursuivre ce qui avait commencé avec la cène. Jésus est finalement arrêté. Marc précise qu'un jeune homme le suivait. En veillant à éluder son identité. Jean par contre n'y fait même pas allusion. Mais on sait qu'il n'y avait de jeune homme dans le groupe que Jean, adolescent. Mais ce détail, dans le cadre de l'identité n'est guère important dans l'idée de l'évangéliste. Seulement, le geste de ce jeune homme qui suit Jésus alors que tous les autres ont fui, traduit sa fidélité et son attachement au Seigneur. Néanmoins il y a à considérer que le jeune homme en question et le disciple que Jésus aimait sont une seule et même personne, c'est-à-dire Jean.

Et subitement, coup de théâtre dans Marc 14 : au verset 51, il est dit qu'un jeune homme le suivait, n'ayant sur son corps qu'un drap. Les agresseurs de son maître se saisissent de lui. Mais lui, au verset 52, lâche son vêtement et se sauve tout nu. La situation interpelle le lecteur : après ces élans de tendresse à la Cène, où le disciple que Jésus aimait était tantôt couché sur son sein et tantôt penché sur sa poitrine, qu'est-ce qu'il faisait cette fois nu au Jardin de Gethsémani ? Il est vrai que l'auteur du quatrième évangile n'y a pas pensé, mais ne fallait-il pas au préalable que le lecteur sache si celui-ci était déjà nu, avec



04/04/2010
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