Laurent Gbagbo de plus en plus isolé

Laurent Gbagbo de plus en plus isolé
(Radio Canada 27/12/2010)


L'avion du président sortant de la Côte d'Ivoire, Laurent Gbagbo, a été immobilisé à l'aéroport franco-suisse de Bâle-Mulhouse à la demande des « autorités légitimes » du pays, selon le ministère français des Affaires étrangères.

Le camp de son rival Alassane Ouattara, dont la légitimité de la victoire aux présidentielles du 28 novembre a été reconnue par la communauté internationale, tente ainsi d'accroître l'isolement de Laurent Gbagbo, qui refuse toujours de lui céder le pouvoir.

Dans une entrevue accordée dimanche au quotidien français Le Figaro, Laurent Gbagbo a déclaré être victime d'un complot mené par la France et les États-Unis. Il a par ailleurs refusé de parler des pays africains qui demandent son départ, comme le Nigeria.

« Dans les réunions des pays africains, les représentants des pays occidentaux sont plus nombreux dans les couloirs que les Africains. Les pressions sont énormes. On n'en peut plus. Et quand on subit ce que je subis, on se dit que Mugabe [NDLR : le président du Zimbabwe, toujours au pouvoir, à qui la communauté internationale avait demandé de démissionner] n'avait pas totalement tort », a-t-il affirmé.

Menace de guerre civile
Le président déchu a encore brandi la menace d'une guerre civile s'il était renversé militairement.

Selon son gouvernement, la perte de pouvoir de Laurent Gbagbo pourrait entraîner de graves conséquences économiques et humaines dans le pays, premier producteur mondial de cacao qui possède un potentiel élevé de réserves pétrolières et est considéré comme une puissance économique dans la région.

Les dirigeants ouest-africains savent que s'ils attaquent la Côte d'Ivoire de l'extérieur, ça va se transformer en guerre civile à l'intérieur.
— Le porte-parole du gouvernement Gbagbo, Don Mello

Une mission de la CEDEAO formée des présidents béninois Boni Yayi, cap-verdien Pedro Pires et sierra-léonais Ernest Koroma, doit arriver mardi à Abidjan pour tenter d'ouvrir le dialogue avec M. Gbagbo.

Le ministre de l'Intérieur de Laurent Gbagbo, Emile Guiriéoulou, a indiqué que les membres de cette mission seront accueillis « en amis, en frères ».

« Nous allons les écouter, écouter le message dont ils sont porteurs, étant entendu que pour nous, le respect de notre Constitution n'est pas négociable », a-t-il ajouté, tout en soulignant que M. Gbagbo n'envisageait pas de partir.

Pour leur part, les États-Unis ont réitéré leur appui à la démarche de la CEDEAO et appelé de nouveau Laurent Gbagbo à quitter le pouvoir. « La commission indépendante électorale ivoirienne, les Nations unies, la CEDEAO et l'Union africaine ont tous déterminé que le président Ouattara est le vainqueur de la récente élection », a déclaré à l'Agence France Presse le conseiller adjoint du président Barack Obama pour la sécurité nationale, Ben Rhodes, qui se trouvait à Hawaï, où le chef d'État américain passe ses vacances.

Un appel à cesser le travail
Le Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), une coalition de partis politiques qui soutient M. Ouattara, a appelé les Ivoiriens « ainsi que tous ceux qui habitent la Côte d'Ivoire [à] cesser toutes leurs activités à compter du lundi 27 décembre 2010, jusqu'au départ du pouvoir de Laurent Gbagbo ».


Photo: AFP/Sia Kambou

Guillaume Soro (archives)


Cette demande suit l'« appel à la désobéissance » lancé le 21 décembre par le premier ministre d'Alassane Ouattara, Guillaume Soro, « face à [la] tentative de confiscation du pouvoir par Laurent Gbagbo », selon le communiqué signé par l'un des dirigeants du RHDP.

Le transport de vivres et marchandises par voies routière et ferroviaire entre le centre du pays, fief de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), et Abidjan, est déjà interrompu depuis le 23 décembre, en réaction à l'appel à la désobéissance de M. Soro, aussi chef des FN.

Les réfugiés au centre des débats
La crainte de nouvelles violences a poussé 14 000 réfugiés à fuir le pays vers le Liberia, au cours du dernier mois. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a accusé les FN d'empêcher des Ivoiriens de quitter le pays, ce que le mouvement a démenti.

« Nous n'empêchons personne de traverser notre zone à partir de Danané [ouest] pour aller au Liberia », a déclaré le porte-parole militaire des FN, Seydou Ouattara, à l'Agence France-Presse.

Le gouvernement Gbagbo soutient pour sa part que ces réfugiés fuient « les exactions » commises dans le nord, tenu par les FN depuis 2002.

Radio-Canada.ca avec
Agence France Presse, Reuters et Le Figaro

En profondeur

© Copyright Radio Canada



27/12/2010
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres