Jules Frédéric Nyongha : Denis Lavagne n’a jamais été accepté par les supporters et les joueurs

Cameroun -  Jules Frédéric Nyongha : Denis Lavagne n’a jamais été accepté par les supporters et  les joueursL’ancien sélectionneur des Lions parle de l’instabilité des sélectionneurs du Cameroun  et explore les pistes pour éliminer le Cap-Vert.

A quoi est du l’instabilité chronique sur le banc de touche de Lions au niveau des sélectionneurs ?
Plusieurs facteurs militent en faveur de cette instabilité des coachs à la tête des Lions. La longévité d’un ministre des Sports est directement liée aux résultats des Lions indomptables. Il y n’a qu’à faire le compte pour se rendre à l’évidence que le sort des entraîneurs est lui aussi liée à celui du ministre ou inversement. A la suite d’un mauvais résultat, surtout une non qualification de l’équipe, le ministre est éjecté parfois même sans qu’il ait eu le temps de virer le coach, pour mauvais résultat. Le ministre entrant quant à lui conseillé par une foule de personnes sauf par celles en mesure de lui donner la bonne information, forme son équipe et recrute un entraîneur à tout vent et ainsi de suite.
Il est certain que rien de sérieux ne peut se construire dans l’instabilité. Les entraîneurs en charge de l’équipe nationale n’ont guère que des missions à court terme en relation avec un résultat immédiat. Jamais mission n’a été confiée à un entraîneur de bâtir une équipe opérationnelle car cela demande toujours beaucoup de temps.
Que de fois avons nous assisté au scenario ou l’équipe est qualifiée à une Can ou une Coupe du monde par un entraîneur qui se voit déposséder de l’équipe au bénéfice d’un nouveau venu, généralement cela se passe en moins de deux ans. Dans ce contexte les résultats ne peuvent qu’être mauvais entraînant automatiquement comme s’est le cas chez nous le licenciement de l’entraîneur et même parfois du ministre. C’est pourquoi en l’espace de deux ans, l’on peut compter trois entraîneurs à la tête des Lions.

Pouvez-vous être précis…
En plus, on ne prend pas toujours le temps de choisir l’entraîneur qui correspond aux besoins réels des Lions, résultat on passe à côté des objectifs fixés, entraînant le départ de celui ci. Pourtant il existe depuis un certain temps une Direction technique nationale ( DTN) supposé être composée d’entraîneurs de haut rang auxquels devrait être confié au préalable la tache de proposer le profil de l’entraîneur dont  a besoin l’équipe et d’aller à la recherche de celui-ci, pour en faire des propositions à la hiérarchie. Or que se passe t-il généralement ? Je ne veux pas dire que cette mission est confiée aux néophytes qui ne voient derrière cette opération que leurs intérêts souvent à l’opposé des besoins réels de l’équipe. Conséquence le mauvais résultat est vite arrivé et le coach est viré.

Avec le retard de deux buts sur le Cap-Vert, les Lions de Jean Paul Akono peuvent-ils renverser la vapeur et se qualifier pour la Can 2013 ?
Au football tout est possible. L’équipe du Cameroun minable au match aller peut se révéler redoutable lors du match retour et arracher la qualification. Elle peut tout simplement gagner sans pour autant se qualifier, comme elle peut tout simplement faire jeu égal. Un retard de deux buts n’est pas insurmontable quand on sait que le Cameroun des beaux jours a réalisé plus d’une fois un exploit. La question est de savoir si notre équipe de ces derniers temps en est capable. Tout dépendra à la fois des joueurs, de leur envie et de leur détermination à vouloir renverser la vapeur, et de l’entraîneur qui malgré tout part avec un handicap qui ne saurait négliger. Il connait peu cette génération de joueurs et voudra sans doute s’entourer d’une bonne fourchette d’anciens. Le temps de préparation joue contre lui pour pourvoir asseoir une équipe bâtie selon ses aspirations.
Comment s’il n’est pas aidé par l’Etat, résoudre en si peu de temps et si tardivement une situation de tension et autres divisions que nous connaissons à l’intérieure de l’équipe. L’union sacrée peut –elle se passer des mascarades et tromperies d’autant pour être quelque chose de réel. Pourquoi  faut-il que l’on pense aux solutions que lorsque l’équipe a le dos au mur ? L’amateurisme que déplore Assou-Ekotto a –t-il trouvé remède au sein du groupe. Pourtant il y a un match et le  Cameroun se doit de passer le cap, mais comment ?

Comment justement Jean Paul Akono doit-il procéder pour réussir sa mission ?
Difficile à dire et surtout à détailler car, il s’agit d’un ensemble d’actions que difficilement Akono à lui tout seul peut dans ce laps de temps résoudre. Ce sont des problèmes d’ordre technique et tactique certes, mais surtout relationnels car il faut pourvoir réussir cette réconciliation devenue si familière en période de crise  chez-nous. La mobilisation générale et totale est nécessaire et pas peut être l’apanage d’Akono seul, qui en ce moment à plus à résoudre les problèmes de choix de joueurs et des problèmes technico-tactique qu’autre chose. Le Cameroun, c’est le Cameroun  a dit le chef suprême et rien n’est impossible. Autre chose, contenir l’attaque  de cette équipe Cap-Verdienne qui s’est montrée très dangereuse parce que disposant d’une force offensive évidente. L’entraîneur qui est très averti saura certainement faire jouer pour marquer trois buts et n’en encaisser aucun.

Est-il nécessaire de négocier le retour de Samuel Eto’o au sein des Lions indomptables ?
On ne peut avoir un joueur de ce talent, un des meilleurs du monde et se passer de ses services. L’idéal serait de l’avoir et c’est possible, bien qu’à son avis il traine une sorte de ressentiment vis à vis de ses coéquipiers que j’estime l’on trahi dans leur mutisme. Cependant Eto’o reste quelqu’un de très responsable, un grand patriote qui l’a prouvé à maintes occasions. On peut simplement regretter que des démarches allant dans ce sens de l’apaisement s’entament précisément au moment ou nous avons le dos au mur alors qu’il fut plausible pendant les mois de suspension d’Eto’o d’envisager cette mobilisation dont nous entendons dire être envisagée à ses trousses. Le choix de ses envoyés a-t-il été bien fait ?

Ce n’est plus en secret pour personne, Samuel Eto’o et Rigobert Song Bahanag se détestent. Comment doit-on procéder pour réconcilier ces deux grandes figures du football camerounais ?
Parler de mésentente entre Eto’o et Song comme vous le dite me semble bizarre pour deux amis de longues dates, pour deux frères dirais-je que j’ai eu mon temps en équipe nationale présenté comme exemple de bonne entente. Qu’est ce qui a  bien pu arriver si vraiment quelques chose il y a ? Ceci nous nous ramène à l’après Coupe du monde 2010 où il s’est dit tant de choses sans que l’essentiel en ait été dit, essentiel qui aurait contribué à dissiper ce genre de situation hélas préjudiciable à l’équipe. Une fois de plus nous revoici dos au mur et c’est à ce moment  là que l’on se souvient qu’il y a problème et qu’il faut l’arranger, alors qu’il y a plus de deux ans que l’on est supposé savoir qu’il y a problème entre les deux, si vraiment problème il y a. Ceux qui en parlent savent sans doute de quoi ils parlent et il serait grand temps que cette situation soit aplanie.

Le coach Denis Lavagne  a laissé plusieurs chantiers de la reconstruction des Lions en suspens. Qui a, selon vous, le profil pour remplacer Géremi Njitap comme latéral droit ?
Depuis le départ de Géremi à la retraite, le poste de latéral droit connait beaucoup de problèmes. Ce poste avec la force, l’intelligence et le savoir faire de Géremi était stratégiquement l’une des grandes forces de l’équipe et tous les joueurs  le savaient. Il suffisait alors pour neutraliser les Lions, de museler Géremi et du coup l’équipe était en danger. L’équipe se doit aujourd’hui de changer de stratégie en octroyant aux latéraux de ces jours des rôles qui correspondent à leur profil, leur capacité et à leur talent plutôt que de vouloir en faire des Géremi. Il faut rebâtir une défense dans laquelle on trouverait des joueurs chevronnés et hautement compétitif, en donnant à chacun de ces nouveaux la latitude de s’exprimer à fond à son poste au niveau de son talent et de ses capacités.

Comment réinventer le milieu de terrain des Lions qui jouent depuis un certains temps rien qu’avec les joueurs à tempérament défensif ?
Les options tactiques peuvent conduire un coach à n’aligner que des milieux défensifs. C’est par exemple le cas lorsqu’on a acquis un avantage certain en match à domicile (le cas par exemple du Cap-Vert). Ceci peut aussi arriver au cours d’un match qu’on joue avec un milieu défensif et un offensif et que pour des raisons d’étendre davantage le milieu de terrain on ne mette que des milieux de terrains à vocations offensives.

En attaque l’on remarque que les Lions jouent très souvent avec des avant-centres de métiers sur les ailes, tels Yannick Ndjeng, Vincent Aboubakar ou Benjamain Moukandjo. Est-ce la solution pour se créer davantage des occasions de buts ?
L’avant centre est un joueur de précision, très habile dans les espaces réduit et qui a rarement l’occasion d’avoir à courir sur 20 mètres balle au pied dans l’axe de buts. Fort de ceci, il serait souhaitable de ne faire de substitution  que si l’on est en panne au niveau d’un poste de manière à donner au joueur la plénitude de ses moyens d’expression et de production. Claude Leroy avait si bien l’habitude  de dire en pareille circonstance : « On a beau faillir les oreilles de l’âne  en piste, il ne sera jamais un cheval de course ». C’est dire que votre avant-centre ne fera pas  véritablement un ailier  de métier.

Pour revenir au match capital du 14 octobre. Comment doit-on faire pour mobiliser davantage les Camerounais autour des Lions ?
Denis Lavagne n’a jamais été accepté par les supporters et je dirais même par les joueurs, mêmes s’ils avaient à eux leur façon de le faire savoir. Celui-ci parti, le public peut revenir pour voir ce que va apporter Akono. La présence de certaines figures emblématiques mises au « frigo » peut susciter la curiosité du public à venir nombreux.  La foi inébranlable qu’on certains pour cette équipe les amènera au stade. Cependant attention au revers de la médaille, je n’ose pas penser à ce qui pourrait se passer si…

© Mutations : Emile Zola Ndé Tchoussi


27/09/2012
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