Laurent Gbagbo s’accroche à son siège et s’isole de plus en plus

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Laurent Gbagbo s’accroche à son siège et s’isole de plus en plus
(Le Pays BHM 23/12/2010)


La mise en scène de l’allocution de Laurent Gbagbo, mardi soir à la télévision, était impeccable, mais elle n’a convaincu ni son adversaire, le président élu Alassane Ouattara, ni la communauté internationale.

L’offre d’un « comité d’évaluation » des élections a été qualifiée d e « ruse » par ses opposants. Tout le monde, d’Abidjan à Paris ou New York, s’accorde à dire que Gbagbo joue la montre.

L’entourage d’Alassane Ouattara accuse son adversaire de « défier le monde ». « Il s’agit pour Laurent Gbagbo de reconnaître le verdict des urnes et de partir », a souligné le porte-parole du président élu. « Gbagbo tente de reprendre la main… sans rien céder », commentait le quotidien privé L’Intelligent d’Abidjan.

Avec son « comité d’évaluation », Gbagbo « veut gagner du temps et amadouer la Cédéao (Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest ), qui se réunit dans 48 heures », jugeait Le Patriote, pro-Ouattara.

« Envisager la force »

Hier, face au blocage, Guillaume Soro, le Premier ministre nommé par Alassane Ouattara, a appelé au recours à la force : « Après toute la pression internationale et les sanctions qui n’ont pas produit d’effet sur M. Gbagbo, il est évident qu’il n’y a qu’une solution qui reste, celle de la force. » « Je demande au Conseil de sécurité des Nations unies, à l’Union européenne, à l’Union africaine et à la Cédéao d’envisager la force », a-t-il insisté.

Lassitude, volonté de faire comme si tout était normal et de passer Noël en paix ? Après bientôt un mois d’une crise qui a fait ces derniers jours au moins 50 morts, selon l’Onu, des embouteillages monstres asphyxiaient Abidjan hier matin. Les rues de la capitale économique grouillaient de monde, et de jeunes marchands ambulants proposaient des bonnets de Père Noël à la vente.

Mardi soir, en signe de détente avant les fêtes, l’armée loyale à Gbagbo avait levé le couvre-feu, en vigueur depuis la veille de la présidentielle du 28 novembre.

Mais, preuve que l’inquiétude reste forte, la France, ex-puissance coloniale, a recommandé à ses 15 000 ressortissants de quitter « provisoirement » le pays.

« Renouveler de prudence »

« Bien que les ressortissants étrangers ne soient pas menacés jusqu’à présent, il nous paraît nécessaire de renouveler de prudence. Nous réitérons donc notre conseil consistant à différer les projets de voyage vers la Côte d’Ivoire », a déclaré François Baroin, le porte-parole du gouvernement.

« Nous réitérons en outre notre recommandation aux Français sur place de se conformer aux consignes de prudence […] et par mesure de précaution, nous recommandons enfin à tous les Français qui le peuvent de quitter provisoirement la Côte d’Ivoire, dans l’attente d’une normalisation de la situation », a-t-il ajouté.

Le Nigeria a annoncé avoir évacué les familles de ses diplomates, en raison de « la tension croissante et des affrontements » entre les deux camps .

Le président de la Banque mondiale a confirmé que son organisation avait gelé les financements de la Côte d’ivoire. Son président, Robert Zoellick a déclaré qu’il avait discuté avec le président malien, Amadou Toumani Touré, de la nécessité pour les banques centrales, avec l’Uemoa (Union économique et monétaire ouest-africaine), de geler également les prêts à la Côte d’Ivoire.


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23/12/2010
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