LA NORMALISATION DE LA CUPIDITÉ :: CAMEROON

Cameroun : La normalisation de la cupiditéJe me demande souvent si, parmi les pontes de notre pays, il en existe un seul qui l’aime vraiment. Cette préoccupation mienne revient, lancinante, à une certaine cadence, depuis qu’on a installé un comité dit de normalisation de notre football à Tsinga. Parce que depuis qu’ils ont pris possession de notre Fédération camerounaise de football (Fécafoot), ces gens-là se sont empressés de s’illustrer non par leur ardeur au travail, mais plutôt par des exigences relatives à la soupe et à leur confort. Ici, le salaire précède le travail.

La bande au président de ce Comité agit comme s’il fallait se remplir les poches, le plus rapidement possible, avant qu’il ne soit trop tard. Une manière de se servir, d’abord, avant de servir, éventuellement, le football camerounais. Sinon, comment comprendre que ces spécialistes du droit, guidés par leur amour de la patrie, au cas où ils en auraient, avant même d’avoir annoncé la couleur, réclament illico prestissimo des avantages que n’avaient pas les employés mêmes de la Fécafoot ? Tenez : Iya Mohammed percevait 500.000 F de salaire par mois comme président de la Fécafoot ; le président du Comité de normalisation (de la cupidité ?) revendique 4.000.000 F de salaire mensuel.

Pas moins. D’ailleurs, en plus de ce salaire, il exige 250.000 F de téléphone et de carburant par semaine, soit 1.000.000 F par mois ; ce qui fait  un total de 5.000.000 Fcfa par mois. En passant, ces frais de téléphone, sera-ce uniquement pour le travail ?  Si oui, pourquoi ne pas carrément se servir du téléphone filaire de la Fécafoot ? Et ce n’est pas tout.

 

Le Comité de normalisation pousse ses exigences plus loin. C’est ainsi qu’il fait passer les frais de mission à l’étranger de 120.000 Fcfa à, s’il vous plaît, 500.000 Fcfa. Par jour, tenez vous  bien. Pas étonnant alors que les missions à l’extérieur se multiplient. Je vous fais grâce du véhicule de 68 millions dans lequel il va rouler, et qui vient de l’étranger ; c’est quand même un ancien ministre passé président. Comme il pouvait alors se tromper, Sun Tsu, lorsqu’il écrivait dans son opuscule L’art de la guerre, que « l’abondance d’argent est souvent plus funeste qu’elle n’est avantageuse, et plus préjudiciable qu’utile ; par l’abus qu’on en fait, elle est la source de la corruption des coeurs et la mère de tous les vices » ! A Tsinga, on n’en a jamais cure. A présent plus que par le passé.

Comme une malédiction. Bien entendu, le travail que ce fameux Comité a à faire est un travail de consultation. Et nous savons tous que les consultants coûtent cher. Mais, sont-ce les raisons pour lesquelles ce travail-là ne pouvait pas être confié à un cabinet spécialisé en la matière, à qui on aurait prescrit un délai pour rendre sa copie, et qui aurait arrêté des honoraires nets ? Quel est le délai imparti à l’actuel Comité de Tsinga ? Pourquoi ce Comité s’attribue-t-il tous ces avantages mensuels, comme s’il était désormais employé à la Fécafoot ? Sachant comment les Camerounais fonctionnent devant « la nourriture » (oui, leur avidité me coupe toujours les réacteurs ; ils tremblent alors comme des feuilles sous le vent et y perdent presque tous leurs moyens, sauf celui de se servir, même si l’Epervier rôde), je peux parier ma tête à couper que d’ici le début de la saison footballistique de l’année prochaine, le Comité de Tsinga y sera encore.

Il multipliera des artifices, qui tiendront la route sur le plan juridique (on ne peut pas les prendre à ce jeu-là), des artifices qui lui permettront d’engranger des millions, encore et toujours des millions. Et puis, pourquoi en vouloir à ces gens là ? N’est-ce pas humain de traîner les pieds pour finir un travail pour lequel l’on n’est tenu par aucun délai et qui rapporte autant ? Mais, les Gars, n’oubliez tout de même pas que argent fait perdre et pendre gens.

© Le Jour : Jean-Marie Mollo Olinga


28/08/2013
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