Kolofata: Une cellule de Boko Haram démantelée à l'Extrême-Nord

Yaoundé, 01 Juillet 2013
© DAVID WENAI | L'Oeil du Sahel

Les responsables ont été conduits à Yaoundé.

Les éléments de la Brigade de gendarmerie de Kolofata, dans l'Extrême-Nord, viennent de mettre la main sur un groupe des membres de la secte Boko Haram. Le 21 juin 2013, deux individus ont été interpelés à bord d'une moto. L'un d'entre eux a tenté de s'enfuir avant d'être rattrapé après qu'un gendarme lui a logé une balle dans la jambe. Un ordinateur portable, des téléphones by Savings Wave">portables et des fusils AK47 ont été trouvés en leur possession et saisis.

Les deux hommes ont, selon nos informations, été transférés le 22 juin 2013 à la légion de gendarmerie à Maroua, puis conduits au Secrétariat d'Etat à la Défense à Yaoundé avant d'atterrir à la Direction générale de la recherche extérieure (Dgre) pour exploitation. D'ores et déjà, les premières informations recueillies par les forces de l'ordre, ont permis l'interpellation d'un certain Bana Banki, le 24 juin 2013, non loin de Kolofata.

Présenté comme un recruteur de la secte Boko Haram au Cameroun, information confirmée par des sources proches du milieu de la secte, celui-ci a été cueilli en possession d'armes et environs 25 munitions. Au moment de son arrestation, le recruteur était en compagnie d'un adolescent de moins de 16 ans qu'il tentait selon les premières indiscrétions de l'enquête, d'enrôler dans la cellule. Les deux suspects ont été transférés le 29 juin 2013 à la légion de gendarmerie de l'Extrême-Nord, pour exploitation et pourraient rejoindre les autres dans la capitale.

Depuis le déclenchement de l'offensive de l'armée nigériane contre la secte Boko Haram, à la mi-mai 2013, nombre des membres de la secte a trouvé refuge à l'Extrême-Nord du Cameroun selon diverses sources aussi bien proches du milieu de la secte que des autorités camerounaises. Se mêlant aux réfugiés, ils entretiennent sur le territoire camerounais des cellules dormantes qui servent principalement à abriter les leaders de la secte et à fournir aux combattants les armes et¬ munitions, d'autant plus qu'il est difficile de plus en plus à la secte de se ravitailler sur les stocks de l'armée nigériane.

D'après de sources sécuritaires nigérianes, le marché des armes au Nord-Cameroun a rarement été aussi florissant que depuis le déclenchement de l'offensive de l'armée contre la secte. Celle-ci, indique-t-on, n'hésite plus à mettre la main à la poche pour acquérir des armes au Soudan et au Tchad. «La secte commande des armes auprès de petits et grands trafiquants qui s'approvisionnent au Soudan, au Tchad et en Centrafrique. Elle règle la note seulement une fois la commande livrée non pas au Nigeria, mais dans la région de l’Extrême Nord du Cameroun où elle dispose de magasins. Le prix d'une kalachnikov tourne en ce moment autour de 450.000 FCFA pièce», indique un responsable nigérian.

Le changement de contexte explique en grande partie le nombre élevé de saisie d'armes et de munitions ces dernières semaines dans la région de l'Extrême-Nord en même temps qu'elle témoigne de l'intense activité des trafiquants, lesquels n'hésitent plus à prendre de plus en plus de risques pour acheminer leurs marchandises à bon port. «Le plus difficile n'est pas d'acheminer les armes au Cameroun. Vu les prix pratiqués en ce moment sur le marché des armes, tout le monde prend des risques et je dois vous dire que ce n'est qu'une infime partie des commandes qui ont été jusqu'ici interceptées. La stratégie des trafiquants est de faire entrer les armes et les munitions en petites quantités pour ne pas subir de grosses pertes en cas d'interception de la marchandise», explique un officier camerounais en poste à Kousseri.

De fait, dans cette ville passoire, marché à ciel ouvert d'armes, seules des faibles quantités d'armes et de munitions ont jusqu'ici été saisies, et cela est l'œuvre des gabelous. La dernière, survenue dans la nuit du 14 juin 2013, est à mettre à l'actif des douaniers Yanne Dieudonné, Leku Taymkom, Abakar Ali et Mahamat Meali. «Les trafiquants font preuve de beaucoup d'ingéniosités dans la dissimulation des armes et des munitions. Ils n'hésitent pas à se servir de personnes handicapées, comme sur le pont Ngueli, pour faire traverser leurs produits», renseigne un gabelou en poste dans la ville. Récemment, le 28 avril 2013, 36 tenues de l'année, 04 chaussures rangers, 08 turbans, 03 portes chargeurs vides et six banderoles sur lesquelles étaient écrits des messages en arabe, avaient été saisis par des douaniers au pont Ngueli. La marchandise illicite était dissimulée dans un tricycle.

Les Nigérians, eux, boivent du petit lait car la hausse des prix sur le marché des armes est le signe qu'à l'intérieur du pays, les sources de ravitaillement de la secte tarissent peu à peu. Paradoxalement, cette situation est loin d'être une bonne nouvelle pour le Cameroun car elle augmente les risques à sa frontière. «A court terme, il faudra de plus grandes ressources financières à la secte pour maintenir son rythme d'achat d'armes. Qu'est-ce qui peut selon vous financer aisément la secte? Les rançons d'étrangers, des enfants de riches commerçants... Les camerounais doivent redoubler de vigilance», indique un expert nigérian.


06/07/2013
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