La Parole et l’Ecriture en bandoulière contre la Dictature et la Forfaiture.

La Parole et l’Ecriture en bandoulière contre la Dictature et la Forfaiture.

Cameroun : La Parole et l’Ecriture en bandoulière contre la Dictature et la Forfaiture.Mettre à la disposition des citoyens un Bulletin d’Information Démocrate nous semble une nécessité. Ce Bulletin servira à informer et à former. Il établira un lien permanent entre ceux qui travaillent pour la démocratie dans notre pays, un lien entre ceux qui espèrent et croient en la démocratie et ceux qui doutent tant de sa nécessité que de son efficacité.

Ce bulletin  souhaite leur faire changer d’avis et les conduire du désespoir individuel vers l’espoir collectif. Ce bulletin est ambitieux sans être prétentieux. Il veut installer la probité intellectuelle et l’exigence morale comme socles de son expression et garants de sa qualité.

Le bulletin d’information démocrate circulera sous l’abrégé « BUDEMO » et portera sur des informations politiques , économiques et sociétales. Il sera un lieu d’échanges et de communication sociale où la présentation de l’actualité, la transmission de l’information, les analyses, les essais,  les reportages et des sujets documentaires s’illustreront par leur précision, leur clarté, leur honnêteté, sans caricature, sans injustice, sans esprit clos, sans propos hermétiques.

Il sera pédagogue, c’est- à – dire qu’il s’obligera  toujours à dispenser le bon enseignement, celui qui reposera sur des valeurs fondamentales et universelles, des valeurs de lumières et de progrès . Ceux qui y publieront, seront enquêteurs et chercheurs au sens académique du terme.  Ils agiront comme des épistémologues politiques , c’est-à- dire comme ceux-là qui étudient dans notre société, auprès de nos concitoyens , le passage de l’état de moindre connaissance politique vers un état de connaissance politique plus poussé afin de faire de la majorité de nos concitoyens des citoyens avertis , engagés et dûment informés.

Il s’agira de ne plus nous laisser survivre comme des êtres unidimensionnels mais de promouvoir notre dimension intérieure celle qui nous permettra de développer notre opinion propre, indépendamment  des systèmes politico-administratifs et socio-économiques ambiants dominants .
Il est important que le fait politique, le fait social et leur retentissement sur la vie de chacun d’entre nous deviennent évidents et clairs pour tous.

Le but à atteindre, tous secteurs confondus, est d’obtenir le meilleur pour les camerounaises, les camerounais et leurs enfants. La conviction du Bulletin d’information démocrate et de ceux qui l’animent est que la seule voie pour y parvenir est l’instauration dans notre pays, de la démocratie libérale qui est une démocratie participative de centre droit. A terme la démocratie doit devenir un bien patrimonial pour tout camerounais.

Le bulletin apportera progressivement et régulièrement des précisions sur cette idéologie  démocrate libérale de centre droit car il est évident que trois domaines sont à clarifier et à définir dans cet acte de communication sociale : il s’agit de l’idéologie,  du programme et de la politique entendue comme la lutte pour la représentativité d’une idéologie et d’un programme au sein des institutions républicaines.

Ce Bulletin  refusera toujours  de pratiquer du tintamarre hystérique, d’user du sensationnel racoleur, d’installer la diversion manipulatrice et de répandre des faits divers. La diffamation sera toujours considérée par ce Bulletin comme l’arme des faibles, à court d’arguments intellectuels structurés et cohérents : elle est interdite. L’insulte, l’injure, l’invective, l’impolitesse, la calomnie, la goujaterie, la haine, la violence seront proscrites dans le Bulletin d’information démocrate.

Le Bulletin d’information  démocrate n’appellera  ni à la conjuration, ni à la conspiration, ni à l’insurrection, ni à l’émeute. Son  rôle sera de participer à la promotion de l’implication citoyenne dans le débat républicain par des moyens démocratiques.
Le leitmotiv  du Bulletin sera : la Parole et l’Ecriture en bandoulière contre la Dictature et la Forfaiture ambiantes.

Le binôme contextuel actuel : Politique et Mensonge sera remplacé par le couple conceptuel Politique et Vérité.

Le Bulletin veut aider à clarifier pour l’améliorer le rapport entre l’Etat et le Citoyen. Dans les vielles démocraties occidentales les fonctionnaires de l’Etat animent et portent le Service public. Aux Etats Unis d’Amérique on parle de « civils servants ». Il s’agira chaque fois que l’occasion se présentera de rappeler aux fonctionnaires de notre pays qu’ils sont d’abord des serviteurs et non point des maîtres au-dessus des citoyens.

Les thèmes que développera ce Bulletin porteront sur la responsabilité et l’obligation des gouvernants et de l’Etat de rendre compte, la transparence dans la gestion des affaires publiques, la participation des acteurs non-étatiques et des femmes au processus de prise de décision, la réforme du cadre juridique et judiciaire, la lutte effective contre la corruption, la réforme du cadre législatif pour une meilleure gestion des élections dans la nation.

Nous analyserons, documents à l’appui, le succès ou l’échec des politiques et autres stratégies publiques adoptées par le pouvoir en place : il s’agit du PNG ( Programme National de Gouvernance) , de l’évolution de la période du FASR  ( Facilité d’ajustement structurel renforcé ) à la période du FRPC ( facilité de réduction de la pauvreté et de la croissance) en passant par le DSRP ( document de stratégie pour la réduction de la pauvreté) pour atteindre le DSCE ( document de stratégie pour la croissance et l’emploi) supposé faire du Cameroun un pays émergeant en 2035.  Le gouvernement sera jugé sur les faits : de manière serrée, structurée et cohérente. Nous ne lâcherons rien. 

Il s’agit d’informer sur la tenue de la comptabilité de l’Etat assurée par un réseau de  postes comptables hiérarchisés, dont la Paierie Générale du Trésor (PGT), les Trésoreries Générales des régions, les Recettes des Finances des départements et les Perceptions des arrondissements et districts. Quoique toutes les balances soient centralisées au niveau de la Direction Générale du Trésor il est à noter que l’absence de certaines inscriptions sur la balance agrégée du Trésor, telles que les dépenses relatives aux financements extérieurs des projets et programmes et les paiements de la dette gérée par la Caisse Autonome d’Amortissement, rend opaque les informations sur ce secteur de l’activité publique.

Le contrôle interne assuré par les inspections générales des finances et le Contrôle Supérieur de l’Etat, souffrent de certaines défaillances qu’il faudra relever. Le contrôle externe devrait être assuré par le Parlement et, théoriquement, par la Chambre des Comptes. Le seul organe législatif, qui en assure le contrôle est l’Assemblée Nationale .

Ce contrôle par l’Assemblée Nationale est inefficace, le parti au pouvoir y ayant une majorité écrasante et le Sénat prévu par la constitution de 1996 étant toujours absent. Quant à la Chambre des Comptes, pourtant créée, elle n’a pas tous les moyens d’action nécessaires pour être efficace et conséquente. L’absence d’un jugement des comptes des comptables publics par un organisme de contrôle indépendant, illustre un manque de transparence dans la gestion des dépenses publiques. Le Bulletin ira à la recherche de ces informations. Si elles nous sont refusées nous le ferons savoir.

S’agissant des entreprises publiques, il est à souligner que leur gouvernance est déficiente. Cela est lié au manque d’indépendance de certains Présidents de Conseils d’Administrations et à l’incompétence de plusieurs administrateurs. Il est important que le citoyen en obtienne des rapports fiables.

Pour ce qui est  de la transparence politique et  du cadre juridique relatif aux élections camerounaises, le code électoral voté en avril 2012 illustre le désir manifeste des hommes en place de conserver sans interruption le Pouvoir. L’absence de Conseil Constitutionnel prévu par la constitution de 1996, pénalise la démocratie et ses acteurs au Cameroun, c’est un thème sur lequel nous reviendrons.

Dans le domaine des marchés publics, les textes en vigueur ne semblent pas être appliqués dans l’intérêt de tous les opérateurs économiques. Le Bulletin tâchera de comprendre pourquoi. 
L’accès à l’information administrative qui permettrait de mieux appréhender l’action gouvernementale souffre de la non publication de rapports annuels par les départements ministériels. Le Bulletin ira à la recherche de l’information là où elle est supposée se trouver.
La justice est un sujet à caution, elle ne respecte pas sa propre éthique et voit sa crédibilité mise en cause.

Le plus évident est, entre autres, la présomption d’innocence et la durée de la détention provisoire au Cameroun. Les principes qui président à l’indépendance de la justice ne sont pas toujours respectés, l’intervention de la Chancellerie y est observée. Les lenteurs judiciaires déconcertent les justiciables et suscitent des commentaires désobligeants  à l’encontre de ce corps d’élite pourtant prestigieux qui devrait être garant de la paix sociale et du pacte républicain.

Les officiers de l’armée, les hommes et femmes servant dans les forces armées et la police sont mal payés, sous équipés , bénéficient de peu de stages de formation continue dans où hors du pays. Ils n’ont pas de couverture maladie appropriée en cas de maladie pour eux-mêmes , leurs épouses et leurs enfants. En cas d’accident, de blessure en opérations et d’invalidité permanente,   ils n’ont aucune garantie de prise en charge à long terme. Le Bulletin ira à la rencontre de ces hommes et femmes qui quoique sous les drapeaux et interdits de parole n’en restent pas moins  des hommes et des femmes faits de chair et de sang et ayant des familles à charge.

Les universités camerounaises sont les enfants pauvres de la République. Les grandes universités dans le monde se distinguent par le volume de leurs publications dans des journaux scientifiques prestigieux, illustrant la qualité de leurs chercheurs et par le nombre de porteurs de Prix Nobel issus de leurs enceintes. Le Bulletin ira à la rencontre des universitaires pour permettre aux citoyens de comprendre ces écueils qui freinent nos universités. Le savoir est devenu un enjeu géopolitique, la mobilité des enseignants et des étudiants en font partie. Il est important de savoir pourquoi les étudiants et enseignants camerounais ne participent pas assez aux échanges universitaires à travers le monde.

Les hôpitaux sont hors d’atteinte et souvent sous équipés pour remplir les missions de santé publique et de service public qui sont les leurs. Les médecins et autres auxiliaires de santé vivent à la limite de la misère et de l’indigence. Le Bulletin s’efforcera de comprendre pourquoi cela.

La lutte contre la corruption ne sera jamais couronnée de succès sans la prise en compte des causes premières de la corruption que sont la culture , l’indigence, la misère et la pauvreté des fonctionnaires d’Etat au Cameroun. Ceci n’étant ni une excuse, ni un blanc- seing pour se laisser corrompre, pour tous ceux qui en souffrent.

Nos villes sont devenues d’inimaginables repoussoirs, d’immondes dépotoirs, d’immenses  échoppes et boutiques à ciel ouvert. Peu ou pas de budgets pour la création de jardins publics, pas de financements pour la réalisation de monuments remarquables, pas de  fonds suffisants pour concevoir et réaliser des plans d’urbanisation de grande envergure permettant l’expression d’une vision architecturale originale et moderne. Si une capitale est la vitrine d’une nation alors il y a de quoi s’inquiéter car l’image que nous renvoient nos différents chefs lieux est hideuse, piteuse, affreuse, suffocante et  laide. Il est important d’investiguer sur ce sujet.

Quant  au secteur privé, il fait face à de nombreux inconvénients. Il s’agit, entre autres, de l’absence de définition de stratégies appropriées pour son développement, de la vétusté ou de l’absence d’infrastructures publiques dans les domaines de l’énergie, du transport et de la communication ( NTIC) , de l’insuffisance des moyens de stockage, de l’insuffisance en main d’œuvre qualifiée et spécialisée, du coût élevé de certains facteurs de production, de la faiblesse des capacités des structures d’appui, notamment les chambres consulaires, ainsi que  de l’inefficacité de l’intermédiation financière. Le Bulletin enquêtera dans ce secteur.

Le rôle de la BEAC et des institutions sous-régionales et régionales, la coopération économique , l’intégration régionale, les échanges bilatéraux ou multilatéraux , la discipline budgétaire , l’application des critères de convergence dans la sous-région sont des sujets sur lesquels le grand public est peu informé. Le Bulletin va y remédier par des informations  et autres études appropriées.

Le Bulletin d’information démocrate paraît pour la première fois le 29 juin 2012, date symbolique d’un anniversaire de triste mémoire car c’est le 29 juin 1962 qu’il y a 50 ans jour pour jour, les tous premiers prisonniers politiques de haut rang furent incarcérés au Cameroun. Ce fut l’enterrement officiel de la démocratie au Cameroun qui sera formalisé par la création de l’UNC, parti unique,  le 1er septembre 1966. L’UNC est devenue le RDPC le 25 mars 1985 à Bamenda ( cf Art. 1er des statuts de ce rassemblement politique au pouvoir).

Voici ce que publia en 1962 la « Presse du Cameroun » lors de ces évènements.
« MM. Charles Okala, André-Marie Mbida, Marcel Bebey Eyidi et Mayi Matip ont été arrêtés vendredi, 29 juin 1962, à Yaoundé, à la suite d’une plainte déposée au nom du Gouvernement par le Préfet de Yaoundé, après des perquisitions qui ont fait l’objet du communiqué suivant:
La Présidence de la République Fédérale du Cameroun communique:

“Les représentants à l’Assemblée Législatives du Cameroun Oriental: MM. Charles Okala, André-Marie Mbida, Marcel Bebey Eyidi, Mayi Matip, ont mis en circulation, au nom du Front National Unifié, un manifeste signé du 23 juin 1962. “Les assertions contenues dans ce document présentant un caractère subversif, délictueux et susceptible de troubler l’ordre public, une perquisition a été effectuée au domicile des auteurs du manifeste et a permis de saisir, outre un lot important de documents dont l’exploitation est en cours, un stock impressionnant d’armes et de munitions…

Domicile de M. Okala
6 pistolets, 12 chargeurs, 1 carabine, 1 fusil, 168 cartouches.
Domicile de M. Mbida
1 carabine, 2 fusils, 11 cartouches.

Dans le manifeste du 23 juin 1962, il est relevé à l’encontre de ses auteurs des assertions tendant:
- à l’incitation à la haine contre le Gouvernement et les autorités administratives,
- à l’opposition des communautés ethniques ou religieuses,
- à la propagation de nouvelles susceptibles de nuire aux autorités.
Ces faits présentant un caractère délictueux, le Préfet de Yaoundé les a dénoncés et a déposé plainte au nom du Gouvernement contre leurs auteurs.”

A la suite de la plainte déposée par le Préfet du Nyong-et-Sanaga [M. Ngo Mebe ndlr], pour infraction aux dispositions des articles 2 et 3 de l’Ordonnance du 12 mars 1962 portant répression de la subversion, MM. Charles Okala, André-Marie Mbida, Marcel Bebey Eyidi et Mayi Matip ont été déférés vendredi, 29 juin 1962, en flagrant délit au Parquet de Yaoundé, qui les a placés sous mandat de dépôt.

Les intéressés comparaîtront à une prochaine audience du Tribunal correctionnel, le 11 juillet, apprend-on en dernière heure.

On se souvient que les inculpés avaient mis en circulation, au nom du Front National Unifié, le manifeste signé du 23 juin 1962. Voici le texte des articles 2, 3 et 4 de l’ordonnance portant répression de la subversion.

Par Ordonnance No. 6-OF-18 du 12-3-62, portant répression de la subversion, le Président de la République Fédérale, vu la Constitution, notamment son Art. 50, ordonne:
  Art. 2. – Quiconque aura, par quelque moyen que ce soit, porté atteinte au respect dû aux autorités publiques ou incité à la haine contre le Gouvernement de la République Fédérale ou des Etats fédérés ou participé à une entreprise de subversion dirigée contre les autorités et les lois de ladite République ou des Etats fédérés ou encouragé cette subversion sera puni d’un emprisonnement de 1 à 5 ans et d’une amende de 200000 à 2 millions de francs ou de l’une de ces deux peines seulement, sans préjudice, s’il y a lieu des peines plus fortes prévues par les lois et décrets en vigueur.

Art. 3. – Quiconque aura soit émis ou propagé des bruits, nouvelles ou rumeurs mensongers soit assorti de commentaires tendancieux des nouvelles exactes, lorsque ces bruits, nouvelles, rumeurs ou commentaires sont susceptibles de nuire aux autorités publiques sera puni des peines prévues à l’article 2.

Art. 4. -  Les infractions prévues aux articles 1, 2, 3 de la présente ordonnance sont déférées aux tribunaux correctionnels. La poursuite est obligatoire en cas de dénonciation émanant du Préfet. Les dispositions de l’article 463 du Code Pénal et de la loi du 26 mars 1891 ne sont pas applicables. En cas de récidive la peine de prison sera toujours prononcée. Si l’auteur de l’infraction est fonctionnaire, agent ou employé d’un service public ou militaire, le tribunal pourra le déclarer à jamais incapable d’exercer aucune fonction publique.

Il est à préciser que ces hommes , MM. André-Marie Mbida, tout premier chef de gouvernement camerounais , fondateur de l’Etat du Cameroun - avec la mise en place d’une administration camerounaise, la création de communes , le choix de la devise : Paix , Travail , Patrie , du drapeau tricolore : Vert , Rouge , Jaune et de l’Hymne - député et président fondateur du Parti des Démocrates Camerounais ( PDC) ,  Charles Okala ancien ministre des affaires étrangères , député et président fondateur du Parti Socialiste Camerounais , Marcel Bebey Eyidi, médecin , député et fondateur du Parti Travailliste Camerounais  et Benjamin Mayi Matip député et représentant de l’Union des Populations du Cameroun ( UPC)  seront poursuivis et jetés  en prison  pour avoir dit « non » au Parti Unique , mis en gestation par M. Amadou Ahidjo dès 1961 lors de la rencontre de Foumban . Le parti unique sera formalisé  sous l’abréviation UNC le 1er septembre 1966.

Malgré un simulacre de procès, ils seront jugés rapidement et condamnés à 3 ans de prison ferme, pour « atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat du Cameroun ». Incarcérés le 29 juin 1962, ils seront libérés le 29 juin 1965.

Edzoa Titus , Atangana Mebara, Urbain Olanguena Awono , Joseph désiré Engo, Yves Michel Fotso, Henri Engoulou,  Haman Adama, Cathérine Abena et bien d’autres sont prisonniers  depuis plus de trois ans . Certains sont toujours en détention provisoire et attendent d’être jugés. Nous pouvons affirmer ici que malgré les 20 lois sur les libertés du 19 décembre 1990, les libertés publiques ne sont pas de retour au Cameroun. La démocratie est un mot creux et dépourvu de sens dans la République du Cameroun de 2012, l’autorité publique suprême ne veut ni la pratiquer, ni la laisser s’exercer.

Les évènements du 29 juin 1962, ici relatés, permettent de relativiser des faits récents qui n’apparaissent plus au regard de l’Histoire que comme un simple accrochage de parcours qui relèverait du droit commun. Cet accrochage de parcours serait  survenu entre membres d’un même parti politique, le parti au pouvoir qui gère le Cameroun depuis le 18 février 1958, avec des fortunes personnelles  diverses.

Ceux qui veulent empêcher M. Marafa de parler et M. Marafa lui- même n’agitent  que des ragots et autres potins sans intérêt, qui ne rencontrent pas les préoccupations des camerounais. Que peut-il révéler de si important pour les camerounais ne faisant pas partie du régime, si ce n’est des larcins d’Etat commis par des  commis de l’Etat et autres crapuleries  réalisées en bande organisée ?

Cet homme dont le seul devoir était de servir se serait plutôt servi, nous fait-on savoir. La justice en fera rapidement la lumière dans le respect des normes juridiques, nous le souhaitons.
En paraphrasant Ghandi je dis ici que : Le Cameroun est assez vaste pour satisfaire les besoins de tous les camerounais mais il n’est pas assez riche pour satisfaire l’avidité d’un groupuscule de camerounais au pouvoir depuis des décennies.
 
Les turpitudes, habitudes et attitudes de ces hommes, au pouvoir depuis des décennies, n’étonnent plus, n’interpellent plus, n’émeuvent plus, n’amusent plus et n’intéressent plus les camerounais . L’immense majorité n’attend plus rien d’eux. Ce que veut le peuple camerounais est différent de ces dénonciations aussi croustillantes soient – elles.  On se croirait dans un film de série B où le truand qui tombe rompt le silence en livrant ses camarades à la justice pour obtenir la clémence du juge.

M. Marafa se trompe encore une fois de stratégie car ses amis d’hier sont Juges et Parties. Le Professeur et chirurgien Titus Edzoa, emprisonné depuis le 4 juillet 1997, en sait quelque chose. Il a vécu derrière les barreaux : les élections présidentielles de 1997, celles de 2004 et de 2011. Comment M. Marafa peut –il être aussi sûr qu’il participera aux présidentielles de 2018 ? Lui qui a passé 17 ans dans le régime du Président Biya, à des postes importants, sans démissionner comme Ahanda Vincent , Garga Haman Adji, Maurice Kamto ou s’enfuir sur la pointe des pieds comme Nana Sinkam , lui qui aurait pu rédiger un projet de code électoral démocratique et juste depuis 2004, lui qui du fond de sa geôle critique désormais le code électoral inique , injurieux et calamiteux d’avril 2012 ,  lui qui sera mis à la porte du gouvernement au 9 décembre 2011 alors que dans la plus humble des chaumières camerounaises on se doutait qu’il allait ensuite être incarcéré, cet homme n’est pas crédible.

Pourtant à la suite de son limogeage du gouvernement le 9 décembre 2011et avant son arrestation, il va rassembler des camerounais des régions du Nord, de l’Extrême Nord et de l’Adamaoua pour les remercier d’avoir voté Paul Biya le 9 octobre 2011. On se demande pourquoi il n’a pas fait le tour des dix régions en tenant un discours original, le distinguant et le démarquant du parti au pouvoir et de son chef le Président Biya. Il affirme en 2012, seulement après son arrestation, être un opposant à Paul  Biya qu’il a docilement servi sans une critique publique dans les médias nationaux ou internationaux et sans discontinuer pendant 17 ans.

Quelques-uns  vont se mettre à applaudir à cette soi-disant démonstration de force de l’Homme Marafa, dans les régions du Nord, de l’Extrême Nord et de l’Adamaoua. J’en recevrais même jusqu’à Mva’a qui tenteront, en vain, de me vendre la carte Marafa à la suite de cette prétendue tournée triomphale. Je leur dirais ma vérité sur l’homme et je ne me suis pas trompé.  Entendre dire désormais par certains que cet homme aurait un destin national et serait le sauveur, le rédempteur du Cameroun, paraît être, dans ce contexte, une immense boutade, une galéjade de mauvais goût qui ferait rire à gorges déployées, même les moins cyniques, si  ce n’est que la prison n’est pas une sinécure, encore moins une balade de plaisir et une promenade de santé.
Un homme politique n’est pas fabriqué par un décret , il ne naît pas à la vie publique par un texte le nommant à un poste de pouvoir au service d’un homme. Un homme politique est un homme de dialogue, il va au contact des hommes et des femmes de son pays , il rencontre et discute sans parti pris avec toutes les familles politiques , quelles que soient leur idéologie et leur programme .

Un Homme politique a une vision, de la constance, de la persévérance, de la clairvoyance, de la volonté et du courage. M. Marafa, jusqu’à son incarcération n’a dialogué avec personne si ce n’est comme il le précise lui-même avec l’homme qui l’a fabriqué par décret. Il n’a fait preuve ni de vision, ni de constance, ni de persévérance, ni de clairvoyance, ni de volonté , ni de courage . Il n’est même pas certain que les lettres qui lui sont attribuées soient vraiment de lui et même si c’était le cas, cela ne changerait rien à l’insignifiance de ce bruissement de crécelles qui heurte certaines oreilles. Ce bruissement artificiel et superficiel est somme toute, sans intérêt. Il est permis d’affirmer au regard de toutes ces observations et sans risque de se tromper que M. Marafa n’est pas politiquement crédible, il est encore moins un homme politique. Tout cela n’est pas très propre mais éminemment  malsain, douteux et suspect. 

Les camerounais veulent des emplois, une vie décente, l’assurance de soins médicaux adéquats, de bonnes écoles, des infrastructures correctes, la liberté de choisir ou de renvoyer leurs représentants en fonction de leur rendement public. Tout camerounais ne faisant pas partie du régime a au moins une fois entendu proférer des menaces du genre : « Méfies-toi, fais attention. Sais-tu qui je suis ? Tu sauras bientôt qui je suis dans cette république, tu ne sais pas ce qui t’attend après ce que tu as osé contre moi ou contre nous ».

Ce pouvoir de rétorsion supposé ou réel de ceux qui servent le régime est un fardeau permanent qui limite et restreint la capacité de protestation et d’indignation des camerounais. Voilà pourquoi l’immense majorité se tait dans la peur du pouvoir de rétorsion et de représailles des hommes en place. Nous devons dénoncer cela avec vigueur et détermination. Après la peur du colon, les camerounais connaissent depuis plus de cinquante ans la peur du gouvernement camerounais et de ceux qui le soutiennent à différents postes de pouvoir. Ces hommes veulent briser et détruire tous ceux qui leur résistent et transformer les autres camerounais en clients, les sociologues parlent alors de clientélisme

L’être humain n’est pas qu’un simple tube digestif, il est d’abord un tube métaphysique. Les idées, les valeurs morales et spirituelles sont l’oxygène de l’âme, le nutriment de l’esprit. Lorsque s’éteint l’âme par inanition intellectuelle, spirituelle et mentale, nous cessons de vivre une vie humaine. Les dirigeants de notre pays ne l’ont pas compris depuis des décennies. Les camerounais  demandent à participer au processus de prise de décision dans leur pays, ils demandent la justice et une vraie paix des cœurs dans une réconciliation nationale non feinte, ils appellent de tous leurs vœux un Cameroun sans clivages tribaux ou ethniques, ils désirent un Cameroun où la tribu sera remplacée par la citoyenneté.

Les camerounais veulent une réelle alternative politique faisant suite à des élections libres et transparentes mais le Président Paul Biya qui n’est pas un homme de  Paix reste sourd à leur demande. Il ne garantit pas non plus la cohésion nationale, bien au contraire,  il la fragilise chaque jour plus. En avril 2008, l’abolition de la limitation des mandats présidentiels prévue dans la constitution de 1996 a été une grave atteinte à la Paix, l’adoption du code électoral d’avril 2012 est une atteinte profonde à la Paix et j’en passe.   Le Cameroun est en Paix parce que les camerounais eux-mêmes aussi pauvres, aussi simples et aussi humbles soient-ils, ne veulent pas de guerre et refusent la violence, cela n’a rien à voir avec une politique délibérée et décidée par le Chef de l’Etat d’instaurer la Paix et les quatre épitres de Saint Marafa aux camerounais n’y changeront rien non plus.

Les Camerounais  attendent que soient libérés la créativité et l’esprit d’entreprise, que soient installés la valeur du travail, le sens de l’effort, du mérite , de la compétence, de la performance et du travail bien fait. Ils appellent de tous leurs vœux, l’instauration des valeurs fondamentales que sont : la liberté, la justice , l’égalité , la solidarité , la générosité, la fraternité, le partage, la confiance en soi , l’estime de soi, la dignité humaine et le respect de l’autre. Ils veulent voir augmenter l’Indice de Développement Humain (IDH) du Cameroun et savoir que disparaîtra bientôt la pauvreté, cette gangrène puante qui ronge et détruit sans bruit.

Nos paroles et nos écrits sont ce qui restera lorsque toute cette incurie aura disparu et c’est ainsi que nous vaincrons la dictature et la forfaiture qui finiront dans les poubelles de l’Histoire.

Nous écrirons sur tous ces sujets. Voilà pourquoi nous ne pouvons que nous féliciter de la naissance de ce Bulletin d’Information Démocrate appelé « BUDEMO ». Nous vous remercions de l’accueillir. Il est  à but non lucratif et sera distribué gratuitement sur toute l’étendue du territoire national, voire au-delà.

Fait à Yaoundé le 29 juin 2012
Louis Tobie MBIDA
Directeur de Publication du BUDEMO

© BUDEMO : Louis Tobie MBIDA


30/06/2012
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