Javier Clemente: "Je ne suis pas un raciste"


YAOUNDE - 30 AOUT 2010
© Ateba Biwolé | Le Jour

L’intégralité de la conférence de presse du nouvel entraîneur des Lions vendredi à l’hôtel Hilton de Yaoundé.

Que ressentez-vous au moment où vous signez un contrat avec une équipe qui a connu une Coupe du Monde calamiteuse et beaucoup de problèmes il y a juste deux mois ?

Pour moi, il est important de signer un contrat avec l’équipe nationale du Cameroun parce que le Cameroun est un pays important pour le football mondial. Il est important pour moi d’être au Cameroun. Je pense que le Cameroun est une équipe fantastique. Je suis au Cameroun pour la première fois, je ne connais pas le Cameroun, mais je sais beaucoup de choses du football camerounais. Je suis très content de signer ce contrat.


Qu’est-ce qui vous a motivé à préférer le Cameroun ?

Pour moi, il est très important d’entraîner une équipe nationale. Il est très important de prendre en main une équipe comme le Cameroun parce que le Cameroun c’est une nation très forte. C’est vrai que le Cameroun a fait une mauvaise Coupe du Monde comme la Côte d’Ivoire, la France, etc., mais je pense que le Cameroun est une équipe qui peut remonter. Le président de la Fécafoot m’a fait savoir qu’il veut que le Cameroun retrouve un bon rang sur l’échiquier du football mondial, c’est important, c’est un vrai challenge pour moi. Nous allons tout faire pour atteindre nos objectifs à travers le travail.


Savez-vous déjà quelle sera votre tâche ?

Je travaillerai avec Omam Biyik, Jacques Songo’o, la direction technique nationale et tous ceux qui pourront permettre à l’équipe du Cameroun d’avancer. Nous allons faire un vrai travail de prospection pour que l’équipe connaisse un suivi normal. Nous n’allons pas travailler que pour l’instant, mais pour le futur aussi. Pendant que je serai en prospection en Europe, mes adjoints travailleront au Cameroun pour détecter des joueurs.


A voir votre parcours depuis 2001, vous avez été licencié de sept clubs. Avec un tel bilan, vous sentez-vous capable de ramener le Cameroun au podium ?

Pour moi, ce bilan n’est pas important. Je suis entraîneur, je travaille et si l’équipe n’est pas bonne, je ne vois pas comment nous pouvons gagner. Si les joueurs sont bons dans une équipe, celle-ci doit normalement gagner.


Le 4 septembre prochain, vous jouez un match contre l’Île Maurice. Comment allez-vous aborder ce match alors que vous n’avez pas sélectionné les joueurs et comment allez-vous gérer le cas Eto’o avec qui vous avez eu des problèmes ?

C’est une question difficile. La première chose c’est que moi je suis au Cameroun pour la première fois et je ne connais pas très bien tous les joueurs du Cameroun. La liste pour le match contre l’Île Maurice n’a pas été faite par moi. La liste a été faite par François Omam, Jacques Songo’o et la Fédération. Pour moi, il n’y a pas de problème. Je vais travailler avec 23 joueurs dès demain à notre arrivée à Maurice. J’aurai trois jours pour travailler avec les joueurs sélectionnés et il me reviendra de faire la liste des 11 entrants et des remplaçants. La prochaine liste que je ferai aura peut-être des joueurs différents. Je pourrai changer les joueurs tout le temps selon leurs performances. Pour ce qui est de Samuel Eto’o, je n’ai jamais eu de problème avec lui. J’ai une très bonne relation avec Samuel. Il a joué au Real de Madrid, à Majorque et à Barcelone et je n’ai jamais travaillé avec lui. Pour moi, Samuel Eto’o est le premier joueur actuellement au niveau mondial, la preuve c’est qu’il est fameux. Eto’o est un très bon joueur, c’est pourquoi il ne cesse de marquer. C’est une bonne chose pour le Cameroun.


Après la Coupe du Monde, certains joueurs n’ont plus été appelés en sélection comme Achille Emana, Idriss Carlos Kameni, Alexandre Song, Achille Webo, Nguémo ou Idrissou. Comptez-vous les rappeler en équipe nationale et allez-vous résider au Cameroun ?

C’est une question fondamentale. Je connais la situation, mais je n’ai pas encore discuté avec ces joueurs ; j’en ai discuté avec Omam et Songo’o. Certains journalistes avec qui j’ai discuté m’ont fait savoir que l’équipe du Cameroun connaît beaucoup de problèmes depuis le dernier Mondial. Que dois-je faire ? Beaucoup de choses certainement. Je vais en discuter avec Omam, Songo’o, le président de la Fécafoot. Mardi, j’irai voir Samuel Eto’o pour en parler avec lui. Je vais également discuter avec tous les joueurs qui iront à l’Ile Maurice. J’irai également à Séville pour discuter avec Emana, à Barcelone pour voir Kameni, puis à Londres pour discuter avec Alexandre Song. Je discuterai avec tous ces joueurs et s’ils ont un bon niveau dans leurs clubs, je leur demanderai de rejoindre la sélection nationale s’ils le veulent. Concernant mon lieu de résidence, je dirais que la majorité des meilleurs joueurs camerounais joue en Europe. Nous ferons un travail un peu différent : François Omam va résider au Cameroun pour assurer la prospection au Cameroun. Je viendrai constamment au Cameroun pour observer les joueurs pour le futur de l’équipe nationale. Je ne pourrai pas résider ici à plein temps parce que les meilleurs joueurs sont en Europe.


Etes-vous en mesure de remporter la Coupe d’Afrique des Nations en 2012 ?

Oui, c’est possible. C’est le football. Le Cameroun a une bonne équipe et elle peut avoir de telles prétentions. Mais toutes les bonnes équipes africaines peuvent remporter cette coupe. Depuis 2000, le football camerounais a beaucoup progressé. Nous allons beaucoup travailler pour gagner cette compétition, mais en sachant que les autres aussi font pareil. Ce qui est sûr, je vais jouer avec des Camerounais et non avec des joueurs issus d’autres pays.


Certains entraîneurs se sont souvent plaints de l’ingérence des dirigeants dans l’équipe nationale. Que feriez-vous si une telle situation se présentait ?

Nous serons là pour travailler et les pouvoirs publics vont nous appuyer.


S’il vous était demandé de choisir un capitaine aujourd’hui, ce serait qui parmi les joueurs camerounais et que répondez-vous à ceux qui estiment que vous êtes ?

Pour ce qui est du capitaine, je pense que c’est normal que Samuel Eto’o porte le brassard de l’équipe nationale du Cameroun. Pourquoi choisirais-je Eto’o ? Le capitaine est important pour deux choses : la première c’est la personnalité de celui à qui on confie le brassard ; le capitaine est important aussi bien sur le terrain que dans le vestiaire. Le capitaine est important pour son expérience, pour le choix des joueurs. L’autre chose importante pour un capitaine c’est sa notoriété et son charisme. Un joueur comme Samuel Eto’o est important sur ce point parce que la majorité des arbitres sont Européens. Eto’o étant l’un des meilleurs joueurs en Europe, quand il parle, les arbitres l’écoutent. La question sur le racisme est importante pour moi. Je respecte beaucoup les journalistes. Certains ont dit que je suis raciste mais je pense que si je l’étais, je n’aurais pas accepté de venir entraîner le Cameroun.


Peut-être pour de l’argent…

Cet aspect n’est pas important pour moi. Je n’ai pas de problème avec l’argent, je ne suis pas venu au Cameroun pour le capital. Si j’étais raciste, je n’aurais pas travaillé avec Thomas Nkono pendant quatre ans à l’Espanyol de Barcelone, je n’aurais pas travaillé à Marseille avec 15 joueurs d’origine africaine. Je voudrais que les Camerounais le sachent, je ne suis pas un raciste.


30/08/2010
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