La fin d'une génération. Pour qui sonne le glas

Série noire
La série noire se poursuit au Cameroun. Le  chef de l’État devient de plus en plus esseulé. En masse, les valeureux camerounais, les ténors et caïds de la classe politique, sociale et culturelle quittent la scène qu’ils occupaient depuis plusieurs décennies. Coup sur coup, la mort a fauché Joseph Fofé,Pius Njawé, Léopold Ferninand Oyono, Denis Ekani, Paul Tessa, Mgr Paul Verdzekov, Justin Dioro, Jean Marc Ela, Meinrad Hebga, Bénaé Mpecké, René Owona, Ndeh Ntumazah, André Booto à Ngon,  Pierre Tchangué, Charles Assalè, François Sengat Kuoh, John Ngu Foncha, Salomon Tandem Muna, Pierre Tsoungui, Paul Soppo Priso, Joseph Tsanga Abanda,  Fonka Shang Lauwrence, Victor Ayissi Mvodo, Samuel Kamé, Julienne Keutcha, Paul Fokam Kamga, Justin Fotué Kamga, Paul Kamga Njiké, Joseph Kamga , André Fouda, Charles Awana Onana, Charles Assalé, Mgr Albert Ndongmo, Mgr Paul Etoga, Mgr Jean Zoa, Mgr André Wouking, Jean Fochivé, Gilbert Andzé Tsoungui, le Père Engelbert Mveng, Ahmadou Ahidjo, Maïdadi Sadou, Luc Loé, Bernard Eding, Christopher Nsalhaï, Samuel Eboua, Vroumsia Tchinaye, Christian Tobie Kuoh, Victor Ayissi Mvodo, Thomas Meloné, Stanilas Meloné, Gorges Ngango, Mongo Beti, Francis Bebey, Eboa lottin,  Vianney Ombé Dzana, Henri Bandolo, Luke Ananga, Claude Ondobo Ndzana, Enoch Kwayeb kate, Emah Basile, David Dagobert Fampou, Salomon Nfor Gwei, Emah Ottou P.P. Williams Higgins, Gustave Essaka, Simon Nko’o Etoungou, Amougou Noma. Nous en oublions certainement.
Nous n’éprouvons pas une délectation morose en publiant cette longue liste funèbre. La perte d’un être humain, quels que soient la couleur de sa peau, son appartenance ethnique, ses convictions politiques, idéologiques et religieuses laisse un grand vide impossible à combler.
Au-delà d’une arithmétique morbide des compatriotes qui quittent la scène, de ceux qui restent et des autres qui aspirent à vivre dans un environnement politique rénové ou reconstruit, de nos jours, le Cameroun a besoin des institutions fortes susceptibles de survivre à la disparition d’un homme ou d’un groupe d’hommes qui président aux destinés actuels du pays, autrement dit, qui traversent une époque, une période ou l’histoire,  transcendent les différents clivages et qui sont fondées sur des règles (lois et règlements)  claires et justes.
L’usure de la classe politique actuelle et surtout d’un pouvoir monarchique, plus autocratique que démocratique induit des comportements mettant en péril la cohésion nationale. De sorte que s’il survient une vacance temporaire, subite ou définitive du pouvoir suprême, il est à craindre un embrasement dans le pays. La situation sera d’autant plus critique que certains qui sont au pouvoir, des politiciens par décret, se sont comportés vis-à-vis de certaines élites comme des redoutables machines à exclure et à humilier, engendrant des sentiments de vengeance et de revanche à peine dissimulés.
Jean Bosco Talla

Prémonition d’une fin de génération
Dans la vie d’un individu, il est des moments où rien ne va, et du coup, les moindres faits et gestes sont décryptés comme étant des signes prémonitoires d’une fin. Ainsi en est-il des individus comme des générations d’hommes.

Depuis quelques années au Cameroun, à la manière et au rythme dont se fait la sortie de scène de certaines personnalités de la République qui ont marqué les années post indépendance, il ne fait plus de doute que cette génération est en fin de règne. Elle est en train de disparaître. Une génération constituée d’hommes d’État, d’opérateurs économiques, de religieux, d’hommes de culture, bref, de véritables ténors du Cameroun moderne.

A titre d’illustration, la disparition de trois figures marquantes de l’histoire sociopolitique récente du Cameroun qui sonne non seulement le glas pour cette génération, mais surtout, qui symbolise la brutalité avec laquelle ces grands hommes du gotha tirent leur révérence. D’abord celle de Léopold Ferdinand Oyono, écrivain et ancien ministre d’État chargé de la culture et ambassadeur itinérant au moment de sa disparition. Nous sommes le 10 juin 2010 au palais de l’Unité. Paul Biya, le président de la République, reçoit un hôte de marque, en la personne de son Excellence Ban Ki Moon, secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (Onu), venu au Cameroun parler, certes de coopération, mais davantage de développement. Plusieurs proches collaborateurs du chef de l’État prennent part à l’événement. Parmi eux, un certain Léopold Ferdinand Oyono, très proche et fidèle parmi les fidèles de Paul Biya. Jusque-là, tout se passe bien, sans la moindre anicroche. Malheureusement, à la fin de la cérémonie, tout juste au moment où les convives se retirent, l’auteur du vieux nègre et la médaille, roman à succès, est pris d’un malaise cardiaque et tombe. Panique du protocole, tentative de réanimation, espoir et finalement consternation. L’homme avec qui Paul Biya avait l’habitude de jouer au songo, son passe-temps favori quand il se rend à Mvomeka’a, son village natal, n’est plus.

Attaque cardiaque
Cette fin brutale d’une personnalité en pleine activité n’est pas un cas isolé parmi les hommes de la génération post indépendance. On se souvient, en effet, que le  20 mars 1998 Jean Zoa, archevêque métropolitain de Yaoundé, tombe devant ses ouailles à la cathédrale Notre Dame des Victoires de Yaoundé, lui aussi victime d’une attaque cardiaque en pleine célébration de la messe de requiem en la mémoire de Monseigneur Paul Etoga, évêque du diocèse de Mbalmayo, décédé quelques jours avant. Ainsi s’achevait la vie d’un homme, un religieux, dont les prises de position face aux grandes problématiques nationales étaient quelquefois sujettes à polémique, comme ce fut le cas dans les années 90, avec la lutte pour l’instauration du multipartisme et la démocratie au Cameroun.

Autre personnalité et pas des moindres, mais ayant eu une fin identique : il s’agit de Jean Fochivé, qui a travaillé sous les deux régimes d’Ahmadou Ahidjo et Paul Biya essentiellement à la police et dans les services de renseignement. De retour de la présidence de la République un soir aux environs de 20 heures 30 mn, où, disait-on, il était allé répondre à une convocation de sa hiérarchie, Jean Fochivé a été fauché par une crise cardiaque. Difficile d’y croire, tant c’est celui dont la mission était de traquer les opposants et autres subversifs dans leurs moindres retranchements, c’est-à-dire de mater la rébellion, qui finissait ainsi brutalement. "Le flic des flics" dont la seule évocation du nom provoquait la terreur au sein de la population s’était pourtant construit une image de baobab. Malheureusement, cette nuit du 12 avril 1997 lui avait été fatale. Il venait de faire son dernier coup tordu

Fin d’une époque
Ces trois cas de figure symbolisent à suffisance la manière dont est en train de s’opérer la fin d’une époque, celle des hommes qui ont fait l’histoire politique du Cameroun entre deux périodes de lutte : lutte de libération et lutte pour la démocratisation ; époque marquée par la pensée unique imposée par des thuriféraires à la solde des "maîtres hexagonaux". Fin donc d’une époque puisqu’en quelques années seulement, les pertes ont été énormes autant qu’elles sont significatives.

D’abord les intimes de Paul Biya qui ont répondu à l’appel du destin divin. Parmi eux, l’on note Réné Owona, secrétaire général adjoint de la présidence de la République ; le Pr George Ngango, ancien ministre de l’Éducation nationale ; Emah Basile, Délégué du gouvernement et trésorier du Rdpc ; Amougou Noma lui aussi Délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Yaoundé, Paul Tessa, ancien Directeur général de la Société de presse et d’Édition du Cameroun (Sopecam) et président de la Commission nationale anticorruption (Conac), etc.

Dans cette vague de décès, sont aussi présents les hommes ayant servi les deux régimes tout comme leurs opposants qui n’ont pas échappé à la loi de la fin de génération. Ainsi, peut-on par exemple citer, pour les premiers, François Sengat Kuoh, ancien secrétaire politique de l’Union nationale camerounaise (Unc), Enock Kwayep Kate, ancien ministre sous le régime d’Ahidjo et premier président de l’Observatoire national des élections (Onel) sous le régime de Biya ; Salomon Tandeng Muna, ancien président de l’Assemblée nationale. Dans ce tableau, on ne saurait oublier les autres figures de proue telles que John Ngu Foncha, Maïdadi Sadou, Christian Tobie Nkuoh, Luc Loé, Henri Bandolo. Parmi les seconds qui, à un moment ou à un autre, ont marqué leur distance avec un des deux régimes, on peut citer Ayissi Mvondo, ancien ministre de l’Administration territoriale, Samuel Eboua, ancien secrétaire général de la présidence de la République sous d’Ahidjo, ou de Emah Ottou P.P., frère cadet de Emah Basile, pharmacien, militant de l’Union des populations du Cameroun (Upc) depuis 1960 et fondateur, en 1991, du Rassemblement des forces patriotiques (Rfp).

Enfin, parmi ces disparitions qui signent le crépuscule d’une époque politique, figurent en bonne place les hommes de culture comme Mongo Beti, Francis Bebey ;  des hommes de Dieu tels que le Père Jean Marc Ela, le Père Meinrad Hebga, Mgr André Wouking des opérateurs économiques à l’exemple de Pierre Tchanqué.

Au bout du compte,  la qualité, la position et l’âge des personnalités ainsi soumises à la loi de la prémonition en disent long sur le changement d’époque qui est en train de s’opérer sous nos yeux au Cameroun. Cette irréversible mutation devrait interpeller la responsabilité et l’engagement politiques des jeunes un peu trop amorphe et timorée, dans la mesure où ils sont les cadres de la classe politique de demain et à ce titre, personne mieux qu’eux ne peut définir leur projet de société. L’espoir est donc permis.
Simon Patrice Djomo

La stratégie du caméléon

Parmi les hommes de la génération post indépendance qui ont déjà tiré leur révérence, il y en a qui sont restés dans le sérail politique, malgré le changement de régime en 1982, en prenant juste la couleur du milieu. Comme de véritables caméléons
Ils ont presque tous cassé leur pipe, mais s’il est une chose qui caractérise ces serviteurs caméléons, c’est bien cet égal dévouement et cette remarquable fidélité avec lesquels ils ont été au service de la nation sous les deux régimes, à savoir celui d’Ahmadou Ahidjo (1958 – 1982) et celui de Paul Biya qui dure depuis 28 ans.
D’abord John Ngu Foncha, celui dont le nom est associé à la réunification des deux Cameroun. Né le 21 juin 1916 à Bamenda, celui qui deviendra plus tard un acteur clé de l’arène politique camerounaise fait ses études primaires et secondaires dans sa région natale avant d’aller au Nigéria les poursuivre. Dans l’État de Cross River où il achève ces études, "Pa John" devient, en 1939, instituteur à l’école Saint Charles d’Onitsa, après un an de vacation. En 1942, le département fédéral de l’Éducation le nomme enseignant d’Agriculture au Centre d’éducation agricole de Moore Plantation d’Ibadan.
Cette promotion sera le déclic d’une vie publique pleine, mais qui ne sera pas de tout repos. Fondateur de plusieurs associations civiles, John Ngu Foncha est aussi militant politique. Il est élu en 1951 député du Parlement d’Enugu, à l’est du Nigéria, sous la bannière de la National Council of Nigeria and the Cameroons (Ncnc), parti politique dont il était le représentant local.  Au Cameroun, le jeune instituteur de Bamenda crée deux partis politiques dont il se sert pour mener la bataille de la réunification. Une bataille qui se solde, en 1961, par le rattachement du Cameroun occidental au Cameroun francophone ; les deux entités formeront un État fédéral, conformément aux Accords de Foumban. Conséquence logique de cette fusion : le père de la réunification devient premier ministre de la République fédérale dès 1962, mais est marginalisé par le président Ahidjo lorsque ce dernier organise, à son insu, un référendum qui aboutit à l’instauration d’un État unitaire, en 1972.
Se sentant trahi, il se retire de la vie politique, en 1970, avant d’être rappelé 9 ans plus tard, comme grand chancelier des ordres nationaux, poste qu’il occupera jusqu’en 1990, date de son retrait des affaires publiques. Il décède le 10 avril 1999 à l’âge de 83 ans. Mais le moins que l’on puisse retenir de ce grand compatriote est qu’il est et sera toujours perçu, dans la communauté anglophone du Cameroun comme celui qui les a trahis, en les poussant à choisir de se rallier au Cameroun au lieu du Nigéria, ce dont il avait  d’ailleurs exprimé des regrets publics à Buéa en avril 1993.

Bâtisseurs de la nation
L’autre figure de proue dont la vie politique symbolise la continuité entre les deux régimes, est Salomon Tandeng Muna. Véritable force tranquille, c’est ce natif de Ngyenmbo dans le département de la Momo (province du Nord-Ouest) qui remplace, en 1972, le démissionnaire John Ngu Foncha en devenant président de l’Assemblée nationale. Il y reste jusqu’en 1988, date de son retrait de la vie publique.
Né en 1912, il a fait une bonne partie de ses études au Cameroun avant de s’envoler pour Londres où celui qui était toujours major de sa promotion devait poursuivre ses études supérieures en sciences de l’Éducation. À son retour au Cameroun, il mène de nombreuses activités. Enseignant puis directeurs de plusieurs écoles pendant 15 ans. C’est en 1951 que cet instituteur de première heure entre en politique, comme député à l’Assemblée régionale du Nigéria oriental. Un an plus tard, commence alors une riche carrière politique. Ministre plusieurs fois, il forme un tandem avec l’honorable Foncha dans la lutte pour la Réunification.

Lorsqu’il répond à l’appel du destin le 22 janvier 2002, le Cameroun ne pleure pas seulement un des grands artisans de la réunification des deux entités anglophone et francophone, ou le grand serviteur de la nation, mais aussi, le père (beaucoup l’ignorent) du mouvement des scouts du Cameroun et même d’Afrique. Son départ, autant que celui de son acolyte John Ngu Foncha, est la fin d’une vie de bâtisseur de la nation camerounaise.

À côté de ces architectes du Cameroun uni, figure un certain Enock Kwayep Kate. Il n’est certainement pas trop connu des générations actuelles, pourtant Enock Kwayep fait partie des premiers hauts commis de la République s’étant fait remarquer par leur fidélité inconditionnelle au premier président du Cameroun indépendant. Plusieurs fois ministre, ministre d’État, ambassadeur sous le régime d’Ahmadou Ahidjo, Enock Kwayep se révélera comme une pièce maîtresse du dispositif politique de ce régime qui, à un moment, suscitait peur et terreur chez les Camerounais.

Lorsque Paul Biya, l’"illustre successeur", accède à la magistrature suprême le 6 novembre 1982, suite à la démission de son tout aussi "illustre prédécesseur", parmi les anciens barons qui sont maintenus, il y a ce fils du Ndé dans la région de l’Ouest. Avec ce nouveau régime auquel il est d’une égale fidélité, il occupe aussi de nombreuses fonctions aussi bien dans les cercles du pouvoir qu’au sein de l’appareil politique.  La confiance que M. Biya a pour ce compatriote est si grande qu’il fera de lui le tout premier président de l’Observatoire national des Elections (Onel) devenu Elections Cameroon (Elecam).

La mort, le 9 août 2002, de cet octogénaire de 79 ans, constitue pour le régime du renouveau une énorme perte.  Que retiendra-t-on de lui ? Certainement beaucoup de choses. Mais la plus marquante est sans doute cette anecdote relative à la prison de Bazou. Il se dit en effet que sous Ahidjo, chaque fidèle du régime devait proposer un projet à réaliser dans sa région. Enock Kwayep, à l’époque ministre des prisons, choisit de faire construire une prison à Bazou sous le prétexte que le grand banditisme avait pris de l’ampleur dans cette région. Mais, cette initiative a été vivement critiquée et l’est encore par les populations de cette localité. Cette image, heureusement, n’ausculte en rien ces œuvres : création de nombreuses unités administratives, création du Centre africain du travail  (Cradat), prise de position contre l’exécution d’Ernest Ouandié, leader upéciste, etc.

Les autres symboles de la continuité
Dans ce lugubre tableau, Maïdadi Sadou et Luc Loé ont un parcours presque identique. Hommes du commandement, les deux ont occupé, sous le régime d’Ahidjo, de hautes fonctions dans l’administration, comme préfet  pour le premier et gouverneur, pour le second. Plus tard, sous le régime de Biya, Maïdadi, l’aîné des deux, sera promu ministre chargé des relations avec les Assemblées, tandis que Luc Loé atterrira sur le toit de la Délégation générale à la sureté nationale (Dgsn). Du fait du poids de l’âge, Paul Biya nomme chacun d’eux Délégué du gouvernement à Garoua pour Maïdadi et à Edéa pour Luc Loé qui tirera sa révérence le 7 septembre 2001, quelques années seulement après homologue de Garoua.
Les autres personnages de légende ayant servi les deux régimes et dont la mort constitue le symbole d’une fin de génération sont, par exemple, François Sengat Kuoh et Ayissi Mvondo, anciens secrétaires politiques de l’Unc. À propos du premier, une certaine opinion pense que c’est lui qui avait mobilisé quelques intellectuels camerounais pour la rédaction du livre-programme intitulé "Pour le libéralisme communautaire" qui porte le nom de Paul Biya. C’est d’ailleurs pour cette raison, soutient-on de ce côté, que le promoteur du Renouveau a du mal à traduire en acte toutes les bonnes intentions contenues dans ce chef-d’œuvre politique. Charles Assalé et Simon Pierre Tsoungui, anciens premiers ministres, Christian Tobie Kuoh, ancien Délégué du gouvernement de Douala, Henri Bandolo, ancien ministre de la Culture, Kamé Samuel, ancien secrétaire permanent à la Défense nationale, etc., complètent la liste des légendaires serviteurs caméléons, des personnalités ayant su tirer leur épingle du jeu en prenant la couleur du milieu ou en s’adaptant au nouveau contexte politique.
Comme on peut le constater, la saignée est importante et annonce certainement la fin des temps pour les chantres de l’immobilisme politique.
S. P. D et J.E.L

Gilbert Andzé Tsoungui: Le bourreau des nationalistes
Gilbert Andze Tsoungui décédé lundi 9 avril 2007.  Ce n’était plus une rumeur à démentir comme ce fut le cas à la mi-juillet 1995. En 1958, Gilbert Andzé Tchoungui entre dans l’administration. Il est adjoint au chef de subdivision (adjoint au sous-préfet) de Nanga-Eboko à 28 ans. Un an après, il est nommé adjoint au chef de la Région du Wouri à Douala avec pour mission de mater les nationalistes de l’Union des populations du Cameroun (Upc) interdit en 1955. Après l’assassinat de Ruben Um Nyobè le 13 septembre 1958, le Nyong-et-Kellé devient un foyer de résistance.
De 1959-1960, il est sous-préfet et maire de Lolodorf, un autre foyer de résistance. Ensuite, il devient, de 1960-1961, préfet de la Boumba-et-Ngoko localité où une agitation politique animée par des leaders upécistes donne le tournis aux autorités néocoloniales en place. De 1961-1963, il pour mission de traquer les upécistes dans le Mungo : Pour récompense des sévices rendus, il devient de 1963 à 1965, inspecteur fédéral de l’administration pour la région du Littoral. Il sera ensuite envoyé à l’Ouest, comme inspecteur fédéral de l’administration toujours avec pour mission de mater l’Upc. En 1970, Ernest Ouandié et Mgr Albert Ndongmo sont arrêtés dans le Moungo. Ouandié est fusillé sur la place publique le 15 janvier 1971 à Bafoussam. Après cette « victoire »  Andze Tsoungui qui l’arrière-pays et  devient, en juillet 1972, ministre délégué à l’inspection générale de l’État.
Le 2 mai 1978, il entre au gouvernement.  Jusqu’au 13 avril 1983, il occupe le portefeuille de Il devient ministre d’État des Forces armées dans le gouvernement du 22 août 1983. Le gouvernement démantèle un faux complot contre la sûreté de l’État. Avant le coup d’État d’avril, le colonel Asso l’informe de l’éventualité d’un coup d’État, quelque temps après sa rencontre avec le général Semengue. Il fait le naïf. Une manière de laisser venir les putschites. Lorsque le coup d’État du 6 avril 1984 éclate, il s’enfuit. Paul Biya le maintient à ses côtés. Il sort du gouvernement en août 1985. Après quatre années de galère, il est nommé en avril 1989, en remplacement de Denis Ekani, délégué général à la Sûreté nationale. Le 26 mai 1990, le Sdf naït à Bamenda. Les policiers « piétinent six morts par balle. Nommé au poste de ministre de l’Administration territoriale au début des années 90, il doit organiser les législatives et la présidentielle de 1992. En mars 92, il ne peut contenir l’opposition qui rafle le maximum de siège à l’Assemblée nationale. Pour conserver le pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) avec ses 88 députés doit se livrer au marchandage. En octobre 1992, tirant les leçons des législatives, Andzé Tsoungui charcute les résultats de la présidentielle au profit de Paul Biya. Il quitte le gouvernement 7 décembre 1997 à l’âge de 67 ans. Il meurt, 10 ans plus tard à l’âge de 77 ans et rejoint dans l’au-delà Um Nyobè, Ernest Ouandié et les « maquisards » dont il avait précipité la mort.
S.A.K

L’aloi du sérail
Sans être de proches  intimes, certains fidèles du régime de Paul Biya ont quitté la scène. Ce qui ne va pas sans soucis pour les compagnons restés accrochés au pouvoir.

Calme et effacé, Bernard Eding, l’ancien Directeur général de la Société nationale de raffinerie du Cameroun (Sonara), voit sa consécration à ce prestigieux poste coïncider  avec l’accession au pouvoir de Biya, en 1982. Au regard de son parcours académique et professionnel, ce fils de la Sanaga maritime dans la Littoral est,  au sens plein du terme, un pétrolier.  Né le 5 mars 1940 à Edéa, il va en France, après l’obtention, au Lycée Général Leclerc de Yaoundé, de son Baccalauréat, option mathématique,   poursuivre ses études en chimie. Brillant esprit, il travaillera dans de nombreux projets de construction d’unités de raffinerie en Afrique comme en Europe. Il a par exemple contribué,  de manière significative, à la mise sur pied de la Sonara et de la Sogara  au Gabon, sans oublier qu’il a participé à la recherche exploration-production du groupe Elf Serepca. C’est cet homme à la tête bien faite qui est dans certains milieux perçu comme un "collabo complice passif" du pillage de nos ressources  qui meurt le 25 juin 2002, à l’âge de 62 ans.

Claude Ondobo Ndzana, que la jeune garde des scribouillards de la presse camerounaise aujourd’hui ne connait pas, était un des pionniers du journalisme camerounais. Cet homme de culture qui s’en est allé à l’au-delà le 15 août 2002 à Paris, est un pur produit du collège Vogt où il obtient son baccalauréat avant de s’envoler pour l’Afrique du Nord. Devenu journaliste et licencié en sociologie, il poursuit son périple épistémologique en Belgique et obtient un Doctorat en communication. Il retourne au Cameroun au lendemain de la réunification et officie comme rédacteur en chef à la radio diffusion du Cameroun. En 1978, il entre à l’Unesco, et initie plusieurs projets dont certains pour son pays tels que l’implantation de 15 radios communautaires au Cameroun.

Pas très connu aussi, celui qu’on appelait "M. le diplomate". Simon Nko’o Etoungou, puisqu’il s’agit de lui, est originaire de Meyomessala dans la région du sud Cameroun. Avant d’être nommé ambassadeur du Cameroun en France, il a occupé plusieurs fonctions dans la haute administration. Il est décédé trois jours avant son compatriote Ondobo Ndzana, c’est-à-dire le 12 août 2002, dans la même ville.

Loin d’être exhaustive, on ne saurait oublier les noms de Salomon Nfor Gwé ou Fonka Shang Lawrence. Le premier a été enseignant à l’École normale supérieure (Ens), en dépit de sa maîtrise en théologie, puis secrétaire d’État à l’Agriculture jusqu’en 1985, date à laquelle il se voit confier le Comité national des droits de l’homme cumulativement avec ses fonctions de Sg de la Chambre d’Agriculture. Décédé le 30 juin 2002, beaucoup retiennent de lui qu’il n’a pas su user de l’instrument qu’était ce Comité. Pour ce qui est du second, il a été sous le régime de Biya, président de l’Assemblée nationale.
Connu ou non, jeune ou vieux, beaucoup de proches de Paul Biya dont l’ascension s’est observée sous le régime du Renouveau sont en train de quitter la scène les après les autres, sonnant ainsi la fin d’une époque.
Simon Patrice Djomo

 






27/10/2010
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