La dernière gaffe d'Issa Tchiroma Bakary: «Les prisons camerounaises ne sont pas les seules où on voit passer des rats»

Douala, 29 Janvier 2013
© FELIX BEDA | Ouest Littoral

Le Ministre de la Communication s'est exprimé sur le rapport d'Amnesty International et sur les conditions de détention décriées de Lydienne Eyoum à la prison centrale de Kondengui

Après les états généraux de la communication contestés et poussifs du 6 décembre 2012, le porte-parole du Gouvernement avait pris son congé médiatique concernant la communication régulière ou pas de l'activité gouvernementale. Issa Tchiroma Bakary a effectué sa rentrée à travers deux sorties tout aussi calamiteuses que compréhensibles.

La controverse jetée sur les chiffres des morts de Mimboman

D'abord le mercredi 23 janvier dernier lors d'un exercice communicationnel relatif aux crimes rituels en série qui sévissent dans la capitale politique de notre pays. Le Ministre de la Communication avançait ce jour un chiffre de 7 jeunes filles tuées dans le quartier de Mimboman à cette date. Un décompte qui tranche de 6,7 voire 9 jeunes filles tuées avec celui rapporté par la quasi-totalité de la presse nationale, exclusion faite de celle d'Etat ou du parti au pouvoir.

Ensuite le samedi dernier concernant les conditions de détention de Lydienne yen Eyoum-Loyse, l'avocate Franco-camerounaise détenue à la prison centrale de Kondengui. Me Caroline Wassermann son conseil, dénonçait alors sur les antennes d’une radio étrangère, Radio France Internationale (RFI) en l'occurrence, l'environnement carcéral inhumain de notre prison centrale.

Joint à ce sujet, la réaction de l'incorrigible du membre du gouvernement ne s'est pas fait attendre. Durant moins d'une minute, 37 secondes exactement chronomètre à la main, sa position sur les ondes de la radio française frise le scandale pour un Gouvernement d'une République qui soi-disant est exemplaire.

On ferait avec toute la gentillesse possible semblant de donner raison au Ministre de la Communication sur ses propos faisant état de ce que les gens qui se retrouvent en prison ne sont pas là par hasard, ou encore que le gouvernement ne ménage aucun effort pour améliorer les conditions de détention des prisonniers en général.


Les prisons camerounaises ne sont pas des prisons cinq étoiles

Mais la fausse - semblante courtoisie s'arrête net lorsqu’Issa Tchiroma Bakary enfonce le clou. Comment accepter qu'un Ministre de la République déclare à propos de l'organisation internationale de défense des droits de l'Homme, Amnesty International, que: «la prison n’est pas un lieu de villégiature» et que cette dernière aurait voulu, s'interrogeant, «que ce soit des hôtels cinq étoiles?»

Le Ministre de la Communication déclare même que «les prisons camerounaises ne sont pas les seules dans le monde où on voit passer des rats!» On laisse à nos lecteurs le soin de juger la pertinence de tels propos venus du Ministre de la Communication de notre pays dont l'image par cette estocade en prendra à n'en point douter un coup. Ils interviennent alors au moment où le Président de la République entame ce jour une visite officielle en France. L'affaire Lydienne Eyoum et Michel Thierry Atangana feront certainement au menu des discussions entre Paul Biya et François Hollande.

Pour Rappel, L'avocate Franco- camerounaise est incarcérée depuis 2010 à la prison centrale de Kondengui à Yaoundé. Lydienne Yen Eyoum est accusée d'un détournement de 1,070 milliards de FCFA dans l'opération de recouvrement des 3,637 milliards de FCFA correspondant au fonds émis par la société Barry au profit de l'Etat du Cameroun.


30/01/2013
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