Laurent Gbagbo fait le dos rond

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Laurent Gbagbo fait le dos rond
(Le Parisien 22/12/2010)


Lors d’un discours télévisé, il refuse toujours de quitter le pouvoir, mais lâche quelques concessions.
Debout derrière un pupitre, à côté du drapeau ivoirien, Laurent Gbagbo apparaît hier soir au 20 Heures de la RTI, la télévision officielle ivoirienne. C’est la première fois qu’il s’exprime publiquement depuis son refus d’admettre sa défaite électorale le 28 novembre au profit de son rival, Alassane Ouattara.
Il a le visage fatigué et consulte ses notes d’une voix assurée. « Je suis le président de la République de la Côte d’Ivoire, j’ai prêté serment, j’ai nommé un Premier ministre, le pays s’est remis aussitôt au travail et l’Etat fonctionne », lance-t-il. Il revient sur les péripéties qui ont marqué l’annonce des résultats et n’en démord pas : « J’ai remporté le scrutin avec 51,45 % des suffrages. Il revient au Conseil constitutionnel de proclamer les résultats », la Commission électorale indépendante n’ayant, selon lui, qu’un rôle d’organisation et de contrôle du scrutin.
« Elle a donné un spectacle affligeant, martèle-t-il. Elle a proclamé les résultats à l’hôtel du Golf, au QG de mon adversaire. Ils sont nuls. La communauté internationale a déclaré la guerre à la Côte d’Ivoire. Ce la n’est pas acceptable et ne sera pas accepté. »
Dénonçant « ceux qui agissent contre Les lois ivoiriennes et dénient au peuple ivoirien le droit de choisir ses dirigeants », il les rend responsables des « tueries, incendies et pillages » de ces derniers jours. « Le bilan est lourd, dit-il : vingt morts pour la seule journée de jeudi dernier, dont dix membres des forces de l’ordre. » Dans un registre semi-menaçant, il poursuit : « On veut nous terroriser, mais je ne veux plus que le sang soit versé. Je ne veux plus de guerre qui peut s’étendre aux pays voisins. » Et il lance un appel au « calme et à la retenue » : « Nous avons demandé, par la voie diplomatique, le départ de l’Onuci et des forces françaises qui la soutiennent. Nous n’avons pas obtenu satisfaction. Ils partiront un jour. Nous ne voulons pas de morts inutiles. »
Autre concession, il se dit prêt à accueillir un « comité d’évaluation »,pour juger des résultats de la présidentielle, composé de l’UE, des Etats-Unis, mais aussi de l’Union africaine, de la Ligue arabe, de la Russie et de la Chine. Vraie ou fausse ouverture ?
S’adressant ensuite à son adversaire, Alassane Ouattara, réfugié à l’hôtel du Golf, il lui demande de « regagner son domicile ». « Je tends la main à monsieur Ouattara et à l’opposition armée qui le soutient », conclut-il. Quelques heures plus tard, une porte-parole d’Alassane Ouattara a répondu que Laurent Gbagbo continuait de « ruser avec le monde » en proposant d’ouvrir le dialogue. « Il dit avec force qu’il est encore le président de la République de Côte d’Ivoire, ce qui est inacceptable », a-t-elle insisté. « Il s’agit pour lui de reconnaître le verdict des urnes et de partir, tout simplement. »

Nicolas Sarkozy tiendra ce matin à l’Élysée une réunion avec les ministres concernés par la crise ivoirienne et le chef d’état-major des armées.

Le Parisien
PHILIPPE DUVAL | 22.12.2010

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22/12/2010
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