Justice: Au tribunal pour avoir exigé la démission de Paul Biya

YAOUNDÉ - 03 Juillet 2012
© Georges Alain Boyomo | Mutations

Accusés de «tentative d’insurrection», Abba Aboubakar, Cyprien Olinga, Michel Bouba, Adoueme Befegue et Roy Nyamsi seront jugés au Tgi du Mfoundi.

Le 22 mai dernier, le juge d’instruction David Toulepi a bouclé l’information judiciaire relative à l’affaire des 8 leaders politiques interpellés le 20 février 2011, et gardés pendant quelques jours au secret par la police, pour «tentative d’insurrection en coaction», dans la foulée de la commémoration du 3e anniversaire des émeutes de février 2008 au Cameroun. Après différentes auditions, le magistrat instructeur indique dans l’ordonnance de non lieu partiel et de renvoi devant le Tribunal de grande instance du Mfoundi (Tgi), Chambre criminelle, qu’il n y a pas lieu, «faute de charges» de poursuivre en justice Tientcheu Patipe Jean Bernard, acteur de la société civile résidant à Douala, Dibonji Bruno, militant du Rassemblement républicain et démocratique du Cameroun (Rrdc) et Essomba Urbain Liboire, contractuel d’administration résidant à Yaoundé.

En revanche, le juge David Toulepi retient des «charges suffisantes» contre Abba Aboubakar, président national de Révolution camerounaise du peuple uni (Rcpu), Aimé Cyprien Olinga président du Front démocratique révolutionnaire (Fdr), Michel Bouba, président du Rrdc, Adoueme Befegue, secrétaire général du Rcpu et Roy Nyamsi Fimbia, militant du Rrdc. Ces leaders sont accusés d’avoir «commis le crime de tentative d’insurrection en coaction».


Manipulation

Rappel des faits: le 20 février 2011, des policiers en service à la Direction de la surveillance du territoire (Dst) interpellent au quartier Messa, au siège d’un syndicat de transporteurs, 8 leaders qui sortaient d’une concertation en vue de l’organisation de manifestations populaires à Yaoundé et Douala visant à «exiger la démission de Paul Biya de ses fonctions de président de la République du Cameroun». Ces leaders motivaient leur démarche par la non-mise en place des institutions prévues par la Constitution en vigueur, notamment le Sénat, le Conseil Constitutionnel et la Haute Cour de justice, la préparation d’une «élection présidentielle tronquée» en faveur de Paul Biya et la «violation flagrante des lois privant certaine population de leur représentation nationale».

Ils exigeaient ainsi un dialogue avec le gouvernement, avant le 23 février 2011, faute de quoi «le peuple revendiquerait, comme en Tunisie, ses droits bafoués». Le boulevard du 20 mai devait abriter les manifestations populaires à Yaoundé, «le front de Douala devant être conduit par Mboua Massock, Anicet Ekane et Kah Walla».

Réagissant à cette ordonnance du juge David Toulepi, Abba Aboubakar estime que cette «action judiciaire (…) est dénuée de tout fondement pour défaut de preuves matérielles relatives aux chefs d’accusation» retenus contre lui et les autres leaders politiques et syndicaux interpellés. Le président du Rcpu dénonce également «l’acharnement» contre sa personne, ce d’autant plus que le 02 avril dernier, le juge David Toulepi s’est opposé par voie d’ordonnance à la restitution de ses biens, voiture et téléphones portables, saisis et placés sous scellés après sont interpellation en février 2011. Selon ce magistrat, «la rétention desdits effets est encore nécessaire à la manifestation de la vérité». Abba Aboubakar, qui a appelé à voter Paul Biya à la dernière élection présidentielle, accuse du reste le chef de l’Etat de «manipuler les services de sécurité et judiciaire contre ses contradicteurs politiques».




03/07/2012
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