Justice: Laurent Esso crée des prisons fictives

YAOUNDÉ - 29 Mai 2012
© Jean-Bruno Tagne | Le Jour

Le ministre de la Justice, Laurent Esso, a créé de nouveaux lieux de détention qui ne sont pas physiquement localisés.

Yaoundé – Douala: Où sont les prisons secondaires?

Vendredi 25 mai dernier, quelques heures avant le transfèrement brutal de Polycarpe Abah Abah, Marafa Hamidou Yaya et Yves Michel Fotso de Kondengui aux cellules du secrétariat d’Etat à la Défense, le ministre de la Justice, Laurent Esso, a publié deux arrêtés presque passés inaperçus. Le premier crée des «prisons secondaires» dans les villes de Yaoundé («arrondissement de Yaoundé VIe») et de Douala («arrondissement de Douala Ier»).

Le deuxième arrêté du ministre d’Etat Laurent Esso nomme les régisseurs de ces prisons secondaires: à Yaoundé, Médard Koalang Bomotoliga, cumulativement avec ses fonctions de régisseur de la prison centrale de Kondengui, et à Douala, Dieudonné Engonga Mintsang, cumulativement avec ses fonctions de régisseur de la prison centrale de New-Bell.

Où sont physiquement logées ces prisons secondaires de Douala et Yaoundé ? L’arrêté du ministre de la Justice est muet à ce sujet. Dimanche soir, au cours de l’émission Scènes de presse de la Crtv, le présentateur, citant « une source officielle » non précisée, a affirmé que la prison secondaire de Yaoundé sera logée dans les locaux du secrétariat d’Etat à la Défense.

Joint au téléphone hier, le régisseur de la prison centrale de Douala nouvellement nommé à la prison secondaire de la même ville, dit ne pas savoir où elle sera logée. «C’est peut-être dans les prochains jours qu’on nous le dira», a-t-il confié. Une réunion de sécurité a par ailleurs eu lieu hier à Douala, réunion à laquelle le régisseur prenait part, aux côtés de tous les services de sécurité de la ville. A Kondengui, l’on n’est pas plus renseigné sur le lieu où sera logée la prison secondaire de Yaoundé.

L’incarcération de Abah Abah, Fotso et Marafa au Sed, a suscité une levée de boucliers, non seulement des avocats, mais également des militants des droits de l’homme. Tous dénoncent l’illégalité de cette initiative. Les prisons sont placées sous l’autorité du ministre de la Justice à travers sa Direction de l’administration pénitentiaire, alors que le secrétariat d’Etat à la Défense est sous l’autorité du secrétariat d’Etat à la Défense chargé de la Gendarmerie. Qui donc contrôlera ces prisons secondaires si elles sont désormais logées dans des camps militaires?

Selon les avocats de ces accusés, le transfèrement de leurs clients au Sed pose un problème pratique. Depuis trois jours, ils n’ont pas accès à leurs défenseurs. Bien plus, ajoutent-ils, les militaires, contrairement aux gardiens de prison, ne sont pas formés pour garder des prisonniers. Ils sont réputés rudes, ce qui annonce des jours difficiles, croient-ils savoir, pour leurs clients.



29/05/2012
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