Joseph Marie Eloundou :Le fonds monétaire international : bouc émissaire de l’incompétence et d’une politique chaotique

Le  fonds monétaire international : bouc émissaire de l’incompétence et d’une politique chaotique

L’acteur social plaide pour l’internalisation  de notre économie

Un proverbe bien connu de chez nous nous dit que lorsqu’on tombe, il vaut mieux regarder là où on s’est cogné le pied et non point là où on s’est étalé. Un autre adage, toujours de chez nous dit que lorsque le maïs ne pousse pas, il accuse la proximité du concombre.

 Nous avons parcouru avec attention les avis des leaders de la Société civile camerounaise concernant les relations entre notre pays et le FMI. Leurs postures bien que majoritairement très pertinentes, empruntes de nationalisme ont parfois péché par leur d’enthousiasme. Nous invitons les uns les autres à jeter sur un regard froid sur le rétroviseur de l’économie camerounaise.

      Au commencement était Amadou Ahidjo, le libéralisme planifié, les plans quinquennaux de développement, le développement autocentré et bien entendu un pouvoir politique fort, centralisé que d’aucuns n’hésiteront pas à qualifier de dictatorial.

    Ce pouvoir a conduit le Cameroun moderne et indépendant de 1960 à 1982. Au cours de cette période, le pays connaît une véritable croissance économique doublé  d’une relative prospérité. Le Cameroun est parmi les premiers pays producteurs mondiaux de produits tropicaux. La plupart des dragons d’Asie et les pays émergents actuels sont à cette époque sinon au même niveau de développement que le Cameroun, parfois même en dessous de notre pays. Les paysans sont parfaitement encadrés par l’ONCPB, le pays affiche des ambitions agro-industrielles visibles. Un tissu industriel embryonnaire mais cohérant présage d’une puissance potentielle à venir ; c’est ce qui fera dire à Paul BIYA qu’il a hérité d’un pays prospère. Il en est tellement fier qu’il nargue l’occident en disant que le Cameroun n’est la chasse gardée de personne et que nous n’irons pas au Fonds Monétaire International. Mais que s’est-il donc passé pour que nous nous retrouvions pris dans les fourches de ces « impitoyables usuriers » ?

 Tout le monde connaît l’historique de la naissance du FMI et de la Banque Mondiale, que l’on regroupe généralement sous le générique des institutions de Brettons Wood, en souvenir du lieu qui les a vu naître. Elles arrivent au monde avec pour mission de financer l’économie des pays membres, tout en contrôlant les monnaies et le commerce, c’était en 1944. Paul BIYA n’a alors qu’environ 11 ans et le Cameroun est sous tutelle. Nous ne sommes donc pas concernés à cette époque-là. Brutalement sans trop comprendre ce qui s’est passé, l’on constate au milieu des années 80 que les caisses de l’Etat camerounais sont vides et que l’Etat est en cessation de payement. Convenons donc que le FMI n’y est pour rien. Quelqu’un n’avait pas dit la vérité ou alors Paul BIYA avait été victime d’une illusion de prospérité. Autre hypothèse son régime avait- il pillé les caisses de l’Etat en quelques années ? Une enquête approfondie devra nous donner la situation de références de l’époque. Toujours est-il que la dégringolade économique du pays est tellement violente que même les amis du Cameroun en tête desquels la France ne peuvent rien pour lui et lui conseille d’aller au FMI.

    Alors, quand vous allez chez un médecin, selon le degré de votre maladie il vous conseille une thérapie et vous l’applique  généralement avec votre accord, pour peu que vous soyez encore conscients. Le diagnostic du Fonds fut sévère : dépenses trop élevées de l’Etat, effectifs pléthoriques, acquisitions de luxe, loyers exorbitants, détournements des deniers publics, entreprises parapubliques budgétivores, véritables vaches à lait,  fonctionnant sans obligation de résultat. La thérapie du FMI est fort simple et connu de tous. Si vous voulez obtenir un peu d’oxygène ; programme d’ajustement structurel et plus tard initiative PPTE. Il est important de souligner que cet événement coïncide avec la grande mutation idéologique qui consacre la victoire du capitalisme et du néolibéralisme. Disposions – nous alors des compétences nécessaires ? Tous nos agrégés et intellectuels de cette époque n’étaient-ils que les caisses de résonance du néo impérialisme ?  

    Cela a duré plus de deux décennies, au détriment des classes sociales défavorisées.

            En effet entre temps, par le biais du processus de privatisation/liquidation de l’économie camerounaise, l’on a bradé ce que le pays avait encore d’entreprises viables.  Cette vaste braderie scandaleuse s’est produite au profit d’un petit groupe. C’est au cours de cette période que sont nés les quartiers SANTA Barbara  et KOWEIT CITY à Yaoundé  Denver à DOUALA sans compter les innombrables châteaux de mille et une nuit généralement inhabitées qui ornent les villages des dirigeants et hommes d’affaires camerounais. Drôle de crise économique que celle-ci, se caractérisant par l’expansion du secteur de l’immobilier. La traversée du désert de notre pays, rythmée par un programme d’ajustement mettant en avant le remboursement de la dette extérieure, revêtu de l’appellation Programme Economique et Social de l’Initiative PPTE, va s’achever par l’Atteinte du Point d’achèvement.

 Nous voici à nouveau dans une relative embellie. Que fait - on des fonds issus de l’allègement de la dette ? Le Fonds Monétaire International  a quoi à voir avec les détournements massifs actuels. La classe politique et la Société civile une fois de plus regarde du mauvais côté.

Voici à nouveau la crise économique chez nous. Que faut-il faire ? Elle se manifeste cette fois-ci de par la mévente de nos principaux produits d’exportation. Ceci est plus grave que la chute des cours des années 80. Cette fois-ci, il n’y a pas de recettes du tout. Même les salaires risquent de plus être payés. Si on s’en tient à l’entretien d’ESSIMI MENYE avec RFI, nous repartons au FMI pour un nouveau cycle de la dette ? On prend les mêmes, on recommence. Cette nouvelle crise – si des mesures concrètes d’urgences ne sont pas prises-  va engendrer des désordres sociaux extrêmement grave qui peuvent aller jusqu’à la déstabilisation du régime en place. Attention.

Après avoir payé la dette extérieure a-t-on songé à solder la dette intérieure pour relancer la consommation ?  On dira tout ce qu’on veut du FMI, c’est tout de même lui qui a permis que les fonds dilapidés en ce moment soient disponibles.

 Le Comité National de Lutte contre l’Inertie exige qu’une politique consensuelle soit conçue et mise en œuvre.  Une politique économique pragmatique. Susceptible à court, moyen et long terme de juguler le chômage. On doit se poser les bonnes questions. On commence par quoi ? Entre l’acquisition d’un véhicule  - on parle de 300 millions - qui chasse les opérateurs de l’informel en leur envoyant de l’eau salée et le recyclage de ces opérateurs dans la pisciculture qu’est ce qui est prioritaire ? Entre les fleurs à la Poste centrale,  les restaurants de luxe dans des clôtures, les pavés sur les trottoirs qui coûtent des centaines de millions, ne bénéficiant qu’à quelques  « amis » et membres de la famille, et une agriculture mécanisée que faut-il choisir ? nous militons pour l’internalisation de notre économie.



14/04/2009
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