Le chef de l’Etat, à la BBC, hier - “Ceux qui décaissent l’argent à la Bceao pour Gbagbo seront poursuivis”

  FOCUS SUR L'ACTUALITÉ
Le chef de l’Etat, à la BBC, hier - “Ceux qui décaissent l’argent à la Bceao pour Gbagbo seront poursuivis”
(Le Patriote 18/01/2011)


Le Président de la République a accordé une interview hier à la BBC. Dans l’entretien, il parle de l’option militaire comme recours ultime pour faire partir Laurent Gbagbo et des complicités à la BCEAO qui permettent au pouvoir illégitime de Laurent Gbagbo de décaisser l’argent sur les comptes de la Côte d’Ivoire.
BBC : L’option militaire est-elle toujours d’actualité ?
Alassane Ouattara : Il est important de noter que tout le monde, bien sûr préfère une solution pacifique. Et c'est pour cela qu'il y a toutes ces missions qui viennent demander à M. Laurent Gbagbo de quitter le pouvoir de manière pacifique. Mais les chefs d'Etat de la CEDEAO ont également indiqué que si ce n'était pas le cas, toute autre mesure y compris la force légitime serait utilisée. La force légitime ne veut pas dire une intervention militaire contre la Côte d'Ivoire. Ce serait tout simplement une opération pour extirper M. Laurent Gbagbo.

BBC : Quelle autre solution s'offre à vous si l'opération militaire n'était pas retenue ?
AO : Vous savez que j'ai été élu par le peuple ivoirien à plus de 54%. Laurent Gbagbo le sait et la CEDEAO l'a confirmé ainsi que l'Union africaine et les Etats-Unis. Moi je suis un homme de paix, je préfère la solution pacifique. Et je souhaite qu'il en soit ainsi. Laurent Gbagbo s'est dit démocrate avant ces élections, il a perdu les élections, il devrait partir. Maintenant, s'il ne s'en va pas après toutes ces navettes et toutes ces possibilités qui lui sont offertes, il partira par d'autres mesures.

BBC : Qu'entendez-vous par d'autres mesures ?
AO : Y compris la force légitime. Cela s'est déjà produit dans d'autres pays aussi bien en Afrique que sur d'autres continents. Il n'est pas difficile de faire partir un dictateur.

BBC : Si la CEDEAO met fin à cette option militaire, quelle option s'offre à vous ?
AO : Ah non ! La CEDEAO a déjà pris sa décision. Ce n'est pas maintenant. Le communiqué de la CEDEAO est très clair et stipule que M. Alassane Ouattara est le président légitime et Laurent Gbagbo doit lui céder le pouvoir. Il doit le faire dans les plus brefs délais. Si ce n'était pas le cas, toute autre mesure y compris la force légitime sera utilisée contre lui. Donc, ce n'est pas une question de s'entendre sur une action. L'action est déjà indiquée.

BBC : Vous avez refusé toute négociation. Ne pensez-vous pas qu'il peut être possible de négocier avec M. Gbagbo?
AO : Moi, je ne suis pas homme à ne pas reconnaître le verdict du peuple. Je suis un démocrate. Tout le monde a considéré que cette élection était une élection de sortie de crise. Laurent Gbagbo n'a pas été élu en 2000. C'est parce qu'il y a eu un coup d'Etat d'une partie des éléments des Forces de l'ordre qu'il s'est retrouvé au pouvoir et tout le monde a regretté cette situation. En 2005, nous n'avons pas pu faire d'élections et nous avons tous donné notre accord pour que ces élections aient lieu sous la supervision de la CEDEAO et des Etats-Unis à travers l'accord de Ouagadougou. Et que cette élection devrait mettre fin à la crise. Laurent Gbagbo a été battu à cette élection. J'ai gagné cette élection avec plus de 54%. Mais écoutez, il n'y a pas d'autre choix pour Laurent Gbagbo que de partir. Qu'est ce que vous voulez que je négocie alors que les Ivoiriens ont voté dans la transparence de manière démocratique.

BBC : Que lui offrirez-vous ?
AO : Je lui offrirai les garanties et les avantages d'un ancien chef d'Etat. Moi, je suis un homme de parole, je suis un homme de paix. Je considère qu'il peut vivre en Côte d'Ivoire et que je prendrai toutes les dispositions nécessaires pour sa sécurité également.

BB : Au niveau de la BCEAO, vous avez déploré le manque de coopération du gouverneur… ?
AO : Oui, effectivement, nous constatons que malgré les décisions prises par la CEDEAO, par l'Union économique et monétaire au niveau du Conseil des ministres, le compte de l'Etat de Côte d'Ivoire à la BCEAO continuait d'être débité par des représentants du gouvernement illégitime de Laurent Gbagbo. Ce qui n'est pas normal. C'est un détournement deniers déniés publics. Et nous comptons engager toutes les poursuites nécessaires contre tous ceux qui auront participé à ces détournements de deniers publics.

BBC : M. Ouattara, décrivez-nous la vie au niveau de l'hôtel du Golf?
AO : La vie à l'hôtel du Golf n'est pas celle que j'aurais souhaitée. Puisque je suis président élu, je préfèrerais être dans mes bureaux en train de m'occuper pleinement de mes responsabilités de chef de l'Etat avec mon gouvernement au complet. En raison de cette situation, nous sommes limités. Je n'ai que la moitié de mon gouvernement en place et surtout ce qui m'importe, ce qui me désole, c'est les assassinats et les tueries auxquels nous assistons tous les soirs dans les quartiers d'Abidjan.
Retranscrits sur BBC par TL


© Copyright Le Patriote



18/01/2011
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres