La sortie manquée du ministre Jacques Fame Ndongo

La sortie manquée du ministre Jacques Fame Ndongo 

Cameroun : La sortie manquée du  ministre Jacques Fame Ndongo « Sans son décret, je  ne serais rien ». Il l´a dit et vient de le prouver une fois de plus.

En réaction á la 3ème lettre de l´ex-ministre de l´administration territoriale et de la centralisation Marafa Hamidou yaya placé en détention préventive d´abord á Kondengui le 16 avril et depuis  le 25 mai dernier transféré au SED (Secrétarait d´Etat á la Défense), le ministre Pr. Jacques Fame Ndongo, secrétaire á la communication du comité central du RDPC (Rassemblement  démocratique du peuple camerounais) tente tant bien que mal  de dédouaner « son créateur » chef de l´Etat  et président national du RDPC á travers un article paru dans l´Action , organe de presse de son  parti.

S´il est de notoriété publique que ce n´est pas  la première fois que  le thuriféraire  ministre Fame Ndongo prend et fait et cause pour le président Biya depuis qu´il est á la magistrature suprême,   force est de s´interroger sur les raisons de l´acharnement du  journal l´Action et lui sur  leur camarade du parti ,l´ex-Minatd Marafa, jusqu´á preuve du contraire membre du bureau politique du RDPC.

Au plan de la forme,  il convient de remarquer que le professeur inonde  allégrement son article  de plusieurs citations de grands penseurs de la littérature française comme Georges Louis Leclerc , Rabelais, Descartes, Duverger, etc….  et fait étonnamment fi   des penseurs africains, de  la sagesse africaine, encore moins   des proverbes  de ses parents ou de son village comme si aucun de ceux-là ne pouvait  pour étayer ses propos.  C´est son choix. Soit !

En choisissant l´organe de presse de son parti pour répondre á l´ex Minatd  lourdement   tombé aujourd´hui en disgrâce ;  en arborant la tenue du parti au détriment de sa fonction ministérielle pour s´exprimer , le ministre-RDPC  Jacques Fame Ndongo ne donne-t-il pas raison á ceux qui pensent  que le  parti RDPC prime  sur l´Etat au  Cameroun ? Une lapalissade !  L´idéal aurait été qu´il laissât   cette initiative, dans le cadre du parti ,  soit á un autre membre du parti  ou  aux journalistes de l´Action  , soit  alors dans le cadre du gouvernement, au ministre de la communication  Issa Tchiroma,  porte-parole du gouvernement. Assurément que le ministre Tchiroma ,  même s´il ne l´avouera jamais en public n´a pas apprécié ce croc-en-jambe  de son collègue du gouvernement.  Le premier ministre aussi.

Bien avant l´article du secrétaire á la communication du comité central du RDPC,  le journal l´Action publie depuis peu des articles qui jettent de l´opprobre  sur leur (encore) camarade Marafa Hamidou  Yaya  á travers  des  articles  comme « Ecrira bien qui écrira le dernier… » de christophe Mien Zok  ou « Marafa n’est pas Kafka » de William Pascal Balla ; articles  qui en disent long sur leur titre et sur leur contenu.
Mais pourquoi s´acharnent-ils sur  ce nouvel écrivain de la république  alors qu´il n´est pas le seul  membre du parti des flammes á avoir écrit une lettre ou un ouvrage á partir de sa cellule ? Deux poids, deux mesures. Tribalisme politique ou la peur du grand déballage ?

« Il a trahi la confiance de Paul Biya »

Au fond,  sous le fallacieux prétexte  de la discipline du parti, la profusion médiatique du journal l´Action et surtout du secrétaire á la communication du comité central du RDPC
s ´explique par le fait que l´ex-Minatd  affirme  être « porteur d’un projet mettant en avant les exigences de paix et de justice permettant de bâtir une société de confiance ». Un crime de lèse-majesté que le parti des flammes a du  mal á supporter  et le fait clairement savoir : « Á partir du moment   notre (ex) camarade ( parlant de Marafa ) quitte définitivement le terrain judiciaire, coupe le cordon ombilical qui le lie au Rdpc et délivre les militants du devoir de solidarité à son égard. Il a trahi la confiance de Paul Biya et des militants » écrit Christophe Mien Zok .

Et Fame Ndongo de renchérir : «  en présentant aux Camerounais son projet de société, il se démarque du RDPC (pour lequel il a battu campagne pendant de longues années) car ce Parti soutient la politique définie par le Président de la République, Président National du RDPC ». Sauf que, au contraire de  l´organe de presse l´Action qui ne renie pas á  Marafa  d´avoir un destin présidentiel «  Entendons-nous bien : il ne s’agit point de blâmer, encore moins de condamner, l’ambition d’un homme qui croit à son destin présidentiel», le secrétaire á la communication  du comité central , Jacques Fame Ndongo  se laisse emporter dans un  lyrisme  aveugle et  anti-démocratique  distillé depuis que l´homme du 6 novembre est au pouvoir  « Sans son décret, je  ne serais rien ».

Il est dans rôle, celui de rendre grâce á son créateur.
Peut-on exiger  de la  discipline á un membre du parti, fût-il Marafa qui sait que  ses carottes sont cuites ? Du temps où  il était en fonction et homme libre l´ex-ministre Marafa n´a pas beaucoup user de sa liberté d´expression, du moins en public. Il parlait peu  et  accordait rarement des interviews. Il ne manquait pas de dire que le «  gouvernement ne se fait pas dans la rue ».

L´homme  était hautain, disaient certains. Toujours est-il qu´une fois en prison, il se  rappelle que la liberté d´expression longtemps négligée  est désormais réduite et que la petite parcelle qui lui restait était de s´exprimer á travers des lettres publiques. Il se rappelle aussi  que ce peuple qu´il a  longtemps ignoré doit être au courant de ce qu´il sait  sur ce qu´on lui  reproche et sur bien de choses encore. Ainsi, son recours á ce peuple est  une sorte de cri de détresse et de prise à  témoin qu´il  lance aux  camerounais qu´il a contribués á mal gouverner. 

De ce qui précède, l´on peut  fondamentalement penser que son transfèrement de la prison de Kondengui á une cellule au Sed participe de la volonté du régime RDPC de  museler celui qui veut se confier et qui informe   sur les « inside » du fonctionnement de l´appareil de l´Etat.  Le peuple veut savoir et ne boude pas son plaisir à  se   délecter comme un chien avec son os, tant  ces   révélations vraies ou fausses distillées par l´ex-Minatd permettent  d´oublier un tant soit peu la misère, les coupures d´eau, les  délestages et autres souffrances quotidiennes. Seule la justice droit dire le droit.

Le secrétaire á la communication du comité central et ministre de l´enseignement supérieur  sait-il que la roue de l´histoire sous le Renouveau tourne et conduit en prison ? Le sort de Marafa , Atangana Mebara, Edzoa Titus, Abah Abah, Fotso   et autres  pontes du régime en prison  est une leçon á méditer, devrait conduire  á plus de sagesse et de retenue  car  hier , laudateurs du prince comme lui ;  hier, « ses créatures »  comme lui  , le RDPC  et tous ceux qui pensent comme lui pourront   demain eux  aussi être  inscrits « non dans le registre de la tendresse et de l'amour, mais dans la logique du désamour, de la " terreur amoureuse " ou du conflit politique» .
« Ecrira bien qui écrira le dernier… » 

© Camer.be : Issa-Behalal


02/06/2012
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