Le directeur général de la Cnps franchit le rubicond

Cameroun : Le directeur général de la Cnps franchit le rubicondNoel Alain Olivier Mekulu Mvondo Akame vient de traduire une trentaine de délégués du personnel au conseil de discipline. La crise s’enlise à la Caisse nationale de prévoyance sociale.

Ala CNPS, ils sont pointés du doigt par la direction générale. Et viennent d’être traduits au conseil de discipline. « Pour avoir cosigné un mémorandum adressé à plusieurs autorités et publié dans les médias, lequel mémorandum contient un certain nombre de propos mensongers, diffamatoires et infamants concernant les organes dirigeants de la CNPS ainsi que certains de ses hauts responsables ». Les délégués du personnel visés risquent entre autres les sanctions ci-après : mise à pied de 1 à 8 jours ; retard à l’avancement de 1 à 2 ans ou le licenciement. La date du conseil de discipline (qui sera présidé par Bowen Georges Eric, au nom du directeur général) n’est pas encore connue. Les intéressés ne sont pas encore notifiés formellement de la décision du directeur général.

Toutefois, des indiscrétions précisent qu’ils sont traduits au conseil de discipline, non pas comme délégué du personnel, mais comme simple employé. Une manoeuvre de plus, indiquent les délégués du personnel traduits devant le conseil de discipline. « M. Mekulu veut simplement nous éliminer de la course au renouvellement des représentants du personnel qu’il a convoqué en mi- avril. Sinon, pourquoi il n’a pas mis en ampliation notre ministre de tutelle sa décision de nous traduire au conseil de discipline ». Nous ne céderons pas au chantage et au dilatoire de notre top management », expliquent les représentants du personnel. L’acte du directeur général en date du 22 février 2013 est le dernier épisode d’un feuilleton qui commence à durer.

Auparavant, il y aura eu d’autres actes d’intimidation et de maltraitance des personnels jugés rebelles par la direction générale de la Cnps, notamment des affectations disciplinaires et brimades de toutes sortes.

Rouleau compresseur

En l’espace de quatre mois seulement (de novembre 2012 à février 2013), il y a eu un mémorandum, un préavis de grève et plusieurs lettres de dénonciation. Dans l’une de ces missives, on peut lire : « Une grave crise a pris corps à la CNPS. Elle plonge dans la peur l’ensemble du personnel et risque de toucher les pensionnés et les autres assurés sociaux. Il s’agit de la suppression de l’Agent comptable dont les missions dans la sécurisation des fonds de la Cnps sont rappelées par le décret du 01/09/75 fixant les règles relatives aux opérations financières et comptables de la CNPS. Cette suppression est consécutive aux manoeuvres orchestrées par le directeur général pour mieux piller et appauvrir l’entreprise tel que nous l’avons dénoncé dans le tome I de notre mémorandum ».

C’est un paragraphe d’une note d’information de préavis de manifestation déposé par les délégués du personnel le 21 janvier 2013. Deux semaines après cet avis de préavis de grève, la CNPS est effectivement dans la crise susmentionnée. Employés et pensionnés sont aux abois. Ils n’ont pas perçu leurs salaires du mois de janvier 2013. Une guerre ouverte entre le Dg et le comptable défraie la chronique et bloque les opérations financières de l’entreprise. Le Directeur général accuse le comptable dans un communiqué adressé au personnel de la Cnps et abondamment relayé par des médias vraisemblablement instrumentalisé à dessein.

« Le Directeur général est triste d’informer le personnel de la Cnps que, du fait du sabotage organisé par Monsieur Bodo Simon, Agent comptable, les salaires du mois de janvier ne seront pas payés à la date initialement prévue. En  effet, celui-ci exige des primes spéciales pour le payement de 9,5 milliards de francs aux personnels. Des mesures sont néanmoins en cours, de concert avec la CONAC et le Minfi, pour combattre vigoureusement ces agissements de concussion et de corruption, et remédier à ces blocages en vue du paiement rapide des salaires, des dépenses techniques et autres dépenses dès la semaine du 04 février». En guise de défense, l’Agent comptable évoque la décision du conseil d’administration l’ayant dépouillé de ses prérogatives. Ce conflit de compétence a laissé plus d’une personne sur le carreau. C’est le cas du DAG qui a fini par démissionner en février dernier.

Des médiations pour quels résultats ?

En juillet 2012, l’augmentation des salaires, exigée par le personnel a fait l’objet d’une nouvelle grille salariale, eu égard à la bonne santé financière de l’organisme. En effet, la CNPS réalise depuis des années des excédents en milliards, réserves de trésorerie constituées en dizaines milliards. Des acquis lui ayant permis de faire des investissements stratégiques : Dragages, rachat immeuble Camair de Paris ou encore acquisition et réhabilitation de l’immeuble ministériel n°1 (immeuble dite de la mort). Le retour d’ascenseur exigé par les employés est donc compréhensible. En août 2012, devant le ministre du travail et de la sécurité sociale Grégoire Owona, on avait cru le conflit entre le Dg et les délégués du personnel résolu. L’engagement ayant été pris par toutes les parties.

La direction générale souscrivait à l’idée de revalorisation des salaires décidée précédemment. Les préavis de grève sont immédiatement suspendus. Mais jusqu’à ce jour, les salaires sont les mêmes et les débats sur les droits du personnel continuent d’alimenter les tensions internes. Ce statu quo a également freiné les négociations entamées pour la signature d’une convention collective de la CNPS. Ce qui se traduit par un climat délétère perceptible dans cet extrait du mémorandum du 12 décembre 2012: « C’est le règne de l’arbitraire et du favoritisme (…) L’illégalité sous Mekulu devient la règle (…) Quelle instabilité, quelle précarité en ce qui concerne les droits et carrière professionnelle des agents de la CNPS ». La crise s’enlise davantage lorsqu’une partie des délégués du personnel et d’autres employés manipulés et aux objectifs obscurs prennent le parti du directeur général.

« Nous avons appris et découvert avec consternation et indignation un prétendu mémorandum signé d’une poignée de nos camarades et mettant en cause de manière grave, mensongère et éhontée aussi bien le Chef de l’Etat, le Ministre du travail et de la sécurité sociale, ainsi que le conseil d’administration et le Directeur général de la Cnps ». Curieux tout de même, les problèmes évoqués par les délégués « rebelles » ont été confirmés par la récente crise qui a secoué l’entreprise au mois de février dernier. Crise qui a fini par trouver une solution avec le payement tardif des salaires et des pensionnés. L’Agent comptable ayant accepté de signer les états de salaires, les dépenses techniques et autres dépenses.

Rebondissement

Mais, on n’est pas encore sorti de l’auberge. Des informations récentes le prouvent. Et cette sortie reste d’actualité : « Nous avons l’honneur de porter à votre haute attention que dans l’impossibilité de vous rencontrer dans le cadre du dialogue social depuis quatre ans aux fins de vous faire part de notre vision de l’avenir de la CNPS, nous, représentant légaux du personnel dont nous avons le soutien incontestable, Institutions de l’État, avons été obligés de produire nos réflexions dans un mémorandum intitulé Tome 1 suffisamment fondé sur des preuves tangibles ». Cet extrait de la note adressée au Directeur général de la CNPS par les délégués du personnel le 10 décembre 2012 est un ras-le-bol suffisamment parlant du niveau de pourrissement des relations au sein de la Caisse nationale de prévoyance sociale du Cameroun. De fait, la rupture est définitivement consommée entre les employés et la direction générale de l’entreprise. Au vu de la situation, tous les regards sont tournés vers la présidence de la République. Pour arbitrage entre les parties en conflit, avant que le pire n’arrive.

© www.integrationafrica.org : Bobo Ousmanou


09/03/2013
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