Le gouvernement contre la vie : l’ADN nécrophage du Renouveau National

Le gouvernement contre la vie : l’ADN nécrophage du Renouveau National

Adn Tchatchou:Camer.beSept mois ! Une éternité lorsqu’on souffre. C’est le temps que Vanessa vient de passer au sein de l’hôpital camerounais où elle mit au monde un bébé que ceux qui nous dirigent jugèrent indigne d’elle en ne déployant aucun effort conséquent pour le retrouver. Comme plusieurs Camerounais depuis trente ans, Vanessa a eu droit aux agissements authentiques d’un pouvoir nécrophage qui, via un de se dignes serviteurs, nous assena sans vergogne il y a quelques temps : « le bébé de Vanessa est mort et enterré ! ». Nous redécouvrîmes alors la réalité d’un Etat camerounais-croque-mort. C’est-à-dire, moins enclin à sécuriser les vies des citoyens en mettant tout en œuvre pour les sauver, que de faire les statistiques des morts sans être comptable de leurs causes.

Ces inepties lugubres d’un ministre de la République ne sont pas une surprise dans une gouvernance et un gouvernement orientés contre la vie depuis longtemps. « Le bébé de Vanessa mort et enterré  » est ainsi l’empreinte symbolique et pratique réelled’un régime qui, maintes fois, n’exista auprès des Camerounais que lorsque ceux-ci comptèrent leurs morts. Le « zéro mort » à l’Université de Yaoundé d’Augustin Kontchou, les morts sans corps de Bépanda, « le zéro étudiant tué » d’un recteur de l’universitéde Yaoundé II à Soa alors que les corps sans vie d’étudiants gisaient sur le sol, les jeunes camerounais froidement exécutés en mars 2008 par l’armée transformée en milice du pouvoir, en sont quelques macabres morceaux choisis. En conséquence, alors que le pouvoir cherche l’ADN de l’enfant volé de Vanessa, le peuple camerounais lui connait l’ADN du Renouveau National de longue date : c’est un ADN criminogène au service d’un gouvernement contre la vie. Ses tests sur le bébé du magistrat ne pouvaient qu’être négatifs comme l’impact global du régime lui-même dont ce vol de bébé est la figure de style la plus naturelle et logique.

Trente ans après, voici que le chemin de croix de Vanessa met en forme politique et en forme sociale, l’état du monde que vivent les outsiders d’un régime où l’émancipation se fait en cercle fermé. Voici que les Camerounais mesurent concrètement que « les grandes réalisations », nouveau dogme politique du septennat nouveau, ne sont que pures illusions étant donné que la première grande réalisation qu’attend un bébé camerounais est qu’il grandisse en sécurité dans l’amour des siens. La première grande réalisation qu’attend une famille camerounaise, c’est de jouir du bonheur d’une nouvelle vie, d’une nouvelle intelligence, d’un nouvel espoir. Cet espoir « mort et enterré » d’après Issa Tchiroma, est le signe, tant d’un Renouveau National lui-même mort et enterré comme espoir politique, mais aussi, celui de tous les Camerounais tués ou déclassés socio économiquement par ce régime.

Dès lors, chercher l’ADN du bébé volé de Vanessa alors que celui-ci est « mort et enterré » d’après la voix officielle, consiste inévitablement à trouver l’ADN véritable du Biyaïsme au bout de cette recherche : la mort de l’espoir de Vanessa. La preuve, celle-ci, maman injustement déchue du fruit de ses entrailles, a été conduite manu militari chez elle alors que le pouvoir reste muet depuis sept mois sur un cri d’une mère qui n’est rien d’autre qu’un appel à l’aide de sa grande famille nationale, l’Etat camerounais. Les Camerounais et les Camerounaises vivent ainsi sous un pouvoir sévèrement autiste face au cri de vie du peuple, mais redoutablement efficace lorsqu’il faut réprimer l’ADDEC, incarcérer les manifestants, puis juger et condamner avec une célérité inouïe, les jeunes manifestants de février-mars 2008. C’est un pouvoir qui trouve les solutions à ses problèmes avec une efficacité deux fois supérieure au cow-boy qui tire plus vite que son ombre. Sauf que cette ombre est celle de la mort de l’avenir incarnée par le bébé volé de Vanessa.

Trente ans de pouvoir ont-ils servit uniquement à cultiver la mort en nous annonçant que « le bébé de Vanessa est mort et enterré » alors qu’on nous dit que l’ADN sur son cadavre ne peut être réalisé dans un XXIème siècle où l’ADN des restes de Toutankhamon est isolé et testé ? Oui doit-on répondre à cette question car c’est lorsqu’il est la négation de la vie et l’incarnation tous azimuts de la médiocrité, que le Biyaïsme fonctionne à plein régime. Les tests ADN commandés de Suisse sans contre-expertise, et l’incapacité de faire des tests ADN sur un hypothétique cadavre de bébé vieux de moins d’un an, montrent le niveau d’expertise scientifique où trente ans de Renouveau National ont hissé le Cameroun. Ce qui est florissant au pays de « l’homme lion » est la longueur des griffes que sort son pouvoir pour lacérer les corps et raviner les esprits des Camerounais pour qui la vie humaine signifie encore la valeur suprême sur terre. Au lieu de déployer trente ans d’un pouvoir sans partage pour faire la lumière sur le Bébé volé et rendre justice à la mère autant qu’un un pays perturbé, les Camerounais et les Camerounaises ont plutôt vu les coups de griffes du lion au pouvoir : l’ADDEC en a reçu, le COMICODI, Vincent Sosthène Fouda en connaissent la vigueur autant que toute la société civile camerounaise nationale et internationale mobilisée autour de Vanessa.

Est-ce ainsi que disparaissent les bébés camerounais et que l’on traite les mères et les familles victimes se demande la Fondation Moumié ? Ouirépond le Renouveau National. La vérité est que l’ADN nécrophage du Renouveau National ne peut trouver un ADN vivant du bébé de Vanessa, synonyme du service à la vie. Les chiens ne font pas de chats, loin s’en faut. Le chef de l’hôpital a été remplacé mais le système tout entier reste en place avec son ADN politique nécrophage. D’autres bébés camerounais restent donc à la merci du pouvoir contre la vie ! En annonçant aucune mesure pour contrecarrer de telles situations dans l’avenir, c’est un permis officiel de vol de bébé que vient ainsi de délivrer le Biyaïsme aux acteurs du réseau incriminé.

© Correspondance : Thierry AMOUGOU, Président de la Fondation Moumié


15/03/2012
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