La candidature de Cavaye embarrasse ministres et députés

Cameroun  : La candidature de Cavaye embarrasse ministres et députésLa candidature du Pan aux sénatoriales était hier au centre d'apartés.

Une atmosphère plutôt sénatoriale a prévalu hier au palais de l’Assemblée nationale à l’occasion de l’ouverture de la première session ordinaire de l’année législative 2013. Députés, membres du gouvernement et représentants des missions diplomatiques accréditées au Cameroun, baignaient dans une ambiance de retrouvailles. Des retrouvailles teintés d’humour et d’attentes fortes. En effet, cette session est la dernière du parlement à une chambre et celle des calculs stratégiques en vue du basculement au Sénat.

Le bal des conviés s’ouvre à 16 heures. Au rez-de-chaussée du Palais des verres de Ngoa-Ekelle, personne n’est avare en compliments. Au détour d’une conversation entre deux parlementaires, on peut entendre des confidences et quelques piques. «Honorable sénateur !», scande un élu. «Il n’a pas encore été nommé», réplique un autre «honorable», qui a s’est invité à l’échange à sa descente de voiture. Dans la salle des pas perdus, l’honorable Peter Fonso fait son entrée dix minutes plus tard. Le doyen d’âge est accompagné du Premier ministre Philemon Yang, de Victor Yene Ossomba, secrétaire général de l’Assemblée Nationale ainsi que de quelques députés dont le plus jeune d’entre eux, l’honorable Adjoudji Amadou.

Le silence retentit au passage du «doyen». Même des ministres suspendent leurs conversations. Louis Paul Motazé, Patrice Amba Salla, et Catherine Bakang Mbock, esquissent, chacun, un sourire. D’autres plient l’échine, comme pour faire la révérence. Des journalistes se mêlent à l’instant à cette la foule qui laisse ébranler le cortège. «Laissez passer», dégainent à tuetête les membres du protocole de l’Assemblée. Visiblement, c’est l’heure d’aller prendre place au sein de l’hémicycle. Au passage, le doyen d’âge, qui arbore une tenue traditionnelle d’apparat bien connue dans le Nord-Ouest, avance le pas alerte, ajustant élégamment son boubou africain. Une vingtaine de minutes plus tard, Cavaye Yéguié Djibril, le président sortant du bureau de l’Assemblée nationale, fait son entrée dans l’hémicycle. De manière plutôt discrète, pour une personnalité qui connaît cette chambre comme sa poche, pour y avoir séjourné depuis des décennies.

Comme à toutes les sessions du mois de mars, il passe par la porte «ordinaire» qu’empruntent les députés. Cavaye est tout de blanc vêtu. De sa chéchia à ses chaussures en passant par sa gandoura. Au passage, il tend la main à quelques uns de ses collègues avant de prendre place, tout aussi discrètement, au bout de la quatrième rangée droite face au perchoir. «Le très honorable» devise quelques minutes avec le député Dooh Collins jusqu’à l’entrée du doyen d’âge. Tout le monde se lève ensuite et se plie au protocole. Entre-temps, dans les travées du palais de l’Assemblée nationale, les conversations se sont enchaînées sur la candidature de Cavaye Yéguié Djibril aux sénatoriales. «Cavaye sera président de l’Assemblée nationale ou du Sénat ? De toutes les façons, il doit faire son choix», déclare un ministre. Un autre membre du gouvernement, répondant au député Ekindi, sur le soutien du Rdpc à Cavaye, affirme, un rien embarrassé : «Nous allons nous arrimer à l’agenda auquel le chef de l’Etat va nous soumettre».

Toujours sur le cas Cavaye, le député Rdpc Owona Kono indique, quant à lui, qu’il faut faire la part des choses entre les conditions d’incompatibilités et d’inéligibilité, en rapport avec le Sénat. Tout député, à l’en croire, peut ainsi postuler au Sénat, à condition qu’il choisisse, une fois son mandat de sénateur validé. D’autres députés Rdpc interrogés hier sur l’opportunité de la candidature de Cavaye au Sénat se sont tout simplement défilés.

© Mutations : ALAIN MAZDA


13/03/2013
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