La Côte d'Ivoire, principal exportateur de "diamants de guerre"

La Côte d'Ivoire, principal exportateur de "diamants de guerre"
(La Libre 28/12/2010)


En 2009, 40.000 certificats ont été délivrés, représentant 370 millions de carats
La Côte d'Ivvoire est devenue le principal exportateur mondial de "diamants de guerre", dont la vente illégale risque de financer les camps qui s'opposent pour la présidence du pays, s'inquiète le président du processus de Kimberley, Boaz Hirsch, dans un entretien à l'AFP.

"Les seuls diamants considérés aujourd'hui comme des "diamants de guerre" viennent de Côte d'Ivoire", affirme M. Hirsch, qui assure jusqu'à la fin de l'année au nom d'Israël la présidence de cette organisation visant à mettre un terme au trafic de diamants bruts alimentant les conflits, notamment en Afrique.Ces dernières années, des diamants, représentant des dizaines voire des centaines de millions de dollars, ont été clandestinement exportés du pays par le biais de faux certificats d'origine.

Les Nations unies ont imposé en 2005 un embargo sur leur exportation de la Côte d'Ivoire pour éviter à l'époque qu'elle ne finance l'ex-rébellion qui contrôlait le nord du pays après un coup d'Etat manqué en 2002 contre le président Laurent Gbagbo.

Avec la crise politique opposant les partisans d'Alassane Ouattara, le vainqueur reconnu par la communauté internationale de la présidentielle du 28 novembre, à ceux de Laurent Gbagbo, Boaz Hirsch dit craindre que ce trafic n'alimente un éventuel nouveau conflit.

"Le processus de Kimberley tient absolument à s'assurer que ces diamants ne servent à financer" aucun des deux camps, confie-t-il.

Le régime international de certification, baptisé du nom de la ville d'Afrique du Sud où il a été lancé en 2000, est soutenu par l'ONU et rassemble 75 pays. Il a établi en 2003 un système de certification assorti d'une série de contrôles et de suivi des diamants, des mines aux ateliers de polissage.Il attache une grande importance à la lutte contre l'exportation clandestine de diamants ivoiriens vers les pays voisins, selon M. Hirsch.

Quand la Côte d'Ivoire était coupée en deux entre rébellion et forces loyalistes, le Burkina Faso, la Guinée, le Liberia et le Mali "n'étaient pas en mesure ou ne voulaient pas" mettre en oeuvre l'embargo de l'ONU.Mais les choses semblent s'être améliorées. Il y a moins d'exportations clandestines que les années précédentes vers ces pays, explique-t-il. "Nous avons constaté une augmentation des exportations de diamants des pays voisins. Nous sommes entrés en contact avec eux et avons obtenu leur coopération".

Une "empreinte géologique", sorte de carte génétique de la pierre, est réalisée pour chaque pierre exportée de Sierra Leone ou du Liberia. "Nous pouvons ainsi les distinguer des "diamants de guerre" ivoiriens", explique-t-il.

Il s'agit là d'une "tâche laborieuse, ennuyeuse" nécessitant l'intervention de géologues, d'experts pour aider les gouvernements, détaille Boaz Hirsch, qui a lancé cette année une "coopération stratégique" avec l'Organisation mondiale des douanes.

Au Zimbabwe, l'autorisation donnée cette année à la reprise des exportations a été suspendue en août. La production dans les mines de Marange "est moins désordonnée que par le passé mais un audit a montré qu'elle n'était pas en conformité dans tous les domaines" avec les règles du processus de Kimberley qui doivent rester "crédibles", a-t-il justifié.

Dans l'ensemble, le processus de Kimberley, dont les Etats membres représentent 99% de la production mondiale de diamants bruts, a fait ses preuves, se félicite-t-il.

Quand le système de certification a été lancé, 15% des diamants produits dans le monde étaient des "diamants de guerre", contre moins d'un pour cent aujourd'hui.En 2009, 40.000 certificats ont été délivrés, représentant 370 millions de carats.


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28/12/2010
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