La police au centre de toutes les critiques

La police au centre de toutes les critiques
(Dikalo 19/03/2010)


Les policiers s’insurgent contre une administration indolente et la présence de plusieurs cadres en âge de retraite mais qui continuent d’officier en toute impunité. Alors que les supputations de soulèvement d’humeur dans la police s’annonçaient furtivement dans quelques journaux, la tension au sein de ce corps est pourtant perceptible.

Une tension longtemps réprimée aux dires de ces derniers qui, à force de stagnation, est en train de devenir ostensiblement la goutte qui va déborder le vase de la quiétude dans cette administration en proie à l’inertie.

Eternité fonctionnelle

En début d’année 2010, une liste officielle de policiers appelés à faire valoir leurs droits à la retraite tout au long de l’année a été diffusée de manière anodine par des médias privés. Si pour le commun des camerounais cette nomenclature est passée dans le cadre des faits divers, pour beaucoup d’éléments de la police, elle a prêté sérieusement à confusion. Conscients du fait que cette liste ira s’empiler avec ses nombreux prédécesseurs dans les archives, les policiers mécontents pointent le doigt vers le fait que son application ne cible que quelques éléments, épargnant par le même chef une bagatelle d’agents confortablement assis dans des postes privilégiés.

En effet, tandis que certains vont en toute logique à la retraite, d’autres sans bénéficier d’une quelconque rallonge administrative ou professionnelle, s’éternise dans leurs fonctions. De ce fait, on retrouve des personnes qui depuis 2009 aurait dû partir en retraite mais qui malheureusement occupent toujours leur poste. Ainsi, les noms d’une cinquantaine de policiers circuleraient incluant toutes les échelles de la hiérarchie. De nombreuses directions et services sont dans le collimateur des critiques notamment la Direction de la communication, la direction des finances, la direction chargée du recrutement et des concours, le commissariat de police de l’aéroport de Nsimalem à Yaoundé et de nombreux commissariats centraux continuent d’être gérés par des fonctionnaires de police retraités.

Afin de mieux clarifier cette situation un commissaire de police explique « Ailleurs, les retraités sont immédiatement remplacés par de nouvelles personnes compétentes. Cette perméabilité facilite le renouvellement récurrent et les constantes mutations au sein de la police de manière à lutter efficacement contre l’inertie et à créer parallèlement une émulation entre les agents de maintien de l’ordre. Chez nous ce n’est pas le cas. ».

Loin d’être une position unique, un autre explique en précisant notamment que « c’est très grave, dans la mesure où, cette éternisation autour des postes ne favorise ni les nominations, ni le recrutement de jeunes gens dans la police. Conclusion on se retrouve avec beaucoup d’éléments vieillissants et par ricochet une police incapable de mener conséquemment des opérations sur le terrain. ».



Etat général des lieux

Ce problème permet de rebondir et de mettre en lumière l’absence de nominations qui génère selon eux, un rendement morbide. Que ce soit à Douala ou à Yaoundé, on note une dizaine de postes inoccupés ; tant dans les délégations régionales que dans les commissariats centraux et spéciaux. Cette situation engendre la multiplication des commissaires en complément d’effectifs et la recrudescence des gradés de police sans bureaux et sans fonctions véritables. D’après certains, l’absence de nomination développe une situation routinière qui tue l’émulation du policier et le conduit implicitement à s’impliquer dans les réseaux mafieux. Le recrutement rarissime de policiers face pourtant à l’évolution constante des grades du personnel existant, va conduire inévitablement à une police constituée majoritairement de chefs que de subordonnés. Outre cet aspect, la police camerounaise présente un état qui suscite « plus la pitié que la crainte » selon un officier interrogé. La vétusté des infrastructures et les antiquités qui tiennent en lieu et place d’équipements de police suscitent plus la honte que l’hilarité. En général, les bâtiments de police donne plus l’air d’être des constructions abandonnées ou hantées. « Imaginez vous qu’il existe encore des machines à écrire dans les services de police et que parfois nous manquons de chaises ou de tables conformes.» Explique un commissaire avec amusement.



Promesses fallacieuses

Face à cette gageure qui crée un malaise, l’unique coupable pour les policiers mécontents est sans aucun doute l’Etat. Des collaborateurs du Dgsn ayant traversé l’âge requis, continuent sereinement de jouir de privilèges immérités. Le délégué est également invectivé pour non respect de ses promesses. D’après les plaintes formulées, ce dernier à son arrivée avait promis d’apporter des changements au sein de la police en proie à la monotonie, or neuf mois après son installation, le bilan semble amer.

Lors de sa tournée générale après sa prise de fonction, cet administrateur civil ayant présidé comme secrétaire d’état à la gendarmerie avait pourtant fait languir de promesses les nombreux policiers en annonçant de nouvelles réformes. Par ailleurs, les agents du maintien de l’ordre désormais en colère, espèrent voir aboutir une modification du statut des policiers et pourquoi pas la création d’un syndicat qui permettra de prendre en compte les droits et les obligations des policiers. Au cas échéant, bien que ce ne soit pas leur souhait, d’aucun pense se retourner vers le chef de l’Etat ou alors adopter une position radicale d’humeur qui pourrait engendrer le chaos social.



Paul Tonye Njel

© Copyright Dikalo



20/03/2010
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres