L’Epervier bat de l’aile


Epervier:Camer.beDepuis près de 10 mois, aucun «gros poisson» incarcéré, en dépit des annonces du chef de l’Etat.L’actualité autour de la campagne d’assainissement de la gestion de la fortune publique se nourrit de deux faits majeurs depuis lundi dernier : la première interview de l’ancien ministre d’Etat en charge de l’Administration territoriale, Marafa Hamidou Yaya depuis sa condamnation à 25 ans de prison le 22 septembre 2012 et l’arrêt des poursuites contre Yves-Michel Fotso, qui a remboursé 230 millions Fcfa au trésor public, dans l’affaire de l’Autorité aéronautique.

Au fil du rodéo judiciaire concernant Marafa et Fotso, on en vient presque à oublier que l’ancien secrétaire général de la présidence de la République et l’ancien Premier ministre, Ephraïm Inoni, sont les derniers à avoir été pris dans les serres de l’Epervier, c’était le…16 avril 2012. S’il est vrai que depuis son envol en 2006, le redoutable rapace passe pour un « intermittent du spectacle », on ne peut ne pas s’interroger sur sa « mise en cage » depuis près de 10 mois.

L’Epervier a-t-il du plomb dans l’aile ? Est-il rassasié des nombreuses et précieuses proies qu’il collectionne comme des trophées? Ephraïm Inoni et, particulièrement, Marafa Hamidou Yaya sont-ils restés en travers de la gorge de l’oiseau prédateur au point de le clouer au sol ? L’Epervier vole-t-il désormais tellement bas au point de se contenter uniquement de petites proies? Le dresseur officiel de l’Epervier, en l’occurrence le président de la République, Paul Biya, a-t-il pris conscience des dangers de cette purge, lui qu’on dit en fin de règne ?

Des questions et bien d’autres que l’opinion publique est en droit aujourd’hui de se poser. Ce d’autant plus que dans ses discours successifs, le chef de l’Etat n’a cessé de marteler que la lutte contre la corruption et les détournements de deniers publics ira s’in-ten-si-fiant et que nul ne pourra se considérer comme étant au-dessus des lois. Comme pour matérialiser cette posture, Paul Biya a fait créer de nouvelles prisons à travers le pays et, partant, autorisé l’aménagement de nouvelles cellules. Qui plus est, depuis le 15 octobre 2012, le Tribunal criminel spécial (Tcs) est entré en activité. Sur les trois décisions rendues depuis lors, cette juridiction, mise sur pied pour traquer et sanctionner les délinquants économiques,  s’est pourtant payé le luxe de châtier un… voleur de câbles. Certes, à en croire notre confrère Le Messager, 25 dossiers sont sous information judiciaire, mais la moisson du Tcs, deux mois après son lancement, semble famélique.

D’autres motifs qui auraient pu pousser l’Epervier à reprendre son envol, ce sont ces rapports du Contrôle supérieur de l’Etat, de la Chambre des comptes ou encore de la Conac, qui épinglent une foule de gestionnaires de l’argent public. L’on n’oublie pas les dénonciations d’associations ou de tierces personnes, susceptibles de déclencher une action judiciaire. S’agissant de la Conac, le président de la République a promis, dans son message de fin d’année 2012, l’impunité zéro pour les responsables éclaboussés. Une promesse qui n’engage que ceux qui y croient, le premier rapport de la même institution étant resté dans suites. A moins d’accréditer l’idée du «temps du président», si prégnante dans l’environnement camerounais.

© Mutations : Georges Alain Boyomo


16/01/2013
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