Kah Walla: "Pourquoi je claque la porte du SDF"

YAOUNDE - 25 OCT. 2010
© Guy Raymond Elokan | L'Anecdote
 
Démission définitive du Président du comité stratégique du Sdf du parti du chairman, annonce de candidature à la présidentielle de 2011, appel au soutien de la Communauté internationale, à la Société civile, projet de société avec appui de formations politiques nationales pour un Cameroun d'excellence. Kah Walla parle.
 
Les journalistes qui se sont rendus samedi 23 octobre dernier au complexe scolaire bilingue international « La gaieté » ont vu tous leurs doutes dissipés sur les différentes sorties et déclarations publiques de Kah Walla naguère membre du Social Democratic Front. Des sorties qui préfiguraient d'un séisme politique au sein de ce que l'on convient de nommer le plus grand parti d'opposition au Cameroun. Le journal L'Anecdote titrait alors en son édition n°490 « Kah Walla se désolidarise de Ni Jonh Fru Ndi ». L'analyse était-elle trop osée ? Que non ! Kah Walla l'a totalement affirmé aux yeux de tous « Je démissionne du Sdf ».

Deux raisons seront données. Une véritable entrée en matière de l'ordre du jour du face à face avec les hommes et femmes de média, plusieurs personnalités du monde diplomatique, politique et différentes autres couches sociales. Il s'agissait en effet d'une « communication politique » selon le billet d'invitation déposé dans les rédactions. « Je démissionne pour des raisons de principes et de stratégie et parce qu'une instance anti statutaire et illégale du Sdf a mené une procédure disciplinaire contre moi et a porté atteinte à mon intégrité » Mais bien plus, saluant l’assistance venue nombreuse assister à la « communication politique », Kah Walla annonce sa candidature à la magistrature suprême du pays. Salve de youyous et d'applaudissements. Et ce que l'on découvre, c'est aussi un slogan « The time is now ! ». Réponse tous azimuts de deux écrans portraits sur lesquels on pouvait lire; « Kah Walla 2011 the time is now ». Avait—elle nourri l'ambition du fauteuil présidentiel ou s'agit-il d'un coup de tête, l'ex présidente du comité stratégique du Sdf répond par la négative. « C'est une décision mûrie », affirme la promotrice de « Cameroun ô Bosso » qui ajoute pour convaincre: « J'ai parcouru ce beau pays qui est le nôtre, travaillant avec les femmes qui essaient d'emmener leurs produits sur le marché, avec les producteurs de cacao et de pommes de terre, j'ai formé des jeunes qui veulent obtenir un emploi, démarrer une entreprise, faire quelque chose pour créer de l'espoir dans ce pays qui leur donne si peu. J'ai travaillé avec des enseignants, des bendskineurs, des maires, des médecins et des chauffeurs qui ont tous du mal à exceller et faire leur travail dans un système qui est, trop corrompu et inepte pour le permettre. J'ai combattu aux côtés des commerçants et des pêcheurs quand ils luttent contre leurs propres moyens pour faire concurrence déloyale des grands acteurs internationaux. J'ai longuement discuté sur la question anglophone, la situation de nos peuples autochtones, les Bororos et les Bakas, la situation des personnes handicapées qui n'ont pas accès aux biens et à la plupart des services publics. J'ai analysé la division Nord- Sud et la question des minorités. J'ai parlé avec les personnes du troisième âge sur le fait qu'il n'existe pas de canaux pour eux de continuer à contribuer à la société. Il n y a pas de soin de santé adaptés, d'équipement, et d'encadrement communautaire pour les personnes âgées ». L'assistance est toute oreille. Dans son pantalon de couleur noire, surplombé par un haut moulant de couleurs vertes et sur l'épaule droite une écharpe aux couleurs du drapeau national, Kah Walla prend un air grave. « Il est l'heure pour le Cameroun de cesser d'être un pays où le pouvoir sert des élites privilégiées, en leur donnant le meilleur de tout: La meilleure eau dans le village, la meilleure voiture en ville, la plus grande maison sur la colline, les voyages de fantaisie à l'étranger », clame-t-elle. Des chuchotements emplissent la salle. Quelques esprits retors se posent la question de savoir à qui s'adresse la démissionnaire du Sdf. Mais plusieurs personnes présentes arborent des teeshirts sur les dossards desquels il est écrit : « Kah Walla for president ». Pour ces derniers, point de doutes, Kah Walla parle, le regard rivé vers le palais d'Etoudi en « colline ». Avec des gestes mesurés, la nouvelle candidate reprend avec haleine : « ll est l'heure pour le Cameroun de commencer à être une nation où le pouvoir appartient réellement au peuple. Un pays où le citoyen moyen peut faire entendre sa voix à la mairie, dans les services publics, à l'Assemblée Nationale, dans les tribunaux du pays. L'heure de décentraliser pour de vrai et permettre aux camerounais dans le village, dans la ville, dans la cité d'être celles et ceux qui décident sur la façon dont ils seront gouvernés, qui déterminent les décisions qui seront prises et qui récompensent ou sanctionnent ceux qui gouvernent sur la base des résultats qui ont été, produits ». Salve d'applaudissements et de commentaires dans la salle ponctués par le slogan « qu'elle heure est-il ? Réponse : Il est l'heure ! ». La nouvelle candidate continue son speech : « Il est l'heure pour le Cameroun de cesser d'être un pays qui est numéro 1 dans la corruption, numéro 1 dans la mauvaise gestion, numéro 1 à payer des sommes d'argents ridicules dans les grands hôtels du monde, numéro 1 dans l'incapacité de gérer ses talents en musique, en football ou en mathématiques... II est l'heure pour le Cameroun d'être la nation d'excellence qu'elle est supposée être. L'heure pour nous de jouer notre rôle de leadership, d'engin économique de l'Afrique centrale... ». Litanie non exhaustive ici. Mais Kah Walla Assure en avoir toute la bonne volonté. Un moment d'échange s'ensuit. Une question brise le silence. « Comme vous n'êtes plus avec Fru Ndi si on vous invite à participer au gouvernement. Quelle sera votre décision ? « Jamais ! » Clame Kah Walla. Et la fille du Sud-ouest termine: « Nous devons faire de 2011, l'élection du peuple et nous assurer, de nous-mêmes, que le système fonctionne et que chaque voix compte. Et s'adressant à l'auditoire « Nous devons construire une machine de campagne autour de cette candidature qui est dynamique, imparable, excellente, comme la nation que nous avons l'intention de construire. Nous devons abolir la peur, nous impliquer et exercer notre pouvoir : Chaque femme, chaque homme, les jeunes et les personnes âgées, francophone, anglophone et pidginophones de tous les coins du Cameroun, les chrétiens, les musulmans et les religions traditionnelles, riches et pauvres (...) c'est notre paix et notre prospérité qui est sur la balance ».

Les dés sont désormais jetés, le vin est tiré, il faudra le boire pour la nouvelle candidate. Avec à la clé, un certain « Yes I Can ».


INTERVIEW: Kah Walla, désormais candidate pour Etoudi

Qu'est-ce qui vous a poussé réellement à une candidature pour la présidentielle 2011. Est-ce le sentiment d'un probable échec de l'opposition qui se dessine ?

Non ! Je cois que ce qui me pousse à la candidature présidentielle, c'est la situation dans laquelle le Cameroun se trouve et le fait que je pense pouvoir apporter des solutions à cette situation là. D'un. Et de deux, j'ai suscité un espoir auprès les camerounais qu'ils me transmettent et qui me disent d'aller de l'avant et jusqu'au bout pour 2011.

Une opinion pense que votre exclusion au sein du Sdf était imminente et vous avez décidé de prendre les taureaux par les cornes. Partir avant...

Non Je crois que la démission est beaucoup plus portée sur la stratégie par rapport aux élections. Je le dis, la stratégie qu'a le Sdf est à mon avis incomplète. Moi j'aimerais travailler sur une stratégie qui à la fois travaille sur les réformes électorales et de l'autre côté, engage pleinement les camerounais. Et ma position par rapport à çà, mes déclarations publiques par rapport à l'inscription sur les listes électorales a crée beaucoup de trouble pour le Sdf et je crois que le parti n'est pas prêt aujourd'hui à évoluer vers cette position là et Jonc j'estime comme je suis fermement convaincu que c'est la direction à prendre, qu'il faut que je prenne les ailes pour pouvoir mettre en œuvre pleinement cette stratégie.

Candidate à la présidentielle, vous aurez face à vous on peut l'imaginer, monsieur Paul Biya et monsieur Ni John Fru Ndi. Qu'est-ce qui pourrait fonder que les Camerounais qui seront face à un choix puissent aller vers vous ?

Je crois que ce serait très claire, monsieur Paul Biya c'est 28 ans d'échecs, 28 ans qu'il nous met le pays dans la situation que j'ai décrit tout à l’heure. 40% de la population en pauvreté, une personne sur deux qui n'a pas d’électricité, deux sur trois en zone rurale qui n’a pas d'eau potable, je suis sure et certaine d’une chose, les camerounais ne veulent pas continuer avec ça! En ce qui concerne la possibilité sur le Sdf, je ne voudrais pas prévoir parce que le Sdf a beaucoup moins un candidat naturel. Mais je pense qu'à mon niveau, il y a un certain nombre d'arguments qui parlent de manière très très forte. Il y a l’argument de la capacité technique, de la maîtrise des dossiers macros du pays, il y a l'argument de connaître la base, avoir travaillé à la base, avoir résolu les problèmes à la base et à la fois une connaissance du monde sur le plan global et contacts un peu partout dans le monde, et contacts à de très hauts niveaux : politiques et économiques qui seront très utiles pour le Cameroun. Mon histoire personnelle, si j'ai pu travailler avec des femmes commerçantes et les amener jusqu'à New-York, je crois que ça c'est la preuve de ce qui est possible pour le Cameroun tout entier.

Il y a la problématique d'avoir une assise nationale. Votre candidature n'arrive-t-elle pas un peu tard peur 2011 ?

Absolument pas ! Je crois que nous sommes... .Je suis connue beaucoup plus sur le terrain que vous ne le pensez, j'ai travaillé dans neuf provinces sur dix au Cameroun, je connais les personnes à la base et je crois que j'ai tous les moyens pour gagner en 2011.

Allez-vous utiliser un lobbying ?

La dynamique que nous créons est ouverte à tout le monde. Elle est ouverte à des formations politiques à des organisations de la société civile que nous pensons pour cette fois-ci pour 2011 ont besoin de s'impliquer fortement pour prôner le changement que nous désirons et nous nous appuyons aussi beaucoup sur les individus sur les personnes, chaque camerounais doit s'impliquer dans cette dynamique pour le changement en 2011.

Qu'est-ce que Kah Walla apporte aujourd'hui aux camerounais qui peut susciter espoir d'un changement ?

Kah Walla apporte une vision. Premièrement, compléter le transfert de pouvoir que nos ancêtres ont commencé au moment des indépendances. Ils avaient une vision d'une indépendance politique, économique, culturelle. Nous avons besoin d'achever ce travail. Il est inachevé 50 ans après. Deuxièmement, nous avons besoin d'utiliser cette force que nous ont légué nos ancêtres pour bâtir un pays moderne avec des systèmes d'infrastructures de santé, d'éducation de l'économie qui répondent à plus grandes normes internationales. Nous sommes capables de le faire, nous avons toutes les ressources pour le faire, il suffit tout juste de la volonté politique et du management dans ce pays.

Le constitutionnel, la force de l’exécutif sur le législatif comment allez vous résoudre la problématique ?

Les camerounais connaissent tous les problèmes que nous avons, les difficultés dans lesquelles nous nous sommes mises depuis 50 ans...et nous allons nous y atteler pas à pas. On ne va pas tout faire au même moment, résoudre tous les problèmes. Toutefois, nous sommes capables de nous y mettre, réforme constitutionnelle, réforme électorale en même temps, nouvelles stratégies économiques avec un leadership en ce qui concerne notre économie sur le plan sous régional et aussi la décentralisation pour nous permettent d'avoir des services de base qui nous permettent d'être au service des camerounais et des camerounaises.

Quels sont désormais vos rapports avec Fru Ndi ?

Cordiales. J'ai eu monsieur Fru Ndi au téléphone; on n’a pas de friction entre nous à ce que je sache. Qu'on arrête de lier les prises de positions à des personnes.

Madame Kah Walla merci

Merci


27/10/2010
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