L'UFDC porté disparu: Les fruits amers d'une politique hautaine

Un parti politique respectable. Un leader honoré et comblé, à défaut d'être adulé. Des militants par milliers sur l'ensemble du triangle national. Et puis, patatras... Une descente aux enfers impitoyable. Une désaffection des militants.Et après? L'oubli progressif, l'amertume et la désillusion.Tel peut être résumé le parcours de l'Union des Forces Démocratiques duCameroun (Ufdc) et de son président, Dr Victorien Hamani Bieleu.

 

 

 Le parti à l'arbre de la paix n'est plus aujourd'hui que l'ombre de lui-même, toutes les branches ayant jauni sous le double effet de la longue canicule politicienne de l'année 1996 et du choix groupusculaire comme ligne politique par son leader. L'Union des forces démocratiques du Cameroun fut pourtant à sa création au lendemain de l'instauration du multipartisme, une formation politique qui avait conquis de nombreux camerounais de part la personnalité de son président d'une part, et son message profond de changement d'autre part.

 

Dr Victorien Hamani Bieleu avait abandonné son poste douillet au Secrétariat Permanent à la Défense Nationale (Spdn) - une sorte d'officine de surveillance des opposants de l'époque, dirigée par le redoutable feu Kamé Samuel - pour se lancer dans la politique, matérialisant ainsi la rupture de bans avec son Rdpc originel.

 

Les élections présidentielles d'octobre 1992 avaient ainsi trouvé le parti au faîte de sa gloire. Considérée à l'époque comme la troisième force politique au Cameroun après le Rdpc et le Sdf, l'Ufdc devait tout naturellement s'allier au parti de Ni John Fru Ndi et des autres formations de même obédience politique pour former ce qu'on avait appelé, "l'Union Pour Le Changement (Uplc)". Hamani Bieleu dans ce conclave, était la deuxième personnalité, juste derrière le "Chairman" Fru Ndi. L'Ufdc bénéficiait par ricochet, des effets induits par une adhésion populaire massive derrière ce slogan du changement Directeur de campagne du candidat de l'Union pour le changement à cette élection de 1992 qui était tout naturellement John Fru Ndi, Docta Hamani ne put digérer l'échec de ce dernier, et le fit savoir.

 

CHUTE ABYSSALE

 

Il prit ses distances avec son allié Sdf et se lança même dans de violentes diatribes contre le "vendeur de livres de Bamenda". Des sources ont affirmé à l'époque que le leader de l'Ufdc avaient été manipulé par certains pontes du Rdpc originaires de l'Ouest du pays, pour l'amener à se désolidariser de "l'illettré de Ntarikon". Etaitce un choix raisonnable et le moment s'y prêtait-il? Où a-til cru son parti suffisamment fort pour quitter l'aile protectrice de l'alliance bilatérale?
La suite des événements allait montrer que notre intellectuel docteur venait de scier-là la branche de l'arbre de la solidarité sur laquelle il était assis.

 

La rupture étant donc consommée entre les deux hommes, c'est à "chacun pour soi, Dieu pour tous" que les deux formations politiques allaient aborder les élections municipales de 1996. Fru Ndi rejeta même tout net une proposition de dernière heure de Hamani Bieleu, tendant à conclure un accord ponctuel de désistement entre les deux partis. Les résultats des élections furent catastrophiques pour l'Ufdc, complètement laminée. Nous ne reviendrons plus ici sur les raisons annexes plus ou moins vraisemblables qui furent avancées à l'époque pour essayer de comprendre cette chute abyssale. Mais toujours est-il que c'est au lendemain de ces élections, que la désintégration de l'Ufdc devint irréversible.

 


De grappes entières de cadres et de militants quittèrent par charrettes pleines le parti, alors que Hamani Bieleu affolé et désorienté, coupait à tout va les têtes de ceux qui tentaient de protester. L'Ufdc fut brisée et ne s'en relèvera plus jamais. Une mauvaise politique de compromis et de compromission avait eu raison de l'aventurisme politique d'un leader grisé par le succès inattendu. L'attitude hautaine du Dr au lendemain de cette catastrophe électorale, contribua énormément à l'écroulement de ce parti promis à un bel avenir. Que vaut l'Union des forces démocratiques du Cameroun aujourd'hui sur l'échiquier politique national? Rien ou presque. Comme tant d'autres formations politiques au leadership personnifié, sclérosé et fossilisé par le temps et les épreuves, l'Ufdc ne fait plus recette.

 

Que devient son président? Aux dernières nouvelles, il pointerait le nez vers ...le parti des flammes pour un accord de "gouvernement". Mais est-ce encore possible?

 

Jean Bosco Talla  |  Yaoundé  ,  Cameroun   |  Publié le 19-09-2009

Source: Germinal Septemre 2009



20/09/2009
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