Jean-Paul Akono: «Le brassard doit revenir à un ancien joueur titulaire»

DOUALA - 17 SEPT. 2012
© C. T. | Le Messager

"c’est un secret de Polichinelle que de dire aujourd’hui que la sérénité c’est ce qui manque le plus dans la tanière. Je pense que l’une des actions prioritaires du staff que je dirige désormais c’est d’essayer, ne fusse qu’avec ce que le temps de préparation nous le permet, de remettre de l’ordre dans cette maison."

Comment avez-vous accueilli la nouvelle de votre nomination ?

J’avoue que ça été quand même l’objet d’une surprise parce que la nouvelle est tombée jeudi (13 septembre 2012 Ndlr) au journal radio parlé de 20 heures. J’avais été reçu par le ministre des sports et de l’éducation physique et sportive à 17 h moins; il me l’a annoncé mais m’a recommandé discrétion en attendant que les choses s’officialisent. Dans ma tête je pensais donc que l’officialisation de cette décision pouvait se faire même le lendemain. A ma grande surprise, des gens m’appellent à 20h pour me féliciter pour avoir été fait entraîneur sélectionneur des Lions. C’était d’abord l’effet d’une surprise agréable puisque je ne m’attendais pas à ce que ça tombe le même jour, même si avant j’ai été consulté. Le moment n’est visiblement pas le plus propice avec une tanière au bord de l’implosion marquée par des crises sans précédent.


Vous êtes appelé à ramener la sérénité dans ce groupe. Est- ce que ce défi vous fait peur ?

Vous savez, c’est un secret de Polichinelle que de dire aujourd’hui que la sérénité c’est ce qui manque le plus dans la tanière. Je pense que l’une des actions prioritaires du staff que je dirige désormais c’est d’essayer, ne fusses qu’avec ce que le temps de préparation nous le permet, de remettre de l’ordre dans cette maison. Que nous puissions aplanir les différends et tirer un trait sur le passé pour s’occuper du Cameroun qui est un peu à terre afin de relever cette équipe en se qualifiant d’abord le 13 octobre prochain pour la phase finale de la Coupe d’Afrique des nations 2013. Là-dessus il n y a pas à hésiter, c’est un devoir national, un devoir patriotique auquel toute personne qui se sent vraiment Camerounais ne saurait refuser un tel défi.

Il ne manque plus que quelques jours avant le match du 13 octobre et le facteur temps joue en notre défaveur, quels sont les chantiers immédiats du coach que vous êtes ?

Ce sera d’abord de faire cette approche pédagogique auprès des joueurs, leur tenir ce discours que je viens d’évoquer plus haut. Je compte d’ailleurs les rencontrer individuellement et là-dessus la hiérarchie est d’accord. Il ne reste qu’à finaliser certaines petites modalités pour que cela puisse se réaliser.


Quels sont ces joueurs ?

Je vais rencontrer Samuel Eto’o, Benoît Assou-Ekotto, Nicolas Nkoulou, Alexandre Song, Jean Armel Kana Biyik, Idriss Carlos Kameni et Jean II Makoun. Avec certains de ces joueurs, nous discuterons de leur retour en sélection et pour d’autres de la question du capitanat qui, pour ma part, ne me semble pas être un problème aussi grave que cela mais plutôt une question de logique. Je leur ferais entendre et comprendre cette logique.


Est-ce que reparler de ce brassard tant querellé ne serait pas remuer le couteau dans la plaie ?

Pas du tout. Je ne pense pas que le problème de capitanat soit à l’origine des problèmes au sein de l’équipe nationale même si on a voulu en faire un. Je pense que le capitanat respecte une certaine logique et par conséquent le brassard doit toujours revenir à un ancien qui est sur le terrain donc un joueur qui est titulaire. Un ancien qui a le respect des autres, qui peut être valablement la courroie de transmission ou le relais entre les joueurs et le staff technique et les dirigeants. C’est cela qui me semble être le rôle d’un véritable capitaine. Tout ce que je ferais c’est de rétablir l’ordre des choses.


Le ministre des sports vous a-t-il signifié la durée de votre contrat?

Pour tout vous dire, on n’a pas parlé de contrat puisqu’il y a une mission très précise qui nous a été assignée : celle de qualifier les Lions le 13 octobre face au Cap-Vert. Le reste, on verra. Si la mission du 13 est positive, je le souhaite du fond du cœur et je crois que c’est le souhait de tous les Camerounais, on pourra voir l’avenir avec plus d’optimisme. Pour le moment, rassurez-vous, je n’ai posé aucune condition car c’est d’abord la défense des couleurs du Cameroun qui est mise en avant.


Le 13 octobre prochain, le Cameroun devra remonter la pente contre le Cap-Vert en inscrivant trois buts sans en encaisser un. Êtes-vous conscient du « cadeau empoisonné » qu’on vous a donné ?

(Il sourit). Cadeau empoisonné, c’est peut être trop dire mais c’est bien de relever tout cela. Il faut savoir prendre des risques comme notre métier d’entraîneur sélectionneur nous l’oblige à chaque fois. On ne peut rien faire de bien si on ne veut pas se jeter à l’eau ; il faut être capable de prendre des décisions et de les assumer quels qu’en soit les résultats. Je crois que si le chef de l’Etat a jeté son dévolu sur ma modeste personne, c’est qu’il a trouvé que j’étais peut-être l’homme de la situation. Et en tant que tel, je dois me battre pour relever ce grand challenge. C’est vrai que cette responsabilité est beaucoup plus sur le terrain. Et quand je parle de terrain, cela incombe d’abord aux joueurs car ils doivent savoir à tout moment qu’ils sont avant tout des Camerounais et qu’ils doivent faire converger toutes leurs énergies pour leur pays et mettre de côté les quelques petits désaccords qui les opposent.


Est-ce que depuis l’annonce de votre nomination à la tête de la sélection nationale, les responsables de la Fécafoot vous ont adressé des lettres de félicitations ?

Je ne pense pas que recevoir ou non des félicitations de la part des responsables de la Fécafoot est un problème en soit. Quoi qu’il en soit, nous sommes condamnés à travailler ensemble et je crois qu’eux-mêmes ont accepté cette décision et sont désormais prêts à collaborer pour le bien de l’équipe nationale.


Vous ne répondez pas à la question coach…

Certainement que d’ici là, ils le feront. Peut-être d’aucuns l’ont même déjà fait par sms et que je ne m’en sois pas rendu compte parce que ma boîte de réception de messages est pleine à craquer. Je vous l’ai dit, cela ne devrait pas constituer un problème ; certains l’ont sans doute fait et je suis sûr que la plus haute personnalité de l’instance faîtière de notre football le fera également.

Entretien avec C.T.



17/09/2012
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